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C’est arrivé près de chez vous | Les 10 ans de Lollipop Music Store

Pour l’amour du disque

 

Le café-disquaire Lollipop Music Store soufflait dernièrement ses dix années d’exercice : la bonne occasion pour dresser l’état des lieux d’un pilier de l’indépendant marseillais, mais surtout de penser le lobby phonographique, rassemblant à lui seul les vieux réacs et les jeunes punks conservateurs.

 

L’année passée a vu tomber nombre de ses icônes et idéaux, laissant le champ libre aux cérémonies funéraires, numériques et déviantes, apanages de l’ordre établi. Les nouvelles tranches d’âge pleurent les veaux d’or des anciennes, s’accaparent et s’entendent sur un passé commun : les bons prêches de l’assimilation sont au beau fixe, le capital culturel est soigneusement légué et cela profite généralement au marché. IKEA et barber shops s’en frottent les mains mais, finalement, on s’en cogne de savoir si le vinyle bénéficie d’un retour gratifiant ou s’il constitue le dernier rempart à la razzia numérique et au streaming. Avec ce devoir de mémoire, on en perdrait presque la curiosité pour ce qui se trame sous nos yeux dans l’hexagone et c’est bien dommage. Heureusement, il survit à travers le pays des disquaires qui n’ont jamais cessé de soutenir avec panache et bonhomie le format vinyle, les mascottes passées, mais aussi les scènes contemporaines et du coin. Il s’agit bien là de l’axe défendu par Lollipop depuis maintenant dix ans à Marseille. Dans la ville des « musiques du monde », du prix libre et des concerts noise en soute, il est pourtant bien audacieux d’être l’amplificateur des musiques à guitare ou curiosités à synthé. Paul et Stéphane, les fondateurs de la boutique, par ailleurs membres de diverses formations musicales, restent assez quiets sur la question : la clientèle, les copains et la scène locale renforcent leur sourire et leur détermination. Lollipop s’adonne également — et ce, depuis plus longtemps — à l’activité de label et abrite fréquemment des showcases, expositions et autres festivités dans son spacieux local. Rendre visite à un disquaire, c’est aussi la bonne occasion de discuter des Teckels, de manipuler les disques de François Virot, du Villejuif Underground — sans doute la révélation pop lo-fi de l’année — et quelques compilations de La Souterraine. On regrette seulement l’absence de certains autres labels français comme Le Turc Mécanique, POUeT! Schallplatten, Bruit Direct ou encore Le Syndicat des Scorpions, activistes eux aussi dans l’amplification de groupes spécifiques et géniaux, tous acteurs du souterrain. Il aura fallu une courte interrogation sur un lot de 45 tours pour découvrir que le label La Station Radar, comprenant notamment Dirty Beaches, Yves/Son/Ace et des remixes de Sonic Boom dans son catalogue, était désormais planqué dans le Luberon… la belle affaire. Bien qu’il devienne difficile de dégager quelques sous pour s’offrir les dernières sorties, on vous conseille d’y faire un tour : l’anniversaire promet encore quelques bonnes surprises.

Josué Fontaine

 

Lollipop Music Store (2 boulevard Théodore Thurner, 6e) fêtera ses 10 ans tout au long de l’année.
Rens. : www.lollipopmusicstore.fr