PACE (François Parra & Fabrice Cesario) + Virgile Abela + eRikM & Stéphane Cousot

Trois performances audiovisuelles : Le chant des machines de PACE (François Parra & Fabrice Cesario), Feedback acoustique de Virgile Abela et Zome d'eRikM & Stéphane Cousot

 

PACE - François Parra & Fabrice Cesario

François Parra (voix)
Né en 1968 - Vit à Marseille.
François Parra a une formation de plasticien. Dès le départ, il travaille le son dans son rapport à l’espace. Il réalise d’abord des interfaces de production sonores liées à son corps, jusqu’à ce que celles-ci occupent progressivement l’espace de manière autonome.
Formé aux techniques de l’audionumérique dans les studios du GMEM, à Marseille, les rencontres avec certains compositeurs l’amènent à se préoccuper de questions d’écriture temporelle, tout en conservant un vocabulaire de plasticien. Le son est avant tout pour lui un matériau restructurant indéfiniment l’espace, et donc modifiant notre rapport social. Avec l’évolution des technologies, il propose au public de manipuler, d’abord par l’usage de capteurs gestuels, puis par l’utilisation d’interfaces conçue pour le web, des programmes qui captent certains types de sons et les intègre dans des compositions.
Il est ou a été membre de plusieurs collectifs d‘artistes, Daisychain, NøDJ/NøVJ, Cap15.
Il enseigne l’audionumérique à l’école des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence et travaille régulièrement pour le spectacle vivant, la radio, la vidéo.


Fabrice Césario (synthèse modulaire) Fabrice Cesario (1973 , Fr.) est un artiste sonore, concepteur d’instruments, luthier électronique qui aime manipuler des objets sonores électroacoustiques. D’abord peintre passé maître dans l’art du Circuit - Bending, il travaille aujourd’hui avec un système modulaire Cwejman (synthèse analogique & numérique). Il accompagne les formes sonores en les poussant aux limites de la détérioration, par un traitement de textures bruitistes dans un jeu d’improvisation. Il joue des caractéristiques erratiques et des processus interactifs complexes propres à son «module-instruments». Il introduit par le geste et dans la création d’instrument ce qu’il nomme «l’erreur sensible», entendu comme «le moteur des possibilités».

C’est ainsi qu’il crée des univers sonores en constante évolution. Selon lui, l’erreur est essentielle à la création de systèmes cohérents et différenciés permettant de sortir du continuum homogène propre à la modernité. Passionné de recherche, de science et de littérature, sa musique tisse des liens entre lectures, questionnements, voyages, prises de positions politiques, expériences de concepts, d’émotions, de la vie quotidienne... Il développe également des ateliers et conférences autour de «l’électronique et du geste» depuis une dizaine d’années. Il a ainsi collaboré avec différents artistes tels que : Christian Wolfart, Arno Paquotte, Michel Doneda, Zbigniev Karkowski, Evil Moisture, Erik Minkinnen (Sister Iodine), Antez, Barre Phillips, Davide Barbarino et Norbert Stammberger (label GNU), etc. Il développe actuellement le projet Danse avec Emmanuelle Grangier Compagnie P.A.S. et le philosophe Ludovic Duhem. Il est également impliqué dans le domaine de la poésie avec Jean-Jacques Viton, Lilianne Giraudon, Arno Calleja ou encore Hubert Colas.


Le chant des machines
Selon le principe des Machines Désirantes énoncé par Gilles Deleuze, celles-ci ne produisent du désir que lorsqu’elles dysfonctionnent. Nous poussons pour ce faire dans leurs retranchements des machines habituellement dédiées à la communication pour produire un langage dans lequel nous abandonnons temporairement le sens pour entrer dans le son. Par la mise en relation des deux organismes, nous laissons en advenir un nouveau, hybride, de chair et d’électronique.
Nous le laissons produire, nous mettons à son écoute, dé-automatisons les gestes, laissons advenir le non-contrôle.
La musicalité qui en résulte remet en jeu la place et la fonction des corps dans notre environnement électronique.
Le synthétiseur y fabrique des sons parasites - de ceux que l’on n’écoute généralement pas - lorsque la voix travaille à la production d’un infralangage avorté, qui joue à la limite du faisable avec l’appareil phonatoire.
Nous jouons dans la pénombre, très amplifiée, captons, produisons des flux. Ils ouvrent des espaces temporaires libres à l’intérieur de celui des machines de contrôle.
Car si voir c’est prévoir, entendre c’est explorer. Ce projet s’inscrit dans la tradition «Cagienne» de la conception du sonore. L’objet sonore se crée dans l’instant entre les deux hautparleurs puis disparait. Il s’est entretemps inscrit dans les corps comme une trace singulière.


