Disneyland, mon vieux pays natal, d’Arnaud Des Pallie?res

Cycle « L’Entreprise de soi » au Polygone étoilé

Les temps modernes

 

Le Polygone étoilé accueille l’équipe de Peuple et Culture Marseille pour un cycle de projections consacré à l’aliénation au travail et aux mécanismes de déshumanisation qui touchent aujourd’hui tous les secteurs d’activités.

 

Le sujet a de nombreuses fois fait l’objet d’études critiques, de pamphlets intellectuels, d’analyses socio-économiques, mais il est toujours salvateur d’y revenir : la mécanique du travail, telle qu’elle se retrouve globalisée dans nos entreprises post-modernes, est une hérésie totale, le nouveau visage d’une barbarie qui tait son nom, miroir d’une autre forme d’esclavagisme contemporain. Le cinéma documentaire s’est régulièrement emparé du sujet, composant un ensemble de brûlots dont Peuple et Culture Marseille, associé au Polygone étoilé, livre ce mois-ci un corpus d’exemples. La compétitivité et la performance, maîtres-mots d’un libéralisme absurde que les medias ânonnent à l’envi, sont au cœur d’une réalité imposée à l’ensemble du monde du travail. Sur trois jours et sept films, l’association phocéenne déroule un cycle cinématographique exigeant, malicieusement nommé L’entreprise de soi. Quelle entreprise pour quelle part de soi ? Les dignes héritiers du post-fordisme ont instrumentalisé le non épanouissement du travailleur, comme l’atteste par exemple Jean-Robert Viallet dans La Mise à mort du travail – L’aliénation. Le terme est lancé : le délitement de l’individu est palpable dans les moindres artefacts managériaux au cœur du groupe Carglass. Hommes et femmes sont les éléments d’une hydre de Lerne dont il semble difficile (mais pas impossible) de trancher la tête immortelle. L’absurde atteint son comble dans le magistral Disneyland, mon vieux pays natal, d’Arnaud Des Pallières (qui a signé au demeurant, avec Michael Kohlhaas, le plus beau film hexagonal de l’année passée), moyen-métrage qui nous plonge dans l’horreur enchantée du parc Disney. Soulignons également le très beau Un nouveau produit, d’Harun Farocki, plongée abyssale et sans retour au sein d’une société de consultants de Hambourg. Quand l’open space se transforme sans appel en cage de verre, sous le prétexte hautement cynique du bien-être du travailleur, l’environnement professionnel fait alors écho au cauchemar tayloriste. Chaplin et Tati avaient vu juste.

Emmanuel Vigne

 

Cycle « L’Entreprise de soi » : du 14 au 18/04 au Polygone étoilé (1 rue Massabo, 2e).
Rens. : 04 91 91 58 23 / www.polygone-etoile.com

Pour en savoir plus : www.peuple-culture-marseille.org/rendez-vous/archives/2014-01-16/1228