Stephan Eicher © Daniel Infanger

Festival Avec le Temps

Sur le bout de la langue

 

En route pour la dix-huitième édition du festival Avec le Temps, grande messe d’un genre qui n’a pas dit son dernier mot : la chanson française.

 

Accents circonflexes ou pas, Avec le Temps demeure fidèle à sa ligne, même si jusqu’ici porté par la CRAC, le festival s’agrandit cette année en s’associant complètement à la SAS et à la Coopérative Internexterne. Des changements qui apportent un petit souffle de nouveauté sur ce rendez-vous désormais incontournable du printemps marseillais.
Une vingtaine d’artistes aux univers variables et à la renommée plus ou moins grande sont attendus, avec comme point commun de résister à la pression anglophone en chantant en français. Un festival qui, en investissant plusieurs lieux emblématiques de Marseille, se veut tout aussi itinérant. En ouverture et parmi les têtes d’affiches, on retrouve notamment Stephan Eischer und Die Automaten au Silo, soit le nouveau spectacle pour le moins singulier du chanteur suisse, entouré d’un orchestre uniquement composé d’automates. Le jeudi, c’est l’incandescente Izia, réconciliée avec la langue de Molière sur son dernier album, qui investira l’Espace Julien. Raphaële Lannadère, une artiste au phrasé et à l’univers délicat, se chargera de la première partie…
Mais Avec Le Temps part surtout à la recherche des formes du renouveau de la chanson française. Loin de proposer une programmation poussiéreuse, ringarde ou convenue, il impose une sélection parmi les nouveaux visages du paysage hexagonal. La soirée du vendredi propose ainsi une belle affiche avec, notamment, les trois Bordelais d’Odezenne. OVNI assumé (c’est le nom de leur deuxième album), leur musique lorgne avec le rap, l’électro et la chanson pour manipuler le langage dans une sorte d’exutoire du temps présent. Dans la même veine, on retrouve Grand Blanc : plus polaire, plus électrique, ce jeune groupe distille un savant mélange de cold wave, de textes en français énigmatiques et de sonorités électroniques diablement efficaces. Mais aussi Zone Libre Polyurbaine, composé du guitariste Serge Teyssot-Gay (Noir Désir, Interzone) et du batteur Cyril Bilbeaud (Sloy, Théo Hakola, Versari), et son rock/rap expérimental brumeux….
Le lendemain, l’Espace Julien se voudra plus électro. On y retrouvera les énervés Bagarre. Un nom qui ne cache rien de sanglant, si ce n’est la violente envie de danser à l’écoute de leur EP. Leur « musique de club », entre techno, hip-hop et disco, est faite pour ceux qui aiment les couleurs criardes et les paroles qui claquent. Pour les plus nostalgiques des 70’ et 80’, L’Impératrice vous donnera l’occasion de venir paré de vos plus beaux vêtements à paillettes. Lorsque Juniore ouvrira la soirée avec ses chansons pop.
Les amateurs de musique festive et engagée seront quant à eux ravis de retrouver les Zoufis Maracas pour un mercredi pas comme les autres au Dock. Après des débuts dans le métro parisien, puis deux albums, le groupe écume désormais les salles de l’hexagone. Musiques d’ailleurs, dérision et bonne humeur sont les clés de leur succès en devenir. Igit, de sa voix rocailleuse et ses rythmes blues, en assurera la première partie.
Dans un cadre plus intimiste, deux rendez-vous « découvertes » sont programmés à La Mesón avec Cléa Vincent, Massy Inc, Fishbach et Hildebrandt. Avant une soirée de clôture à Montévidéo sous le signe de la poésie et de l’expérimentation en compagnie des chansons folk de Sylvain Vanot et de l’électro pop chantée (et hantée) de Gérald Kurdian. Sans oublier Gildas Etevenard, batteur, compositeur et interprète. En somme, Avec Le Temps propose un beau programme et redonne, tout en bourlinguant dans tous les recoins, son sens à la chanson.

Louise Giraud

 

Festival Avec le Temps : du 24/02 au 6/03 à Marseille.
Rens : www.festival-avecletemps.com

Le programme complet du festival Avec le Temps ici