 

Pendule acoustique, Installation sonore et visuelle - 2019

Virgile Abela
Virgile Abela explore « les mondes du sonore » à travers le temps et sa matière, dans la transdisciplinarité. Aux côtés de Lucien Bertolina, il développe l’activité du studio de création Euphonia à Marseille et assiste le compositeur Luc Ferrari pour la création « Archives Sauvée des eaux ». Il collabore avec Pierre-Yves Macé, Jon Rose, Raymond Boni, Pakito Bolino & le Dernier Cri. Il fonde le groupe ROSA avec qui il ouvrira des concerts pour Art Ensemble of Chicago et Gong, dont le disque the gift, pré-produit par le producteur de jazz américain Alan Douglas, est distribué par Orkestra en 2007. Il crée plusieurs pièces électroacoustiques, radiophoniques, musiques de concert et de spectacle, en Europe et Canada.

À partir de 2009, il développe des dispositifs amplifiés et explore le feedback comme paysage sonore immersif, hors frontalité. Avec le Québécois Jean-François Laporte, ils fondent le duo Inner Island et créent plusieurs pièces au temps étiré, jouant avec l’acoustique des lieux. Il décline cette recherche en solo, ou en duo improvisé avec Nicolas Dick ou David Merlo, avec qui il fonde aux côtés de Damien Ravnich le groupe HOAXHOAX, dont le disque Shot Re Volver sort sur 4 labels en Europe et Amérique du nord.

Depuis 2017, il se plonge dans la programmation informatique avec Julien Bayle et développe avec le Laboratoire de mécanique et d’acoustique du CNRS, le projet Pendule Acoustique, mettant en corrélation l’acoustique et la gravité de manière générative.

Parallèlement, il compose de nombreuses musiques pour le spectacle vivant (théâtre du Centaure, Cie Soleil Vert), crée des dispositifs sonores immersifs (Jean-Michel Bruyère - collectif LFKs -, Lieux Fictifs), et enseigne les musiques expérimentales en licences et master pour la formation Musicologie et Acoustique, à Aix-Marseille Université.


Feedback acoustique
Pendule Acoustique est un projet d’installation immersive et modulable mettant en corrélation de manière générative, acoustique et gravité. En écho au pendule de Foucault, cette installation cinétique anime un écosystème vivant dans l’espace et dans le temps. Il génère son propre son par un feedback électroacoustique à travers l’acoustique du lieu, et son mouvement à partir de sa propre fréquence de résonance, depuis l’immobilité. Par le détournement artistique d’une théorie physique, Pendule Acoustique propose une interprétation plastique et sonore de la pesanteur. Pour la 15e édition du festival GAMERZ Virgile Abela proposera une version performative du pendule.


 

'Zome', Performance audiovisuelle, streaming & temps réel - 2018

eRikM & Stéphane Cousot
Stéphane Cousot et Erikm travaillent périodiquement ensemble depuis 2007. Leur rencontre s’est faite dans le cadre d’une demande d’Erikm pour son travail vidéo.
Stéphane Cousot a mis à disposition des banques de données visuelles Trace, Asci &Tracking qu’il a développé avec le logiciel libre Processing. Depuis 1992, eRikm étend son terrain d’expérimentation artistique sur les scènes internationales. Attentif au maintien de la fusion entre pensée, instinct et sensibilité, il ose la simultanéité des pratiques et la mise en tension de différents modes de composition, dans et avec tous les langages.

eRikM
Virtuose des arts sonores, développe une approche ouvertement prospective du médium technologique. Il conçoit, seul ou en collaboration (avec Luc Ferrari, Christian Marclay, Mathilde Monnier, Les percussions de Strasbourg, FM Einheit…), des œuvres transversales qui constituent une vision caléidoscopique singulière et mettent en tension l’intime et le politique, le populaire et le savant.

