Identités Remarquables | One Shot Lili

Cœur battant

 

Vendredi 11 janvier, 20h30, à la Mesón, rue Consolat. Salle comble. Sur scène, la formation One Shot Lili, quartet mené par une talentueuse batteuse chanteuse qui, d’un coup de baguette, vous embarque dans un univers aux influences multiples, à mi-chemin entre le rock et le jazz.

 

Ce soir-là, Aurélie Agullo, « Lili », leader du groupe, a invité le saxophoniste de jazz Fred Pichot à jouer avec eux. C’est certainement ce qui provoque tant d’envolées jazz durant ce concert, où les impros vont bon train. Pour autant, pour celle qui est à l’origine du projet, « dans l’essence même, c’est vraiment rock. »

Aurélie tapait partout. À 11 ans, un ami de sa sœur dit qu’elle est faite pour la batterie et lui fait passer un essai. Tout commence. Autodidacte, ce qu’elle aime à l’époque, c’est « taper fort et pogoter ». Ado, après s’être fait la main sur du Phil Collins, elle commence à jouer en groupe, dans des formations reggae, ska, punk. Ses influences sont vastes : Kate Bush, Ani DiFranco, Julien Loreau Groove Gang ou bien encore Ennio Morricone, Magma ou Gong, les référentiels sont aussi larges que qualitatifs. Véritable musicienne dans l’âme, Aurélie a envie de lire la musique, d’apprendre les rudiments techniques et d’acquérir des bagages sensitifs. Elle embarque alors pour la capitale, où elle apprend les rudiments en école de jazz : l’école Daniel Pichon, l’Atla, l’école Agostini… Elle reste à Paris pendant douze ans et développe ses compétences de batteuse et ses expériences en groupe.

 

« Cet album est tout à fait représentatif de ce qui s’est passé. »

La vie nous freine, nous pousse, force nos évolutions intérieures. D’importants problèmes de santé contraignent Aurélie à arrêter temporairement la batterie. Elle prend alors tout ce qui lui passe sous la main pour jouer, véritables forces créatrice et salvatrice incontrôlables. Guitare, piano, mais surtout pour la première fois du chant, des mélodies, de la compo, de la MAO, du pad. Exercices nouveaux pour elle. « Il y a quelque chose qui s’est ouvert, c’est le cas de le dire. » Originaire de Toulon, arrivée à Marseille il y a six ans, elle prend des cours de chant auprès de Sylvie Paz (qui enseignait alors à la Maison du Chant) et écume les scènes ouvertes à la rencontre de musiciens locaux. Ce qui découle de cette période tourmentée, ce sont des morceaux personnels, des chansons et une envie de les jouer, de les exploiter. Un ami musicien parisien lui conseille d’essayer de rencontrer le guitariste Benjamin Tissier. Dès la première répèt’, ça matche : « On a la même obsession. » Ils commencent à travailler les compos d’Aurélie et contactent dès 2015 le bassiste Sylvain Terminiello. Kalliroï Raouzeou rejoint rapidement le groupe, qui devient alors parfaitement mixte. Le projet se rode. Leur premier concert phocéen, en janvier 2017 au Jam, est une réussite. La salle est pleine, les retours sont bons. La couleur est donnée, les morceaux de One Shot Lili, « ça se savoure, il faut s’asseoir pour les écouter. » En quartet, en quintet, en duo (plus électro), la formation bouge et les morceaux se tordent. On a à faire à de vrais musiciens.

 

Baby blues

Seule porteuse de ce projet, Lili est au four et au moulin. Productrice, compositrice, interprète, manageuse, bookeuse, elle vit de et pour la musique, et fait également partie du projet Trop Puissant, collectif de sensibilisation aux risques auditifs dans la région. Batteuse de plusieurs groupes comme PinkNoColor ou Brenda Savane, elle ne s’imagine chanteuse que dans One Shot Lili. La sortie toute fraîche de son premier EP, Hancock to Porcine Heart, résonne comme un accouchement. Les morceaux sont travaillés depuis deux ans, et le besoin de composer à nouveau est indubitable. Le côté collectif du groupe, Lili a envie de le développer. Une envie de choristes, de mélanger les styles. L’envie de (re)créer est profond. Le quartet se produira encore certainement en live à l’été et à l’automne prochains, mais c’est avec impatience que l’on attend de pouvoir entendre ce que cette batteuse battante aura à faire sonner.

Vous en reprendrez bien un shot ?

 

Lucie Ponthieux Bertram

 

Rens. : www.facebook.com/One.Shot.Lili / www.facebook.com/aurelie.agullo.7