J’enrage de son absence de Sandrine Bonnaire © R Vaz Palm

Films Femmes Méditerranée 2017

Nouvelle vague

 

Du 4 au 22 octobre, dans une poignée de lieux de projections de la cité phocéenne, mais également au sein de quatre villes qui l’entourent, l’équipe de Films Femmes Méditerranée délivre la douzième édition d’un festival fort énergique et haut en couleur.

 

Le cinéma, dans son entité industrielle, projette lamentablement l’image d’une société inégalitaire entre femmes et hommes : trop peu de réalisatrices restent représentées en festivals (on se souvient d’une sidérante programmation cannoise dont elles furent absolument absentes), au sein d’un univers encore tristement viril, défini par une réelle disparité des salaires et des budgets. Même si un(e) artiste ne désire pas forcément se définir par son sexe, force est de constater qu’un paternalisme rampant et pernicieux reste de mise au sein de l’industrie cinématographique hexagonale. Le beau festival Films Femmes Méditerranée, dont c’est cette année la douzième édition, reste l’une des plus belles réponses à ce constat, mais au-delà, propose durant le mois d’octobre une programmation kaléidoscopique et éclatée, ouverte aux horizons de l’imaginaire, et bigrement tonique. Car si le dispositif même de la manifestation met l’accent sur la création de réalisatrices internationales, nous parlons bien ici de cinéma, le plus libre et inventif qui soit : un portrait, en une quarantaine d’œuvres, vif et intelligent, d’un monde dont nous sommes tout autant acteur(trice)s que spectateur(trice)s. Saluons de prime abord le coup de cœur accordé à l’une des actrices-réalisatrices les plus remarquables du cinéma : Sandrine Bonnaire, qui sera présente lors de cette douzième édition, pour une courte mais incontournable rétrospective. Soit six films, dont trois merveilleux opus en qualité de réalisatrice : Elle s’appelle Sabine, Ce que le temps a donné à l’homme et J’enrage de son absence. La programmation s’égrènera tout au long du mois dans la cité phocéenne et ses alentours, au rythme de nombreuses avant-premières (dont Jeune femme de Léonor Seraille, Caméra d’Or cette année à Cannes, ou le très beau Des bobines et des hommes de Charlotte Pouch, proposé au cinéma le Méliès de Port-de-Bouc), divers films inédits (on pense à l’excellent Pagani d’Elisa Flaminia Inno, qui nous plonge au cœur d’un fête populaire cathartique de l’Italie du Sud), et d’un chapelet d’opus passionnants venus d’une vingtaine de pays essentiellement méditerranéens. Le festival s’enrichira par ailleurs d’une leçon de cinéma au Videodrome 2 par Kaouther Ben Hania, d’une compétition de courts-métrages (13 en courts), de diverses tables rondes, d’une exposition photographique et d’une parenthèse musicale au cinéma Les Variétés, comme point d’orgue d’une manifestation désormais ancrée dans la vie cinématographique de la cité, et dont le dynamisme et la générosité restent le moteur d’un beau désir de cinéma.

 

Emmanuel Vigne

 

Films Femmes Méditerranée : jusqu’au 22/10 à Marseille et en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Rens. : 04 91 31 87 80 / www.films-femmes-med.org

Le programme complet du festival Films Femmes Méditerranée ici