Stéphane Cousot
Plasticien, enseignant, chercheur, développeur, webdesigner, né en 1973 à Nancy, France. Successivement diplômé de l’Université de Paris VIII, de la Villa Arson, de l’école d’art d’Aix-en-Provence, son passage par ces écoles ouvre une série d’études et de réflexions personnelles sur les pratiques et les outils numériques en partant du code, des langages et des environnements informatiques, comme support hybride de création et de translation du réel vers une forme poétique (image, vidéo, son, flux). De cette pratique des nouveaux médias, couplée à la connaissance des technologies réseaux, des bases de données et des langages hypermédias, il est amené à enseigner les arts plastiques à l’Université Paul Valéry (Montpellier), en master professionnel « Création Numérique » à l’Université Aix-Marseille, et inviter à animer de nombreux workshops ou suivi de projets à L’École National des Arts Décoratifs (Paris) et l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence. En parallèle, depuis 2005, dans l’idée de facilité l’enseignement de la programmation et d’enrichir les expériences technologiques dans les cursus artistiques, il mène un travail de développement d’outils open source d’analyse et traitement de l’image en temps réel, de transport de données géolocalisées sur le réseau, d’interfaces sur supports mobiles et électroniques.
Par extension, il entame une série de collaborations pluridisciplinaires, entre créations et performances lives pour le théâtre (Alain Béhar), la danse (Young-ho Nam, cie l’Imparfait), la musique électronique (eriKm) ou improvisée (Barre Phillips, Catherine Jauniaux) et intègre en 2011 le monde de la recherche au sein du laboratoire de Recherches en Arts audio Locus Sonus.


Zome
Zome a la caractéristique de se nourrir mutuellement de sources sonores et visuelles issues du réel et en temps réel, au travers de flux disponibles sur Internet.
Certaines sources sonores sont libres d’accès via une plateforme en ligne que Stéphane Cousot a développée dans le cadre de recherches à Locus Sonus, laboratoire en arts audio. L’image temps quant à elle, provient de plateformes lambdas. Le processus de création se déploie autour d’un dispositif « table » commun où les deux protagonistes sont face à face, écrans dos à dos. Ils partagent au-delà de leur dispositif respectif, un atelier électromagnétique et lumineux à base de LED et d’optique vidéo. Les sources sonores sont générées par les variations de tension électriques des Leds. Ces alternances lumineuses et sonores sont intégrées aux flux de données visuelles et sonores issues du web. Chaque source est susceptible d’être traitée, analysée et transformée, puis couplée et réencodée formant in fine un macro paysage abstrait composé d’autant de feedback sur sa propre temporalité.

École supérieure d'Art d'Aix-en-Provence Félix Ciccolini
Le jeudi 14 novembre 2019 à 19h30
Entrée libre
http://www.festival-gamerz.com/
Rue Emile Tavan
13100 Aix-en-Provence
04 65 40 05 00

Article paru le mercredi 13 novembre 2019 dans Ventilo n° 437

Festival Gamerz 2019

Art Tech

 

En quinze ans, Gamerz est devenu incontournable dans le paysage des arts multimedia. Formidablement inauguré par l’exposition de Paul Destieu à la Galerie des Grands Bains Douches en septembre à Marseille, le festival porté par M2F Créations revient à Aix pendant dix jours pour effleurer nos cinq sens avec moult expositions, performances, workshops et conférences.

  Gamerz a su s’ancrer comme l’un des festivals les plus attendus du territoire et désormais aussi à l’international… Depuis quinze ans déjà, la manifestation aixoise salue les initiatives d’artistes en quête d’un nouveau monde : celui des technologies avancées. Présenté comme un circuit culturel mêlant la ville aux différentes problématiques artistiques, Gamerz nous projette dans des univers robotisés, à l’intelligence raisonnée. Plusieurs expositions viendront imager l’intention : les animaux génétiquement modifiés de France Cadet, le désir et l’amour-humour de Fabrice Métais, le film d’un cheval revêtu d’un déguisement de cheval de Julius Von Bismarck, ou l’obsolescence « reprogrammée » de PAMAL_Group avec 3615 Love. Entre relations populaires et réseaux résolument sociaux s’ensuivent des performances inédites. Le Chant des machines, de François Parra et de Fabrice Césario, explore ainsi les espaces temporaires du son. En apesanteur, Virgile Abela détourne quant à lui le pendule de sa fonction première et repousse la gravité à son maximum. Au programme également, des conférences ayant pour thème « Art, technique, matière et idée », animées par les philosophes scientifiques Fabrice Métais et Jean-Michel Salanskis, qui viendront questionner le rapport à l’autre par l’enjeu technologique. Sans oublier Lico et ses glanages de vidéos montées à 280 BPM ou encore le son exotique de Pépé, « Dj mi-femme, mi-bateau ». Et de quoi s’immerger dans des espaces parallèles ou jouer avec Pang Pang Club lors d’un workshop à la rencontre de jeux indépendants expérimentaux. Résolument dans l’avant-garde, Gamerz propose des médiations et des visites afin de permettre à tout un chacun d’appréhender au mieux ces nouvelles formes artistiques. L’entrée est libre et gratuite. À vous de choisir, donc, si vous voulez, ou non, vous immiscer dans le game…  

Zac Maza

 

Festival Gamerz : du 13 au 24/11 à Aix-en-Provence.

Rens. : www.festival-gamerz.com

Le programme complet du festival Gamerz ici