Into the Woods 

Concert dessiné inspiré par les paysages et la culture scandinave et irlandaise avec Philippe Desbois, Eskelina et Jeanne Macaigne (illustrations)

Avec Philippe Desbois, Eskelina et Jeanne Macaigne.

 

« Un jour, assis dans ma véranda, j’ai vu quelqu’un à l’orée du bois. La première fois, il est passé si vite que j’ai cru voir l’ombre d’une branche. Le lendemain, il est revenu et il est resté immobile à me regarder. Son regard était bleu argenté. Comme la surface de l’eau quand il y a du soleil et du vent
en même temps… »

Mêlant littérature et musique, illustrations projetées et dessins réalisés en direct, Into The Woods est un spectacle inspiré par les paysages et la culture scandinave et irlandaise.

Fusionnant leurs univers sur scène, trois artistes – Jeanne Macaigne, Eskelina et Philippe Desbois – nous racontent une histoire qui parle d’apprendre à dépasser sa peur de l’autre, celui ou celle que l’on ne connaît pas, humain ou être des bois. Aller à sa rencontre, s’apprivoiser, se faire confiance, se perdre dans la forêt enchantée et imprévisible du sentiment amoureux… Glissant du jour à la nuit, le trio nous embarque dans une traversée poétique qui sonde la palette de nos émotions et de nos doutes lorsque nous tombons amoureux ou que nous nous prenons d’amitié pour quelqu’un.

Depuis quelques années, Jeanne Macaigne s’est imposée comme l’une des plus brillantes autrices-illustratrices de sa génération, travaillant à la fois pour la presse (revue XXILibération…) et s’exprimant dans des albums jeunesse qu’elle illustre avec poésie, humour et une belle attention au vivant. L’histoire d’Eskelina a commencé en Suède, où elle est née, et s’est poursuivie en France où, devenue chanteuse, elle a sorti trois albums. Musicien multi-instrumentiste, compositeur, arrangeur, réalisateur, Philippe Desbois collabore avec des artistes aussi divers que Clarika, Zaz, Alain Souchon, Bernard Lavilliers, Roberto Alagna ou des musiciens classiques.

Sur la scène de La Criée, un trio ultra-talentueux pour un concert dessiné envoûtant qui réussit le pari de rassembler petits et grands aux confins du monde sensible, dans les profondeurs des bois…

 

illustrations Jeanne Macaigne
textes, compositions, chant, piano Eskelina
paroles Eskelina avec la participation d’Anna Alerstedt Åsberg
guitare, violon et violoncelle, arrangements et réalisation Philippe Desbois
production Caranusca

TNM La Criée
Le samedi 28 mai 2022 à 14h
6/8/12 €
http://ohlesbeauxjours.fr/
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
04 91 54 70 54

Article paru le mercredi 11 mai 2022 dans Ventilo n° 464

Festival Oh les beaux jours !

Lettres capitales

   

Passer la littérature à la râpe du réel ; la frotter à ses pairs, les autres formes artistiques de narration, ou à ses pères, les écrivains et écrivaines qui lui donnent vie et forme… C’est le programme que se donne chaque printemps le festival de littérature Oh les beaux jours !. Cette année, de nouvelles « frictions littéraires » sont à prévoir entre le 24 et le 29 mai. Un corps à corps qui s’annonce passionnant, dans lequel pas moins de quatre-vingt-dix invités se retrouveront pour échanger tout au long des cinquante et un événements prévus au programme.

    Multiforme, le dispositif du festival s’autorise une large arborescence de formats : rencontres, grands entretiens, lectures sur scène, projections, performances, concerts dessinés, lectures musicales, conférences-spectacles, interventions dans l’espace public, séances de signature, ateliers participatifs… Pas de littérature en vase clos. Pas de soliloque de l’écrivain. En faisant varier les points de vue et s’entremêler les arts, l’opération consiste à rendre au champ littéraire toute sa puissance plastique. Artistes et auteurs seront ainsi amenés à mettre en contact leurs œuvres, leurs pratiques et leur rapport au monde. Une programmation foisonnante dont les multiples ramifications s’empareront de cinq lieux de culture emblématiques de la ville : le Mucem, la Criée, le Conservatoire Pierre Barbizet, le Musée d’Histoire de Marseille, et la bibliothèque de l’Alcazar. Côté contenu, le festival s’est doté de huit thématiques ; chacune d’entre elles tentant d’approcher un nœud frictionnel du maillage littéraire contemporain. Or, un coup d’œil à la titrologie suffit pour comprendre que la littérature d’aujourd’hui s’inscrit de plain-pied dans un réel en crise. Nombre d’auteurs évoqueront un monde à la dérive, entre climat déréglé, inégalités sociales, drames familiaux, guerres et illusions perdues… Des sujets graves qui tranchent âprement avec l’optimisme affiché d’une exclamative telle que Oh les beaux jours !. La même dissonance avait été constatée lors de la parution de la pièce éponyme de Beckett, en 1961. Les logorrhées teintées d’angoisses existentielles du personnage de Winnie, sa situation pour le moins inconfortable — sur scène, elle est enlisée jusqu’à la taille, puis jusqu’au cou, sous un monticule de terre —, jurait avec le titre de la pièce. Pourtant, à bien y regarder, la Winnie de Beckett s’acharne bien plus qu’elle ne se lamente : elle se sert d’une parole conative, dont le but est de faire agir, réagir son destinataire. À l’instar de la pièce de Beckett, l’une des thématiques proposées par le festival explore « ce que peut la littérature ». Or, en tant que tentative de saisie du monde par un outillage langagier sophistiqué, on peut imaginer qu’elle ait un véritable pouvoir : celui de transformer le rapport sous lequel on perçoit le réel, et donc, celui de changer l’usage qu’on en fait. Le personnage de Beckett se demande ce qu’elle ferait si les mots « la lâchaient ». La même question se pose pour la littérature. Mais tant que les mots et la mise en mots littéraire subsistent, nous avons encore toutes les raisons de parler des beaux jours.  

Gaëlle Desnos

 

Festival Oh les beaux jours ! : du 24 au 29/05 à Marseille.

Rens. : https://ohlesbeauxjours.fr

Le programme du festival Oh les beaux jours ici