Identités Remarquables | SOvOX

Deux en tension

 

Leur concert incandescent à la Rue du Rock nous l’a confirmé : les minots désinvoltes de SOvOX — un batteur torse nu exalté et un guitariste divinement insolent — rassemblent les générations autour de leur son énervé et pimenté de mélodies surprenantes. Il était temps de leur tirer le portrait.

 

Deux poupées Barbie trash, poitrines dénudées, têtes à l’envers, cheveux hirsutes. La pochette du premier EP éponyme de SOvOX parle d’elle-même. Un air de ressemblance avec ce jeune duo marseillais qui n’y va pas de main morte. Absolument sauvages sur scène, ils portent haut ce 4-titres qui transpire le rock à l’état brut avec des textes qui expulsent des histoires déçues de filles qu’ils ont aimées, mais à qui ils disent « fuck ».

Hôtel de la Musique. Derrière un immense portail en bois à la Capelette se cachent une trentaine de studios d’enregistrement, parmi lesquels celui de nos deux petits adultes. Un local dans son jus, mais propre et ordonné.

Bien que tout juste majeurs et vaccinés, force est de constater qu’ils en ont, des expériences de vie à traduire en musique. Pour l’instant ça parle de filles et du lycée, mais ils assurent que l’album à venir sera plus mûr, certainement dû au passage déterminant vers l’âge adulte.

En toute simplicité, une batterie Sonor et un ampli Vox ont donné le ton et le nom du groupe. Rien à voir donc avec la voix en latin. Le détail qui tue (ils se bidonnent tous les deux) : le v minuscule qui accentue la symétrie !

 

Les opposés s’attirent…

Dans la « vraie vie », Charles, lunettes et bouclettes blondes, tout droit venu du nord de la France, suit avec assiduité des études en musicologie centrées sur la musique classique, ce qui ne lui déplait pas. Avec une maman pour qui les études sont primordiales fait-il remarquer, il doit s’adapter à sa mentalité tant qu’il vivra chez elle. Pas totalement inconscient, le garçon. La sagesse incarnée ? Oui, et beaucoup d’ironie aussi : « Je me garantis quand même un avenir au cas où ca ne marche pas, on sait jamais s’il crève ou s’il se pète un bras… »

Lui, c’est Versus Vincenzo (aka Enzo), petit boucan brun, casquette et regard mutin d’origine italienne. On comprend aisément que depuis le soir ou une fille a crié « À poil » en plein concert, Enzo tombe le t-shirt avec grande facilité. C’en est même sa marque de fabrique : ça marche bien avec les filles, paraît-il. Charles, en couple, trouve quant à lui que jouer torse nu avec une guitare, « c’est compliqué ».

 

… Mais qui se ressemble, s’assemble

Ils ont commencé la guitare et la batterie sensiblement au même âge, ils aiment les mêmes groupes (peu ou pas connus) et sont autodidactes à 90 %. Avec une énergie qui leur est propre, ils pensent tous les deux ne pas être nés à la bonne époque et sur scène, pour le pire et le meilleur, ils sont unis par les liens sacrés du rock. L’un et l’autre dégagent autant de force et de puissance. Une guitare qui recherche l’arrogance, une batterie qui se joue debout parce que ça fait « plus punk ».

Pour Enzo aussi, l’influence matriarcale aurait-elle été décisive ? Enzo était plutôt guitare, mais le rythme est inné  chez lui : « Fais de la batterie, tu tapes tout le temps », dixit maman. Dix cours de batterie plus tard, un cadeau est tombé du ciel : en rentrant un soir du lycée, il découvre une batterie dans le garage. Merci beau-papa ! Adieu les devoirs, bonjour la grosse caisse.

 

Coup de foudre musical

« Salut, je m’appelle Charles et je suis guitariste ». Il a suffit de quelques mots postés sur un groupe Facebook (dédié au rock) pour que naisse le projet. Ajoutons à cela des influences et des croyances musicales plus que similaires, cela va de soi.

Après avoir testé en répétitions une chanteuse, un chanteur, un bassiste, un pianiste et un deuxième guitariste, ils sentent comme une évidence de rester à deux : « On tapait sur le même clou. » Timidement, Charles lâche : « Des gens comme Enzo, il n’y en pas beaucoup. » Et vice versa. Adorable. Pour ajouter du punk à ces mots, ils prétextent une logique de création simplifiée et plus efficace.

Fan de Dissonant Nation depuis le début, le destin a fait que Lucas Martinez, le leader du groupe marseillais, leur « sauve la vie » après un an d’attente et d’impondérables. En quelques jours seulement, ils filent en studio pour enregistrer Who Am I ?. S’enchainent mixage, mastering et arrangements à la guitare « made in Lucas ». Leur idole est devenue un pote : « On se fait des restos maintenant », déclarent-ils, pas peu fiers.

Par chance et par talent, deux jours après la sortie de l’EP (le 14 avril), Sacha Rosenberg (Oui FM , Rockn’Folk) repère SOvOX et leur propose à la volée un jour d’été de les faire monter à Paris pour jouer avec un groupe parisien au Supersonic. Une sacrée récompense.

Tout comme leurs textes et compositions, le clip Who Am I ? a été fait « à l’arrache », de manière totalement improvisée, dans la spontanéité la plus totale. Errant orgueilleusement dans les froides nuits d’hiver sur le Cours Julien, veste léopard légère, l’œil charbonneux et l’air hargneux, ils vocifèrent « I’m the boss of all your nights ». Merci Mike Jagger, c’est grâce à toi si ce titre existe. C’est en effet à la suite d’un reportage Arte sur les Rolling Stones qui évoquait l’ego florissant de la star qu’ils ont eu l’idée idée d’écrire le morceau.

Cette année sera consacrée à faire des dates ailleurs que dans les salles marseillaises (parcourues en long, en large et en travers). Avec l’audace de ses seize ans, sa belle gueule, sa gouaille et sa clé USB en poche, Enzo allait à l’époque chercher des dates. Il est temps pour eux aujourd’hui d’être accompagnés… à bon entendeur ! La consécration ? Être signé sur le label Born Bad Record. En attendant qu’ils deviennent grands, allez donc secouer vos oreilles et dévorer du SOvOX le 6 octobre à la Machine à Coudre. En tête d’affiche s’il vous plaît !

 

Cerise Steiner

 

SOvOX, en concert avec Spinabifida et Parade : le 6/10 à la Machine à Coudre (6 rue Jean Roque, 1er).

Rens. 04 91 55 62 65 / www.facebook.com/laMachineaCoudremarseille/

Pour en (sa)voir plus : www.facebook.com/sovoxband/