Islam pour mémoire de Bénédicte Pagnot

Cycle « Je viens » au Cinéma Le Gyptis

Aller (pas si) simple

 

Le Gyptis consacre sa nouvelle thématique, « Je viens », à la question des migrations, dans une vision kaléidoscopique et humaniste, avec une pléiade de rencontres et de films, comme à l’accoutumée de très belle facture.

 

Nous le constatons mois après mois : difficile pour le cinéma, qu’il oscille entre documentaire et fiction, ou les deux en même temps — là aussi, la frontière est si mince — d’échapper aux séismes de l’histoire contemporaine, aux guerres qui secouent le globe, aux populations qui tentent de leur échapper, à la question des réfugiés au sein des pays occidentaux, aux profonds questionnements idéologiques, politiques et religieux. Le déplacement est celui des peuples et de l’image, la caméra opère un long, très long travelling, forcément politique. L’étranger en déplacement perd son « r » final et stigmatise les inquiétudes. À ces marches souvent forcées, l’équipe du Gyptis décide d’y consacrer sa nouvelle thématique, toujours pertinente, joliment nommée « Je viens ». Un premier temps fort s’est construit autour de l’exposition Alger des photographies d’Yves Jeanmougin à la Friche la Belle de Mai : l’occasion d’explorer une ville — et plus largement un pays — d’où les départs, puis les arrivées, et derechef les départs, ont profondément marqué sa propre représentation, à l’instar de ce que donnent à voir les très beaux films d’Elisabeth Leuvrey, La Traversée, d’Hassen Ferhani, Dans ma tête un rond-point, ou du plus récent et sublime opus de Franssou Prenant Bienvenue à Madagascar. Au sein de cette programmation, quelques rendez-vous restent incontournables, telle que la rencontre avec la majestueuse Alice Diop pour son documentaire La Permanence, ou celle avec Bénédicte Pagnot pour le passionnant, et nécessaire, Islam pour mémoire, qui nous offre un éclairage sur une religion tendant vers l’universalité, tel que nous l’explique formidablement Abdelwahab Meddeb, malheureusement décédé depuis quelques années. Citons enfin les films de Raoul Peck (I am not your negro) ou de Tizza Covi et Rainer Frimmel (Mister Universo), qui ponctue parfaitement cette nouvelle thématique, sans oublier la séance co-construite avec les Instants Vidéo, Quand vient l’étranger.

Emmanuel Vigne

 

Cycle « Je viens » : jusqu’au 11/07 au Cinéma Le Gyptis (136 rue Loubon, 3e).
Rens. : 04 95 04 96 25 / www.lafriche.org

Le programme complet du cycle « Je viens » ici