La Rivière de Dominique Marchais

Dominique Marchais | Géographies sensibles

Grandeur nature

 

Dominique Marchais fait partie de ces cinéastes discrets qui apportent pourtant une pierre essentielle à l’histoire de l’image en mouvement. Son œuvre reste empreinte d’un regard unique sur l’environnement, les territoires et l’humain. Du 8 au 10 décembre, la Baleine, le Gyptis et le Videodrome 2 nous invitent à un voyage d’exception auprès de ce documentariste en tous points remarquable.

 

 

En ces temps troublés où notre rapport au vivant et aux paysages qui nous enveloppent s’est rarement révélé aussi abîmé, il n’est nullement excessif d’affirmer que l’œuvre de Dominique Marchais devient désormais d’utilité publique. Ce cinéaste marcheur, discret mais conséquent dans son geste cinématographique, pose depuis près de quinze années un regard subtil et poétique, savant et humble, tendre mais incisif sur l’écologie, et les ravages sur l’environnement de l’activité humaine. L’œuvre de Dominique Marchais est en soi unique, cosmogonique et engagée, profondément bouleversante par cet art du regard, et cet élan qui n’hésite jamais à prendre les chemins de traverse, non seulement des discours prémâchés, mais également de la construction du récit. Le cinéaste nous livre une poignée de films qui sont les fruits de ses cheminements entre monts, plaines et rivières, et autant de témoignages bouleversants sur les transformations de nos environnements, des désordres qui les affectent, comme en témoigne son somptueux dernier opus, La Rivière, tout juste sorti en salles. C’est donc peu dire l’importance de se plonger dans le travail de Dominique Marchais, et, ô joie !, l’occasion nous en sera donnée aux à Marseille du 8 au 10 décembre, le temps d’un week-end exceptionnel en présence du cinéaste. Les festivités s’ouvriront au Gyptis avec son dernier documentaire, La Rivière, donc, qui parcourt ces cours d’eau du sud-ouest de l’hexagone, comme autant de veines que l’on sent traverser nos corps à la découverte de ce film magistral. Dominique Marchais sera accompagné pour l’occasion de Matthieu Duperrex, philosophe, co-fondateur et directeur artistique d’Urbain, trop urbain. Cette belle rétrospective nous donnera ainsi l’occasion de (re)découvrir la trilogie du cinéaste qui vient également questionner les liens de l’humain et de son territoire : avec Le Temps des grâcesLa Ligne de partage des eaux et Nul homme n’est une île, le cheminement du réalisateur nous conduit des Alpes à la Sicile, en passant par l’Autriche ou la Suisse, avec cette même sensibilité du regard, à nul autre identique. Enfin, en point d’orgue de la manifestation, le Videodrome 2 achèvera ce week-end d’exception avec la projection, toujours en présence de Dominique Marchais, de l’extraordinaire opus de Pierre Perrault et Michel Brault Pour la suite du monde, qui marquera, en 1963, un véritable tournant cinématographique dans l’utilisation de caméras légères et synchrones. Ce documentaire qui déroule les gestes quotidiens de la pêche aux marsouins, sous l’influence des anciens, convoque tout autant Robert Flaherty que Dziga Vertov ou Henri Cartier-Bresson. Un moment de cinéma à ne manquer sous aucun prétexte !

 

Emmanuel Vigne

 

Dominique Marchais | Géographies sensibles : du 8 au 10/12 aux cinémas La Baleine (6e), Le Gyptis (3e) et Vidéodrome 2 (6e).

Rens. : https://labaleinemarseille.com

Le programme détaillé du week-end « Dominique Marchais | Géographies sensibles » ici