Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat

Cycle Maurice Pialat

Le mal d’aimer

 

L’association Cinémas du Sud met en place une belle rétrospective Maurice Pialat, dont s’emparera plus d’une douzaine de salles de la région, avec huit films de l’immense cinéaste, qui compte parmi les grands noms des réalisateurs hexagonaux.

 

Face aux mutations opérées dans l’exploitation cinématographique, a fortiori depuis l’arrivée du numérique, la mutualisation des salles en vue d’actions communes est l’une des parades à la globalisation qui tente de s’imposer, à l’instar de ce que l’on constate dans la majorité des pays d’Europe, pour ne rester que sur ce continent. L’un des acteurs régionaux de premier plan, dans ce soutien aux salles, est bien évidemment Cinémas du Sud, qui fédère depuis de longues années un large éventail de cinémas indépendants en PACA. L’une des actions — nombreuses — de l’association consiste à proposer aux salles un certain nombre de cycles cinématographiques, en en assurant le routage des copies, voire en finançant des intervenants. Après l’excellent travail sur René Allio, l’équipe de Cinémas du Sud met à l’honneur l’immense Maurice Pialat, avec une sélection de huit films qui tourneront dans plus d’une douzaine de salles de la région. Le cinéaste s’est imposé aujourd’hui, pour tous les cinéphiles, comme pièce maîtresse dans l’histoire de la cinématographie hexagonale, un artiste immense et incontesté. Toute la richesse du cinéma de Pialat, c’est son ambigüité. En pénétrant au cœur des rapports humains, avec violence, en filmant l’insondable fragilité des êtres et sa confrontation au mal, il confère au sacré. Cet état de transcendance se dessine évidemment dans le lumineux Sous le soleil de Satan, mais reste perceptible dans la douloureuse agonie de La Gueule ouverte. L’incandescence de son cinéma est moins liée à son pessimisme radical qu’aux doutes qui l’assaillent : derrière la chronique désenchantée pointe, presque imperceptible, la grâce du sacré. Comme le rappelle Gwenaëlle Le Gras, « on ne s’approche jamais du sacré sans mourir. » Les rapports humains filmés par Pialat deviennent un système de forces, une quête où l’ombre est la lumière, à l’instar de ce qui se joue dans Nous ne vieillirons pas ensemble ou A nos amours. Enfin, il faut rappeler l’art de la composition chez le peintre devenu cinéaste, et l’intelligence de sa mise en forme, comme en témoigne le sublime Van Gogh, qui participe à cette ambigüité, oscillant entre obsession du réel et lyrisme dissimulé. Tous les films susmentionnés, auxquels se rajoutent Passe ton bac d’abord, Loulou et Police, offriront ainsi l’occasion d’embrasser, en salles, l’étendue du génie cinématographique de Maurice Pialat.

Emmanuel Vigne

 

Cycle Maurice Pialat : jusqu’au 26/05 dans les salles du réseau Cinémas du Sud.
Rens. : www.cinemasdusud.fr

La programmation du cycle Maurice Pialat ici