Au biseau des baisers de Guy Gilles

Cycle Guy Gilles au Vidéodrome 2

L’ami retrouvé

 

Du 22 au 27 novembre, l’équipe du Videodrome 2 s’associe à la proposition de Raphaël Lefèvre, entouré d’autres invités, pour une rétrospective remarquable, consacrée à un cinéaste quelque peu oublié de l’histoire, et cependant majeur : Guy Gilles, dont nous reste en mémoire le magnifique Absences répétées, sorti en 1972.

 

 

Nous l’évoquons souvent dans ces colonnes, l’histoire du cinéma, à l’instar de celle de l’humanité, est traversée par les oublié·e·s, celles et ceux dont les gestes, pourtant majeurs, n’ont pas retenu l’attention des historiens. Cela nous amène ainsi à cette question cruciale : qui définit cette mémoire ? Quelle est leur légitimité ? Retour alors à l’antienne évoquée par Howard Zinn, « Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs. » Le rôle de passeur est donc, pierre après pierre, de réaffirmer cette mémoire, d’en redessiner les contours. Ce fut le cas récemment des films consacrés, par exemple, à l’importance, dans plus d’un siècle de cinéma, de créatrices telles Alice Guy-Blaché ou Hedy Lamarr.

S’il est un lieu, au sein de la cité phocéenne, qui se fait fort de (re)mettre en lumière le travail de cinéastes largement oubliés — ou sous-estimés, c’est selon —, c’est bel et bien le Videodrome 2, sans omettre également le travail du Polygone Étoilé. Et c’est un cycle à découvrir sans réserve qui nous est proposé du 22 au 27 novembre dans la salle du Cours Julien : sur une proposition de Raphaël Lefèvre, en dialogue avec Gaël Lépingle et Yann Gonzalez, et en présence de Gaël Lépingle, Jean-Sébastien Chauvin et Mickaël Tempête, ces six jours seront consacrés au cinéaste Guy Gilles, pour une rétrospective des plus enthousiasmantes ! Alors que l’on fête cette année les cinquante ans de la sortie sur les écrans de son opus Absences répétées, qui obtint le prix Jean Vigo, le Videodrome 2 et les partenaires de la manifestation nous offriront l’occasion de découvrir plus d’une douzaine d’œuvres du cinéaste. Guy Gilles se retrouva tout de même à l’honneur d’une heureuse rétrospective, en 2014, à la Cinémathèque Française, premiers pas d’une forme de réhabilitation : le réalisateur fut, semble-t-il, mal ou peu compris lors de cette décennie libertaire que représentèrent les années 70. À contre-courant des préceptes de son époque, et pourtant auteur d’une œuvre remarquable, on l’affubla d’un sentimentalisme (sic) qui jurait trop avec le tumulte assumé de ses contemporains. D’où la nécessité impérieuse d’une telle proposition. Six jours pour découvrir les extraordinaires opus (courts et longs métrages) que sont Au biseau des baisers, L’Amour à la mer, Paris un jour d’hiver, Au pan coupé, Soleil éteint, Le Clair de terre, Chanson de gestes, Proust, L’Art et la douleur (écrit pour la télévision), Le Journal d’un combat, Le Jardin qui bascule et bien sûr Absences répétées. Une rétrospective qui sera ponctuée de temps d’échanges, de projections surprises ou de la séance de Guy Gilles, photographies du temps d’avant du cinéaste Gaël Lépingle.

 

Emmanuel Vigne

 

Cycle Guy Gilles : du 22 au 27/11 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e).

Rens. : www.videodrome2.fr

Le programme complet du cycle Guy Gilles ici