Cuizinier
Cuizinier
Existe-t-il un lien entre clichés du rap US (machisme outrancier, bling bling et pauses gangsta inclus), hip hop à « tête chercheuse » (cf. La Caution, Frer200…), celui qui progresse, donc, et clubbing de qualité ? La réponse est affirmative et porte le pseudonyme de Cuizinier. « C » de TTC, celui qui se vante d’être « your girlfriend’s boyfriend » est un vrai player version parisienne, mais pas seulement… D’un coté, il semble vivre dans un clip de Snoop Dogg tant ses textes à la gloire des soirées alcoolisées, des filles faciles et de leurs postérieurs rebondis sont emprunts du dédain de l’homme blasé par l’abondance. Mais de l’autre, en digne descendant rapologique de Johnny Guitar Watson, et contrairement à ses héros américains et idiots estampillés MTV, il cache derrière son attitude de mac : une sensibilité parfois ironique, toujours attachante, et une réelle identité artistique. Qu’on se le dise, il n’y a et n’y aura qu’un seul Cuizinier, et celui-ci a tout pour être un chef. Car même quand il en fait trop avec ses histoires qui feraient passer un acteur porno pour un binoclard timide, il arrive toujours à captiver l’auditoire par son flow suave et sa personnalité touchante de mauvais (petit) garçon roublard, mais également son d’artiste engagé dans la défense d’un hip hop racé et tourné vers l’avenir. Et c’est là que repose la seconde ambiguïté qui définit le personnage. Mc prolifique (deux street-tapes en quelques mois), il ne se limite pas au seul succès de TTC et multiplie les projets moins exposés. Notamment au sein de l’Armée des 12, sur disque, et avec LaSuperFamilleConne, sur scène, il continue de repousser les limites de l’intrusion de l’électronique dans le petit monde sclérosé du rap. Et le clubbing dans tout ça ? En fêtard jamais rassasié, Cuiz’ passe souvent de l’autre coté du décor, en tant qu’organisateur (les soirées parisiennes Alors les filles, on se ballade ?) ou en impressionnant maître de cérémonie lors de prestations au micro, à destination des dancefloors les plus pointus du milieu Techno (Rex…). Cependant, ne nous méprenons pas, vendredi soir, il sera bien question de hip hop au Trolleybus. De celui qui, fédérateur et pointu, fait lever les bras des b.boys comme des trainspotters, et bien sur, rendons à César ce qui lui appartient, fait tortiller les filles… Immanquable.
Jean-Pascal Dal Colletto