La fresque Ruisseau en sursaut, exécutée par Germain Prévost, alias Ipin

C’est arrivé près de chez vous | Ruisseau en sursaut à la Cité des Arts de la Rue

Crue des sens

 

Le 6 février dernier a été inaugurée à la Cité des Arts de la Rue la fresque Ruisseau en sursaut, exécutée par l’artiste muraliste Germain Prévost, alias Ipin. Il s’agit d’une œuvre monumentale de quatorze mètres de haut et de soixante mètres de long, transcrivant les données hydrographiques du ruisseau des Aygalades, sur la journée du 13 août 2018, dans le but de sensibiliser les populations aux crues générées par les épisodes de pluie intense en Méditerranée.

 

 

Il faut s’éloigner un peu de l’univers de béton de la Cité des Arts de la Rue, installée sur la friche de l’ancienne huilerie « Abeilles » ; longer le ruisseau, appelé aussi « La Caravelle » qui coule en contrebas ; passer les vestiges de l’ancien moulin, avant de se poser dans le jardin aux essences méditerranéennes pour embrasser du regard l’ensemble de la fresque. Le mur, tel un protagoniste dans un théâtre, porte la parole au-devant des habitants du quartier de la Viste, tout proche, inscrivant le projet dans une logique de proximité. Le graphique bleu donne le pouls de la rivière au moment précis de son entrée en crue et permet de prolonger la réflexion. Cette vague bleue est traversée par un escalier rouge, symbolisant peut-être une échappatoire face au danger imminent.

Cette fresque a été réalisée à l’été 2021 et jouxte The Gate, l’œuvre symbolisant la mutation du lieu depuis l’ancienne huilerie, jusqu’à son affectation à la Cité des Arts de la Rue. Son auteur, Germain Prévost, alias Ipin, y a installé son atelier. Avec son association L’Échelle 2, qu’il co-conduit avec Stéphane Moscato, il propose des résidences de création, comme notamment le Mur du Fond. Il se définit comme artiste des dystopies graphiques, à la croisée de l’art urbain et de l’art contemporain. Les œuvres ainsi créées sont indissociables de leur lieu d’implantation, par le récit qu’elles portent.

Après avoir travaillé sur les données hydrographiques du Doubs à Besançon, où il utilise des relevés scientifiques et des tableurs-grapheurs pour délivrer des  « pouls de rivière », il est missionné  par l’État et sa Mission inter-régionale « Inondation Arc Méditerranéen » (MIIAM) pour exécuter une œuvre permettant de questionner le risque d’inondation dans le Sud.

En retranscrivant le « sursaut » du ruisseau des Aygalades, la fresque se veut la métaphore des bouleversements climatiques à venir et en particulier des épisodes méditerranéens, qui peuvent provoquer une montée des eaux extrêmement rapide en milieu urbain, comme on l’a constaté à Marseille en octobre 2021. Ces épisodes, avec le réchauffement de la Méditerranée, sont amenés à se multiplier dans l’avenir. La fresque se fait à la fois témoignage, sonnette d’alarme, mais aussi vectrice de prise de conscience, permettant à tout un chacun de mieux comprendre et anticiper le risque inondation.

 

Isabelle Rainaldi

 

 

Cité des Arts de la Rue : 225 avenue Ibrahim Ali, 15e.

Rens. : www.lacitedesartsdelarue.net