Festival d’Overlitterature

Fluctuat Nec Overlittérature

 

Ni In ni Off mais plus Over que jamais, le deuxième festival de Nouvelle Littérature Marseillaise Mondiale s’ouvre ce week-end à Septèmes-les-Vallons. Régalade en perspective.

 

Un  peu de théorie avant les travaux pratiques ne faisant jamais de mal, Méderic Gasquet-Cyrus, l’universitaire qui nous la raconte sans se la raconter, nous parlera en préambule de « Discours marseillais, littérature et overlittérature ». Sachant qu’il dirige également la maison d’édition Le Fioupelan, spécialisée dans la diffusion livresque de frivolité(s) narrative(s), on peut supposer que, bien que savant, il en connaisse un rayon sur le sujet.
Quoi d’autre ? Du théâtre, avec notamment J’ai tué Maurice Thorez de et avec Gilles Ascaride dans une mise en scène de Serge Valletti (excusez du peu !), ainsi qu’une adaptation théâtrale des textes d’Henri-Frédéric Blanc par Cyril Lecomte, qui nous promet rires, sang et tripes. Du cinéma aussi, avec « en vrai » le trop rare Christian Philibert, qui nous présentera son Travail d’arabe. Rajoutons pour faire bon poids les rencontres inhérentes à ce type d’événement, le plein de bonnes quiches, de beaux testons et, parions-le, de ganaches de compétition, et le compte devrait être bon.

LC

 

Festival Overlittérature II : du 22 au 24/03 à l’Espace Jean Ferrat (89 avenue du 8 mai 1945, Septèmes-les-Vallons).
Rens. 04 91 96 31 00

 


 

Overlittérature : mode d’emploi

Suite à une conversation anisée sous les frimas nordiques, les auteurs Philippe Carrese et Serge Scotto accouchent au début des années 2000 du concept d’Overlitterature. Epuisés après un pareil enfantement, dont l’histoire ne dit pas combien d’heures ou de jours il dura, ils décident ensuite de refourguer l’éducation du bébé à Gilles Ascaride et Henri-Frédéric Blanc. Le choix va s’avérer plus que judicieux, amenant le rejeton jusqu’au rang de nouveau genre littéraire : la Nouvelle Littérature Marseillaise Mondiale.
Bon, mais c’est quoi exactement ? Procédons par élimination : c’est pas du polar marseillais, sûrement pas de la littérature saupoudrée à l’herbe Ducros pour Nordistes en quête d’exotisme, encore moins des histoires locales à usage local. C’est bien plus over que ça.
Procédons maintenant par association : si je vous dis littérature crue, iconoclaste, réalisme burlesque, mauvais goût assumé, irrespect total, dérision, finesse graveleuse et satire ?
Ça vient toujours pas ? Et si je te dis, lecteur à tronche de poulpe, que Pétrone, marseillais et inventeur du roman, en est le Saint-Patron ? Non ? Alors tu sais quoi ? Tu prends un bouquin au hasard, Le livre de Jobi par exemple, et tu te l’envoies sous la casquette et si ça te plaît pas, tia qu’à aller chez Basso !

 Laurent Centofanti

 


 

3 questions à Samson Derrabe-Farigoule et Frédo le Fada

 

Si Henri- Frédéric Blanc est considéré comme le pape de l’Overlittérature, Gilles Ascaride en est certes le roi, mais également l’infatigable camerlingue — faire exister une idée nécessite souvent autant de sueur que le lancer de marteau. L’esprit ailleurs en cette période de conclave, c’est donc à leurs « créatures » respectives qu’ils ont laissé le soin de répondre à nos questions.

