Charlie’s Country de Rolf de Heer

Cycle « Sur les traces du cinéma australien » à l’Institut de l’Image

Comme un boomerang

 

Pendant le mois de juin, l’Institut de l’Image, salle aixoise dont le travail sur le cinéma patrimonial est depuis de nombreuses années exemplaire, propose un cycle de douze films somptueux issus de la production cinématographique australienne.

 

Si l’on considère que le champ et le hors-champ d’une cinématographie se font l’écho de l’espace dans lequel ils évoluent, alors la production australienne mérite qu’on s’y attarde. On cite souvent à son sujet les cinéastes de référence que sont George Miller (que l’on a retrouvé récemment en Président du Jury du dernier Festival de Cannes), Peter Weir ou Jane Campion. Si leur œuvre offre indéniablement quelques perles cinématographiques, ils ne représentent nullement, dans son entièreté, la complexité d’une production contrastée, empreinte d’une cosmogonie solaire, d’une certaine forme de mysticisme, mais au-delà de réalités sociales rudes, en l’occurrence dans l’espace urbain, qui questionnent bien évidemment la place du peuple natif aborigène au cœur d’une société colonisatrice. Depuis près d’une quinzaine d’années, les Aborigènes se sont plus largement emparé de l’outil cinématographique afin d’explorer de nouvelles voies d’expression dont ils sont généralement exclus. Et exprimer des conditions de vie proches de la discrimination. Dont acte dans les œuvres de Rolf de Heer, Warwick Thornton ou Nicolas Roeg, programmées dans le cadre d’un très beau cycle proposé par l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence en juin. En une douzaine d’opus magnifiques, dont la plupart ont connu récemment une heureuse restauration en copie numérique, la dynamique salle aixoise consacrée au cinéma de répertoire nous plonge au cœur d’un continent sémillant dont les éclats se sont au fil des décennies figés sur pellicule. Arrêtons-nous bien évidemment sur l’excellent cinéaste Rolf de Heer, d’origine hollandaise, qui signa en 1995 l’un des films les plus surprenants et incontournables qui soient, Bad Boy Bubby, plongée déjantée dans une société australienne fissurée de toutes parts. Avec Charlie’s Country, portrait d’un ancien guerrier aborigène, de Heer confirme en 2013 un talent de cinéaste hors normes. Au sein de ce cycle figurent bien évidemment les grandes pages de la production australienne (du Mad Max de Miller au Sweetie de Jane Campion, en passant par le phénomène Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott ou La Dernière Vague de Peter Weir), mais également quelques perles cinématographiques, à l’instar du sublime Walkabout de l’Anglais Nicolas Roeg — parcours initiatique de deux adolescents perdus dans le désert australien —, ou du trop rare Wake in fright de Ted Kotcheff, dont la récente ressortie en DCP permet d’en découvrir toute la fascinante ambiguïté.

Emmanuel Vigne

 

Cycle « Sur les traces du cinéma australien » : du 1er au 21/06 à l’Institut de l’Image (Cité du Livre – 8/10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org

Le programme complet du cycle « Sur les traces du cinéma australien » ici