Gethan&myles : Lazare/ The Space between how things are and how we want them to be

Gethan&myles : Lazare/ The Space between how things are and how we want them to be, au Mucem

Histoires d’Or

 

En parallèle de l’exposition Or du Mucem, les artistes Gethan&myles développent une approche intemporelle et précieuse autour du métal inoxydable, à la rencontre d’un public peu averti, voire méprisé.

 

L’histoire commence au Crédit Municipal Marseillais, à quelques pas des Réformés. Le duo d’artistes britanniques Gethan&myles rachète aux enchères, grâce à la cagnotte allouée par le Mucem pour le projet (environ 10 000 €), les quelque 5 % de bijoux abandonnés au prêteur sur gage municipal, faute de remboursement. Un véritable trésor vendu au poids, le plus souvent aux marchands d’or, puis refondu, synchronisant fatalement la perte de forme et d’histoire. Pourtant, ce mont-de-piété apparaît souvent comme une dernière chance pour les plus démunis. Véritable décalage culturel, cette institution charitable mise en place par l’État surprend et intrigue ce couple, issu d’un pays peu concerné par les politiques sociales et plus fréquemment habitué aux bookmakers illégaux et autres vautours.

Dans quelles circonstances peut-on se retrouver un jour à se séparer d’un bijou de famille ? Quelles histoires ont tous ces objets si précieux ? Et pour qui ?

Dès lors, Gethan&myles se lancent dans le pari de découvrir toutes ces histoires. De raviver ces mémoires. Creuser pour mieux comprendre les joies et les peines qu’ils symbolisent. Avec l’aide du Crédit Municipal, ils retrouveront plusieurs des propriétaires. Comme Sandes, mère célibataire, obligée de se serrer la ceinture pendant des années pour offrir une gourmette à son fils unique en espérant qu’il la garde toute sa vie et l’offre peut-être à son tour à ses enfants. Un rêve avorté et échangé plus tard contre dix-sept euros cinquante… Jennifer garde quant à elle un seul souvenir de son père décédé prématurément : un pendentif de l’île de Beauté. Un héritage, signifiant un dernier échange et un gage d’amour, suite à un passé douloureux et compliqué. Ou bien encore Moinaecha, qui s’est séparée de son bijou de mariage, offert par son mari dans les traditions comoriennes avec le total des économies annuelles. Elle l’échangera contre un peu d’espèces pour payer le loyer… Tant d’histoires surprenantes et touchantes qui redonnent une dimension humaine au métal précieux.

Chacun des objets a été immortalisé par cyanotype : une image créée par le soleil marseillais et fixée par l’eau méditerranéenne (d’après la technique élaborée par John Herschel en 1842) par le couple d’artistes résidents du Panier. Mis en valeur par le photogramme en arrière-plan, bleu cyan, chacun des bijoux sera exposé avec son histoire, avant d’être restitué à son propriétaire…

 

Amandine El Allaui

 

Lazare/ The Space between how things are and how we want them to be – pour l’exposition Or : jusqu’au 10/09 au Mucem (7 promenade Robert Laffont, 2e).
Rens. : 04 84 35 13 13 / pac.marseilleexpos.com / www.mucem.org

Pour en (sa)voir plus : gethanandmyles.blogspot.fr