Frédérique Fuzibet

Foot et moi la paix par le Théâtre de la Mer

L’Interview
Frédérique Fuzibet (Théâtre de la Mer)

 

Fidèle à son fil rouge constant visant à populariser la culture en décloisonnant les frontières, le Théâtre de la Mer présente Foot et moi la paix. Conçue avec trois équipes artistiques actives en France, au Maroc et aux Pays-Bas, cette pièce pluridisciplinaire ambitionne de réunir deux mondes a priori aux antipodes : la culture et le football. Explications avec la directrice artistique du Théâtre de la Mer.

 

Cette création serait-elle une manière de réconcilier le football et la culture ?
Cette pièce voudrait plutôt démontrer que les deux ne sont pas forcément opposables et opposés ! Il s’agit entre autres choses d’aborder le lien entre la ville et le port en relation avec la question des migrations. Le football nous est apparu comme une formidable matière scénique, dans le sens où les équipes locales à Amsterdam, Marseille et Rabat constituent une sorte de ciment commun entraînant une massive adhésion populaire. Cet ensemble d’éléments reliés les uns aux autres constitue un matériau culturel véritablement porteur de sens.

 

S’agit-il ici de danse, de théâtre, d’arts visuels ?
Les intentions et le travail au quotidien du Théâtre de la Mer ont toujours été traversés par une volonté permanente de décloisonner les choses et déplacer les cadres. Casser les frontières est une manière de contribuer à ce que les publics puissent acquérir un regard autre sur les sujets traités dans telle ou telle de nos pièces. En toute cohérence, cela s’applique aussi aux genres artistiques. Foot et moi la paix est une œuvre délibérément construite comme quelque chose de pluridisciplinaire.

 

Vous présentez la pièce comme pluridisciplinaire. Est-elle aussi multiple ?
C’est une pièce où le « jeu », le « je » et l’individu sont réunis afin de fabriquer et partager du sens commun. Cela passe par divers registres d’expression : du théâtre, de la danse, de la musique, de la vidéo, du chant, du cri, etc. Dans les textes parlés, il y a divers langages utilisés avec très peu de sous-titrages afin de démontrer, là encore, qu’une langue peut être quelque chose de fédérateur plutôt qu’une barrière qui opposerait les gens. Ce qui est certain, c’est qu’une énergie individuelle et collective est amenée, je l’espère, à investir les corps en présence, notamment ceux des personnes présentes dans les gradins. Une manière pour nous de mutualiser les choses plutôt que de les cantonner dans le traditionnel rapport frontal public/scène.

 

A qui s’adresse cette œuvre aux accents semble-t-il novateurs ?
A un public le plus large et diversifié possible ! En fait, nous souhaiterions apporter la démonstration que le football peut attirer vers lui des personnes autres que les seuls cercles de supporters. Et dans le même temps, rappeler que la culture peut également aimanter vers elle des personnes pouvant avoir des centres d’intérêt allant bien au-delà d’un match gagné ou perdu entre deux équipes confrontées sur un belle pelouse verte. Je souhaite vraiment que ces différents publics réunis puissent avoir une confirmation, si besoin, que les questions identitaires et de territoire symbolique sont une richesse permettant de partager et de s’approprier des enjeux communs.

 

La pièce est-elle amenée à tourner ?
Dans un premier temps, elle est programmée sur Marseille, puis à Aubagne. Nous voudrions effectivement qu’elle puisse passer ailleurs dans l’hexagone, ainsi qu’au Maroc et aux Pays-Bas. Ce serait d’ailleurs assez cohérent avec les dimensions populaire, participative, méditerranéenne et européenne revendiquées par l’année Capitale. Je dois avouer que le soutien initialement envisagé et plus ou moins promis par les équipes de MP 2013 s’est considérablement réduit au fil du temps…

 

Restez-vous optimiste malgré ces péripéties ?
Le désengagement partiel de MP 2013 a malheureusement impacté nos ambitions initiales, mais aucunement notre volontarisme resté intact. Nous comptons notamment sur les publics afin de démontrer au plus grand nombre qu’un multiculturalisme artistique, populaire et de qualité peut être quelque chose de concret et de merveilleusement signifiant. Et non plus une simple illusion commerciale et administrative couchée en guise d’alibi dans tel ou tel document publicitaire.

Propos recueillis par Valentin Lagares

 

Foot et moi la paix par le Théâtre de la Mer : du 15 au 24/11 au Théâtre de la Mer / L’R de la Mer (53 rue de la Joliette, 2e).
Rens. 09 53 29 03 53 / www.letheatredelamer.fr

Le 26/11 à l’Espace Culturel Busserine (

Les 19 & 20/12 à la Distillerie (20 rue Louis Blanc, Aubagne).
Rens. 04 42 70 48 38 / http://distillerie.theatre-contemporain.net/

A noter : rencontre sur le thème « Sport et citoyenneté » le 2/12 au MuCEM