Galette | Parade

Garage band

 

Après un démarrage en fanfare, le Covid aurait pu avoir la peau de Parade. Mais avec un nouvel EP, ce quatuor post-rock confirme que la meilleure parade, c’est l’attaque.

 

 

Formation post-rock plus que prometteuse ayant connu des débuts sur les chapeaux de roues, Parade ne saurait se résumer à Jules, son chanteur. Mais le personnage, tignasse en pétard, guitare en bandoulière, imper de rigueur et voix à nulle autre pareille, est une figure incontournable de la scène marseillaise. S’il a ses habitudes à Lollipop, on a encore en tête sa prestation en solo aux 9 Salopards, petite salle tout en longueur à la lisière du Cours Julien, où il était passé, tant bien que mal, après un très bon groupe de noise suisse, Autobahns.

Bien fatigué, Jules mettra des plombes pour s’accorder et, avec son set essentiellement folk, s’agacera que les discussions du public ne s’invitent en marge de sa prestation. Pourtant, ce soir-là, tout est réuni. Une guitare sèche qu’il martyrise allégrement pour que les accords claquent et une voix capable de passer du murmure presqu’imperceptible à des envolées déchirantes que ses trémolos — sa marque de fabrique — viennent prolonger.

Une manière de rappeler que, dans ce monde de metal et de vagues de son bruitistes, l’efficacité brute d’une voix et de quelques accords est encore capable de vous accrocher les oreilles et le cortex sans acouphène ni mal de crâne. Une voix que l’on retrouve bien évidemment sur le deuxième album de Parade, It all went bad somehow, dont la sortie, pour la scène marseillaise, est loin d’être anodine.

D’ailleurs, que Parade sorte son vinyle pour le Disquaire Day au moment même où s’achèvera à l’autre bout de la France le Printemps de Bourges, ne manque pas d’ironie puisque, repéré par le festival en 2019, leur démarrage en trombe aussitôt interrompu par le Covid aurait pu être fatal à cette jeune formation qui a fait ses armes à la Machine à Coudre, au Molotov ou en clôture de la Rue du Rock.

Mais la meilleure parade, c’est l’attaque. En atteste le premier morceau de cet EP, Electric Fear, qui ouvre en force une galette se voulant un condensé efficace de la production du groupe, entre ballades douces-amères — à l’image de la chanson inspirant le titre de l’album — et morceaux plus nerveux et rageurs, avec une guitare électrique qui se la joue parfois Franz Ferdinand.

De fait, la tonalité se veut gentiment nostalgique, comme en témoignent les titres des morceaux (The Ghost inside of you, Darkness of you thoughts…), ce qui n’exclue pas la nervosité d’un son définitivement rock auquel le duo basse-batterie donne une belle ampleur. Avec, là encore, la voix de Jules qui vient ajouter ce zeste de mordant et d’ironie, sa spécialité, celle d’un apprenti banquier qui, raconte-t-il, a tout lâché pour la musique. Le pari est risqué mais, après tout, à Marseille, Jules est un prénom porteur. En tout cas, avec ce nouvel album, Parade ne se défile pas. Et c’est tant mieux !

 

Sébastien Boistel

 

It all went bad somehow de Parade : sortie en vinyle le 22 avril, puis en CD et digital le 26 mai. (Lollipop Records / L’Autre Distribution)

Parade : showcase le 22/04 au Lollipop Music Store (2 boulevard Théordore Thurner, 6e) à l’occasion du Disquaire Day.

Rens. : www.facebook.com/PARADE.MRS/