Arnaud Rebotini durant le festival Au Large en 2022 © Ben P

Festival Au Large

L’entretien
Sarah de la Mesón,
Fred de Comparses et Sons
et Pierre-Alain du Cabaret Aléatoire

 

 

Une des répercussions positives de cette saleté de virus : le festival Au Large, né de l’envie commune du Cabaret Aléatoire, de la Mesón, de Comparses et Sons et du Mounguy de proposer, ensemble, un rendez-vous musical solaire dans un contexte alors chaotique. Rencontre avec Pierre-Alain du Cabaret, Sarah de la Mesón et Fred de chez Comparses, afin de définir les contours de la deuxième édition prévue les 17, 24 et 25 juin prochain, et d’un festival voué à finir sur nos agendas festifs annuels.

 

 

Quel bilan avez-vous tiré de votre la première édition d’Au Large, l’an dernier, et quelles envies en découlent pour l’édition à venir ?

Sarah : L’an dernier, on était hyper contents ! C’était une première édition particulière, « post covid », nos salles respectives étaient fermées depuis un an et quelques. Prod comme techniciens, c’est la première fois que tout le monde re-bossait, les artistes rejouaient aussi pour la première fois ! Ça a donc été un moment très fort.

Pierre-Alain : C’était quasiment la première pour tout le monde ! Même la majorité du public et des artistes. Seul Feu! Chatterton avait rejoué la veille.

Fred : C’est d’ailleurs le contexte Covid qui a fait qu’on y est allés. On a eu l’opportunité du Théâtre Silvain sur lequel on lorgnait tous depuis un moment pour son caractère de plein air et sa jauge assise. On savait qu’on pouvait jouer là-bas dans les conditions sanitaires de l’époque. Finalement, on a pu le faire debout, et le contexte a poussé certaines collaborations entre nos structures. On s’est dit : « on y va ! ». C’est cette symbolique de reprise qui a fait que cette première édition était jolie, dans des contraintes de pass sanitaires très polémiques, même si les gens ne s’en souviennent plus trop aujourd’hui.

 

Cette année, une deuxième édition sans contraintes ?

F. : Oui, on s’est dit que maintenant que nous avions l’expérience du lieu et de la collaboration, autant en refaire une « à la normale » ou presque ! Cette année, ça a été plus facile que l’an dernier niveau programmation.

P-A. : l’an dernier, la seule artiste étrangère qu’on avait, c’était Noga Erez, et jusqu’au bout on a tremblé. Elle devait sortir d’Israël.

S. : Cette année, c’était toujours problématique ! Les tourneurs, jusqu’au dernier moment, ils te disent « oui mais non, mais peut-être ». C’est du « last minute ».

 

Une programmation à plusieurs têtes pensantes, ce n’est pas un peu compliqué ? Comment vous faites ?

S. : Tout est décidé de manière collégiale. C’est beaucoup de temps d’investissement très enrichissant, mais que ce soit sur la programmation, la communication ou la production, on travaille tous ensemble et c’est très perméable.

P-A. : La programmation n’est pas l’addition de ce chacun veut.

S. : Et on est « au large » de nos esthétiques !

P-A. : On aurait pu se dire que sur dix artistes sur le plateau, chaque orga en choisissait trois, mais non !

F. : L’idée, c’est d’avoir une programmation qu’on est fiers de porter, sans se cantonner aux cases musicales dans lesquelles chacune des structures se situe habituellement.

 

Ça donne d’ailleurs un bel éclectisme !

F. : C’est voulu ! On aurait pu mettre Altin Gün et Nu Genea, on aurait pu les mettre sur une même soirée « fête, live bands ». Et faire un plateau hip-hop avec Makala et Benjamin Epps ! On voulait éclater ça et avoir des publics qui traversent une soirée. On a plutôt cherché une cohérence sur l’ensemble des soirées que par soir. C’est sans doute plus risqué niveau public, mais il peut potentiellement se dire que les deux soirées sont belles et vouloir découvrir des groupes inconnus.

