© Dolorès Marat

Dolorès Marat – Tourbillon au Studio Fotokino

Les couleurs du temps

 

Après John Deneuve en 2011 ou encore Chloé Poizat l’an dernier, le Studio Fotokino — diffuseur d’arts visuels que l’on ne présente plus — offre ses murs à la photographe parisienne Dolorès Marat, pour une série de clichés tout droit sortis de ses carnets de voyage.

 

Paris, New York, Berlin… Dolorès Marat aime les grands espaces citadins emplis de paradoxes. Elle les arpente, toujours à pied, pour y puiser l’inspiration et attendre de tomber sur l’Instant, cette seconde créative, unique, qui, au contact de l’artiste, se transforme en pièce d’art. Pour la photographe, ce « hasard décisif » est le fruit d’une combinaison mystérieuse entre la lumière, l’émotion et la couleur. Car Dolorès a le don de capter la couleur. Rouge ou bleu, les couleurs de madame Marat sont si profondes, ténébreuses, presque palpables, que cela confère à chacun de ses clichés une atmosphère particulière, quasi irréelle. Pourtant, les sujets préférés de la photographe sont déconcertants de simplicité et de concret. Escalator de métro, éléments naturels, espaces désaffectés, portraits mouvants… La photographe donne vie à des scènes quotidiennes, les magnifie et les rassemble ici dans un kaléidoscope photographique. Ces accumulations arbitraires d’images invitent instinctivement à la poésie. Liberté est ainsi offerte au visiteur de recréer, à partir de ces images, le récit du temps qui passe. Imaginer l’histoire de La Femme aux gants, celle des Oiseaux de Marseille ou encore celle des Anges de Deauville, c’est ce que Dolorès Marat appelle le Tourbillon. Ces clichés ont été pris sur trente ans, au fil de nombreux périples. Pourtant, ils frappent par leur intemporalité et leur sincérité. Peut-être est-ce dû à la technique favorite de la photographe, qui utilise un procédé de tirage artisanal, le Fresson, à base de charbon ? Toujours est-il que ce rendu, très éclectique, révèle un aspect velouté qui force l’émotion mélancolique. Malgré le côté sombre de la série, il émane de cette exposition une étonnante douceur qui ravira aussi bien les petits que les grands. En somme, une collaboration remarquable pour le Studio Fotokino, et une incursion esthétique dans laquelle on aurait tort de ne pas se lover.

Astrid Börner

 

Dolorès Marat – Tourbillon : jusqu’au 24/04 au Studio Fotokino (33 allée Léon Gambetta, 1er).
Rens. : 09 50 38 41 68 / www.fotokino.org

Pour en (sa)voir plus : www.doloresmarat.fr