Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel

Cycle Luis Buñuel à l’Institut de l’Image (Aix)

Dans l’œil de Buñuel

 

L’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence profite d’une vaste sortie des films de Luis Buñuel en copie numérique restaurée pour proposer un très beau cycle consacré à l’un des plus grands cinéastes de l’histoire, dont l’œuvre fait toujours référence.

 

Il serait vain de résumer en quelques lignes la puissance de l’œuvre de Luis Buñuel : pétrie de contradictions — celles-là même qui composent la nature des êtres —, sous inspiration tellurique des divers pays traversés, humaine et sombre, profondément anti-conventionnelle, athée mais mystique. Le cinéaste marquera à jamais l’histoire de l’image en mouvement, et sa filmographie n’en finit pas d’être explorée sans que l’on parvienne à en embrasser toute la force et la beauté. L’un des seuls avantages à avoir abandonné, pour les salles de cinéma, la magie de la pellicule 35mm, est bel et bien de voir chaque semaine les plus belles pages du cinéma reprendre vie en copie numérique restaurée — même si la transformation colorimétrique que cela induit laisse parfois perplexe. C’est l’occasion également, pour de nombreuses salles, de programmer à nouveau ces chefs d’œuvre cinématographiques, à l’instar de l’excellente équipe de l’Institut de l’Image, qui nous offre en février un cycle particulièrement riche du cinéaste né en 1900 à Calanda. Pour reprendre les mots de Charles Tesson, « cet animal social pas toujours sociable, Buñuel, fin architecte de l’homme, l’a filmé en plan et en coupe, afin d’éprouver le degré de résistance des divers matériaux qui le composent. » Les quatorze films présentés offriront non pas une vue d’ensemble exhaustive de son œuvre, mais du moins un panorama suffisamment complet pour se rendre compte, de toute évidence, du génie qui traverse chaque photogramme d’un cinéaste né avec le mouvement surréaliste, mais qui s’en détacha rapidement pour explorer d’autres contrées bien plus vastes. Au programme, les films évidemment incontournables que sont Los Olvidados, Viridiana, Un chien andalou ou Le Charme discret de la bourgeoisie. Mais également quelques rencontres qui enrichiront les projections, à l’instar de la présence exceptionnelle de Jean-Claude Carrière pour la séance du Fantôme de la liberté, de la lecture des textes d’Octave Mirbeau par la Compagnie Le Rouge et le Vert, à la suite du Journal d’une femme de chambre dans le cadre de la manifestation « Livres au Cinéma » proposée par Cinémas du Sud, sans oublier la séance spéciale de Cet obscur objet du désir dans le cadre de « Désir & cinéma, dedans-dehors, Regard(s) depuis la prison » (MP 2018 – Quel amour !), en collaboration avec Lieux Fictifs.

Emmanuel Vigne

 

Cycle Luis Buñuel : du 1er au 27/02 à l’Institut de l’Image (Aix-en-Provence).
Rens.: 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org