 

Quels artistes êtes-vous particulièrement fiers de programmer cette année, vos « chouchous » ?

F. : Il n’y a que des chouchous !

S. : Et oui, pour chaque artiste, ça a été des débats interminables ! Vraiment ! Il y a peu de place, finalement, et on est partis avec des listes regroupant une centaine d’artistes… Chaque artiste programmé est un coup de cœur.

F. : Nu Genea, on les voit rarement chez nous ; ils ne font que trois dates en France cet été, dont la nôtre. C’est chouette ! Benjamin Epps n’a jamais joué à Marseille, et ça fait un moment qu’on se dit qu’il est doué et qu’il a un vrai truc. Altin Gün avait déjà fait l’objet d’une collab’ Cabaret/Comparses avant le Covid. On est contents de les faire revenir, alors qu’ils one une grosse tournée à l’international, jusqu’aux US !

 

Cette année, petite nouveauté : votre soirée toit-terrasse puis Cabaret Aléatoire à la Friche !

S. : Oui, on avait envie d’ancrer le festival dans la ville, et pas qu’en bord de mer. On voulait aussi tirer le fil au niveau horaires. Sur le toit-terrasse, on invite Social Dance et Furie, pour une soirée très festive. Ensuite, Léonie Pernet, Sara Zinger et Mila Dietrich au Cabaret pour le côté « nuit » qu’on ne peut pas avoir au Silvain.

P-A. : On ne voulait pas organiser une forme d’after à 23h au Théâtre Silvain mais préférions créer de toutes pièces cette nouvelle soirée.

S. : On en profite pour fêter la fin des soirées du Cabaret !

 

Êtes-vous confiants sur la fidélisation après seulement une édition ?

S. : C’est la question ! Surtout que nous programmons des artistes précis, que nous avons vraiment envie de montrer. On est loin de la tête d’affiche qu’on voit dans tous les festivals.

F. : C’est un peu plus confidentiel que l’an dernier, et plus découverte ! L’an dernier, on faisait venir Arnaud Rebotini ou Amadou & Mariam, c’était plus grand public. On veut se démarquer et se positionner, cette année, et trouver notre personnalité, ça prend du temps. Pour la venue du public, personne aujourd’hui ne peut se dire confiant. Les habitudes ont changé, tout le monde réserve sa place en dernière minute.

S. : Ça, on le voit avec nos salles depuis la reprise. Les gens en ont eu assez de places décalées encore et encore, voire jamais remboursées. On est confiants sur la prog’ en tout cas.

F. : Et sur le lieu, qui attire et que tout le monde ne connaît pas encore. Je me souviens de Rebotini qui fermait le dimanche, sous les lumières, dans les pins, c’était surréaliste ! Et beau !

S. : D’ailleurs, le quatrième coproducteur, le Mounguy, s’occupe principalement du bar, et proposera des bières locales, du vin nature…

P-A. : Cette année, on a bien vendu le pass trois jours, ce qui est un bon marqueur de la fidélisation du public.

 

Vous proposez aussi votre scène à des artistes locaux !

P-A. : On programme Cymatic, qu’on a tous accompagné à différents endroits. Dans la même idée de programmer des artistes qu’on apprécie tous !

S. : On fait jouer Khara, aussi, qu’on avait tous repérée et vue jouer à différents endroits. Le live a bien évolué et on avait envie de la présenter, juste devant Epps, ce qui peut être super pour elle ! Social Dance, c’est pareil, ils ont été repérés par le 6Mic, ont fait le tremplin du Makeda, Grand Bonheur les suit… Ça avait du sens pour nous de les faire jouer.

 

Propos recueillis par Lucie Ponthieux Bertram

 

Nuit Au Large : le 17/06 à la Friche Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).

Festival Au Large : les 24 et 25/06 au Théâtre Silvain (Chemin du Pont, 7e).

Rens. : https://aulargefestival.com

La programmation complète du festival Au Large ici