Pépé le Moko de Julien Duvivier

Cycle Julien Duvivier à la Cité du Livre

Au bonheur des drames

 

Nouveau cycle à l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence, consacré à l’immense cinéaste Julien Duvivier, dont les (chefs-d’)œuvres se laissent revoir avec un plaisir assouvi, déroulant les plus grandes pages de l’histoire du cinéma hexagonal.

 

Depuis désormais six ans, le Festival Lumière de Lyon s’est taillé de manière fulgurante une réputation solide en qualité de manifestation cinématographique d’envergure. Créé sur l’impulsion de l’Institut Lumière, ce succès doit bien évidemment tout à la personnalité incontournable de Thierry Frémaux, son créateur, par ailleurs Délégué général du Festival de Cannes et directeur du prestigieux Institut lyonnais. En 2015, une rétrospective y avait fait grand bruit : le Festival Lumière avait rendu un vibrant hommage à Julien Duvivier, immense cinéaste français trop souvent mésestimé, dont l’œuvre n’est pas toujours parvenue à prendre corps dans l’historiographie cinéphilique. Huit films restaurés en copie numérique venaient alors rappeler que derrière un manque, apparent seulement, d’unité, se cachait une écriture subtile et acérée, virtuose et prolifique. L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence s’en fait aujourd’hui l’écho, et enfonce le clou avec une sélection brillante d’une douzaine de films du cinéaste. De La Belle Equipe à Pépé le Moko, en passant par Panique ou La Charrette fantôme, ces opus viendront rappeler le génie technique et narratif du réalisateur. Films empreints d’un réel désenchantement vis-à-vis de la nature humaine, mais où l’espoir, jamais réellement perdu, pointe encore par à-coups, ces œuvres dessinent en filigrane une hagiographie cinématographique : Duvivier, grand érudit, savait jouer du mouvement, celui d’égrener par touches ses témoignages d’admiration aux grands bâtisseurs de l’image en mouvement. Là se trouve peut-être le nœud d’une certaine réserve des cinéphiles quant à son œuvre : l’éclectisme a semblé le disputer au style. Mais à la redécouverte de ses œuvres, pour partie en copies restaurées, force est de reconnaître qu’il n’en fut rien. Il existe bel et bien un style Duvivier, celui du kaléidoscope de la vie, celui du (re)questionnement permanent. On cite à l’envi la phrase de Jean Renoir : « Si j’étais un architecte et devais construire un monument du cinéma, je placerais une statue de Duvivier au-dessus de l’entrée. Ce grand technicien, ce rigoriste était un poète. » Citation qui prendra durant ce cycle, et pour notre plus grand bonheur, toute sa dimension humaine.

Emmanuel Vigne

 

Cycle Julien Duvivier : jusqu’au 24/05 à la Cité du Livre (Salle Armand Lunel – 8/10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org

Le programme complet du cycle Julien Duvivier ici