Francesco Finizio
Francesco Finizio

Francesco Finizio – Xio-P(p)ing à la Galerie Territoires partagés

D’art et déchets

 

Capharnaüm à la galerie Territoires partagés, où Francesco Finizio nous convie à entrer dans sa dernière installation réalisée in situ.

 

« Il faut rester léger et souple, éviter le stockage, accepter les aléas et composer avec le hasard… » Francesco Finizio

 

Ce n’est pas vraiment une surprise, puisque l’on s’attendait à une belle exposition de Francesco Finizio chez Territoires partagés. Mais c’est une expérience insolite, pour laquelle l’espace de la galerie de Stéphane Guglielmet a été investi de façon tout à fait étonnante par l’artiste qui vit désormais en Bretagne. Quel effet lui fait donc Marseille quand il y revient le temps d’une exposition ? Collectés in situ, c’est-à-dire dans les rues de la ville, les éléments (du bordel) avec lesquels Finizio remplit la galerie trainaient donc sur nos trottoirs. De là s’engage un passionnant travail d’archéologie contemporaine, d’associations d’idées et d’objets. Puiser dans l’existant, c’est puiser dans le vrai pour monter une fiction dans les cartons et les déchets d’un vieux théâtre… Mon vieux théâtre me joue souvent une nouvelle pièce. En l’occurrence, la scène se passe quelque part dans un aéroport : d’idéogrammes en panneaux d’interdiction, nous sommes invités à passer par le portique de détection de métaux, puis par le bureau des douanes pour décliner notre identité — et par les temps qui courent, ce genre de formalité devient flippante…

 

« L’aspect final sera dicté par les poubelles, qui recrachent le standard international bien digéré. » Francesco Finizio

 

On retrouve dans cette exposition le goût de Finizio pour les jeux de langage et les glissements sémantiques et plastiques, comme par exemple des tables qui deviennent des écrans. On retrouve aussi son regard ironique sur une société qui n’a pas peur du ridicule. En préambule, des bouteilles d’eau à l’effigie des fenêtres de la rue de la Loubière — nec plus ultra du chic bobo bio : l’eau minérale ! Les environnements saturés qu’il propose témoignent de nos espaces qui explosent, vendus aux vertus de la croissance et de son corollaire, la consommation. D’un monde capitaliste à une société de contrôle où l’état d’urgence s’inscrit désormais dans notre constitution, Finizio nous embarque dans son délire, singeant les codes du marketing et des faiseurs de tendances, et attirant, mine de rien, notre attention sur notre tendance à l’absurde et à une certaine condescendance…

 

Céline Ghisleri

 

Francesco Finizio – Xio-P(p)ing : jusqu’au 29/06 à la Galerie Territoires partagés (81 rue de la Loubière, 5e).

Rens. : 09 51 12 61 85 / www.artccessible-territoires-partages.blogspot.com