Ida de Pawel Pawlikowski

Festival Cinéma Télérama

L’année Lumière

 

Chaque année, Télérama propose un peu partout en France son festival, sous forme d’un tour d’horizon des films qui ont marqué l’année achevée. L’Alhambra accueille une nouvelle fois la manifestation, programmant huit opus qui ont, dixit l’hebdomadaire, fait 2014.

 

Engoncé dans son paradigmatique œcuménisme culturel, l’hebdomadaire Télérama pose depuis un certain temps la question, cruciale pour le cinéma, de la critique en France. Cette presse jacobine, sous couvert d’exigence artistique, a au fil des ans modelé une représentation de l’analyse critique que se sont appropriés nombre de lecteurs. Le cinéma, pour prendre cet exemple, n’est plus, dans les pages du canard, terre d’expériences et d’aventures humaines, mais bien souvent l’idiosyncratique prétexte à l’expression d’une novlangue cinématographique. L’ambiguïté, c’est qu’il existe un certain nombre de films qui font consensus, d’où la difficulté d’un rejet catégorique. Chaque année, l’hebdomadaire s’associe donc à quelques salles en France, afin de proposer une sélection des films marquants de l’année 2014. Dans la cité phocéenne, c’est à l’Alhambra, l’excellente salle estaquéenne, qu’incombe ce festival. Du 21 au 27 janvier, ce sont huit temps forts de la programmation annuelle qui y seront projetés. Las, n’espérez pas y retrouver les chocs sismiques que furent, en vrac et de façon non exhaustive, The Tribe, Goltzius ou Adieu au langage. La sélection ne vise pas à déranger, mais bel et bien à conforter. Ne poussons pas le bouchon à bouder notre plaisir face aux très beaux Ida ou Winter Sleep, Palme d’Or cannoise, mais les réserves se font plus prégnantes concernant l’abominable Grand Budapest Hotel, autoparodie de style de la part de Wes Anderson, ou encore Bande de filles, premier semi-échec de Céline Sciamma, dont l’idéologie déliée en filigrane gêne parfois aux entournures. Le reste de la programmation — Under the skin, Eden, Hippocrate — n’horripile pas plus qu’il déclenche l’adhésion sans réserves. Sans être dénué d’intérêts — on pense au film de Thomas Lilti —, ces œuvres laissent dubitatif quant au cru 2014. Reste Mommy, succès critique et public incontestable de l’année, qui, certes, ne laisse pas indifférent, mais sur lequel on sera fort curieux de voir agir la patine du temps.

Emmanuel Vigne

 

Festival Cinéma Télérama 2015 du 21/01 au 27/01 au Alhambra Cinémarseille (2 rue du Cinéma, 16e).
Rens : 04 91 03 84 66 / www.alhambracine.com / www.telerama.fr

A voir aussi au Cinéma 3 Casino (Gardanne). Rens. : 04 42 51 44 93 / www.cinema-gardanne.com

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