 

Bouffie de jalousie envers sa modeste voisine Septèmes-les-Vallons, proclamée en 2011 épicentre mondial d’un nouveau genre littéraire, Marseille tient enfin  sa revanche en devenant temple européen de la culture pour l’année 2013. Une première impression « à chaud ni froid » sur ce début d’année Capitale ?
Samson Derrable-Farigoule :
La grosse ville a mis le temps, le temps de tuer un âne à coups de figues elle a mis ! Tu crois que je me la suis pas vue, depuis plus de soixante ans s’en caguer mortel ? Et maintenant elle fait sa grenouille, elle se gonfle d’un coup en capitale ? Enfin… si ça l’amuse… Je me souviens que quand j’étais, au moins plus jeune, y avait une chanteuse favouille qui s’appelait Petula Clark, elle chantait un refrain comme ça : « C’est fini avant de commencer ».
Frédo le Fada : Pour ne point me voir taxé de populiste, j’exprimerai mon sentiment en grec, question Marseille, capitale, etc. : c’est un attrapos-couillonnos. On étouffe la culture sous la culture. La culture permet de vendre n’importe quoi à n’importe qui, on tue le sens sous la quantité, la profusion absurde et le dérisoire ridicule, moi je m’emmerde beaucoup. La vraie culture c’est de pouvoir pisser gratuit. La vraie culture c’est des pissotières pour tous et plus aucune voiture, tout le reste vient de Satan. Je voudrais aussi que les femmes soient plus gentilles avec moi, qui suis si gentil avec elles.

Années 1860 : le Baron Hausmann vient exercer son sens de la percée et de la perspective sous nos climats. 1943 : le SS Oberg nous offre avec l’aide de la police française une parfaite illustration du nettoyage par le vide en rasant les deux tiers du Panier. 2013 : le Vieux Port vient de subir à nouveau une mutation historique. Une appréciation sur le nouveau visage de notre agora ?
SDF :
Quesse tu veux faire, cette ville y faut qu’elle se mange elle-même ! Jamais elle a arrêté. Elle dit qu’elle s’aime d’amour plus que tout du monde entier et de longue elle se déteste et elle se fait l’esthétique rebizoulette. Un bout par ci, un bout par là. Je me refais le genou, je me refais la gargamelle. Mais de biscanti. A la fin tia Franquestin. Et Franquestin jamais ça finit bien, tia qu’à lire ou aller au cinéma pour le savoir. Y faut toujours finir par le massacrer pour qu’il arrête les conneries. Mais toujours y revient. C’est le retour de Franquestin !
FLF : Le nouveau visage de Marseille ? Suis pas encore descendu sur le Vieux Port, mais ça ne peut pas être pire qu’avant.

 

Embaumer Gaudin, libérer Guérini, succomber à la voix de basse provençale de « Ségolin » ou se faire mettre au Tapie… Une autre suggestion en vue de l’échéance prochaine ?
SDF :
Tout ça c’est des figues du même panier et tout le monde y le sait, alors t’inquiète qu’on va pas se ronger la santé à faire le choix terrible. Ce genre de figues, moi je crois que façon culture, y faut les mettre en résidence au Château d’If, avèque Edmond Dantès, on a tout ce qui faut là-bas, et si y s’embêtent on leur file des jeux de minots pasque on est pas des gros dégueulasses, on a de l’humain. Nous. Ensuite, y a qu’une solution pour une grosse ville ingouvernable, on fait la principauté autonome et on se donne un prince débonnaire, affable, propre, honnête, cultivé, bien élevé, drôle, brave, tolérant, modeste, intelligent et bien fait. Je reconnais que pour Marseille c’est vache de difficile à trouver. Mais moi, je suis candidat.
FLF : Un projet pour le futur ? Un grand banquet annuel gratuit pour tous les Marseillais, ça coûterait moins cher que toutes ces couillonnades : le Marseillais de base a envie de manger, manger, manger… Un dernier mot : la culture vient d’en bas, non d’en haut. Toute culture parachutée, hors sol, est vouée à l’échec, la vraie culture marseillaise ce sont les Marseillais et leur sens du grotesque, leur truculence, leur enflure. La vérité est toujours de mauvais goût, la vérité pue l’ail.

Propos recueillis par Laurent Centofanti