Nous (et) les animaux (V.O.)

Cycle consacré à la relation entre les hommes et les animaux, dans le cadre de la Biennale de l’art et de la culture d’Aix-en-Provence

Dès la fin du XIXe siècle, les travaux protocinématographiques d’Étienne-Jules Marey et d’Eadweard Muybridge visaient à comprendre, en le décomposant, le mouvement des animaux (Muybridge inventa d’ailleurs un jouet optique appelé le zoopraxiscope). Depuis, les animaux sont omniprésents au cinéma, toutes sortes d’animaux : mammifères, insectes, poissons, reptiles, etc. jusqu’à devenir des personnages à part entière, fidèles compagnons de l’homme (ou de l’enfant), dangereux prédateurs, ou encore sujets d’étude (voir les hippocampes et autres pieuvres des films scientifiques de Jean Painlevé), sans oublier les toons issus des films d’animation (Bugs Bunny, Daffy Duck…).

 

À travers fictions et documentaires, l’Institut de l’image propose, dans le cadre de la Biennale de l’art et de la culture d’Aix-en-Provence, de revisiter notre relation aux animaux, ou comment le cinéma a filmé, représenté, admiré et observé les bêtes, comment notre un rapport au vivant, « nous » a rendu complices ou adversaires selon les époques et les points de vue des cinéastes.

Institut de l'Image - Cinéma de la Manufacture
Du 4 mars au 29 mars 2022
4/8 €
Rens. 04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Cité du Livre - 8 rue des allumettes
13100 Aix-en-Provence
04 42 26 81 82

Article paru le mercredi 2 mars 2022 dans Ventilo n° 459

Cycle « Nous (et) les animaux » à l’Institut de l’Image

Bêtes de scènes

 

En mars, l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence nous offre un cycle passionnant, « Nous (et) les animaux », explorant en une quinzaine de films, et une nuit entière de projections, la place du règne animal dans le récit cinématographique, en présence du critique Camille Brunel.

    Nous le rappelons régulièrement dans ces colonnes, les origines du cinéma sont intimement liées à la science, devenue hégémonique dans la seconde moitié du 19e siècle. Chercheurs majeurs dans l’émergence du cinématographe, Étienne-Jules Marey, Eadweard Muybridge et même Émile Reynaud mirent en lumière les premières techniques de reproduction du mouvement, filmant ou animant parfois le monde animal, comme en témoigne Animal Locomotion de 1887. Dès lors, les animaux seront omniprésents sur la pellicule : véritables personnages de récits, tantôt alliés tantôt ennemis de l’espèce humaine, leurs apparitions imaginaires, sur l’écran, coïncident paradoxalement avec leur disparition du réel, dans une nouvelle ère industrielle. Comme le rappelait le critique Camille Brunel, « le cinéma n’a pas beaucoup filmé de vrais animaux, et ce depuis ses origines. Le cinéma est né quand les animaux étaient morts. Fatalement, le cinéma de la nature, Jean Painlevé compris, est d’abord un cinéma de l’animal faux, enfermé, prisonnier, encagé, parce qu’au moment des premières caméras, toutes les forêts sont vides. » L’éminent auteur de l’essai Le Cinéma des animaux sera ainsi l’un des invités du nouveau et passionnant cycle que l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence consacre en mars au règne animal au cinéma. Camille Brunel accompagnera en effet, le samedi 5 mars, la séance de l’incontournable film de Frédéric Rossif, de 1975, produit par Sergio Leone, La Fête sauvage. Comme le soulignait fort justement le cinéaste : « C’est un film qui commence là où le documentaire finit. Les animaux sont des acteurs privilégiés. Avant que l’homme n’apparaisse, ils ont peuplé nos rêves : les animaux sont notre mémoire noire. Ils nous rappellent le temps ancien où nous bougions encore comme eux. » Au programme de ce sémillant cycle, nous retrouvons bien évidemment quelques classiques à (re)découvrir sans réserves sur grand écran, du mythique King Kong de Merian Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack, à La Chasse au lion à l’arc que Jean Rouch filma à la frontière du Mali et du Niger, en passant par Les Oiseaux, qu’un troublant fait divers survenu dans la ville de Santa Cruz parvint Alfred Hitchcock de réaliser, d’après la nouvelle de Daphné du Maurier, le fascinant Phase IV de Saul Bass, sans oublier l’inoxydable Les Dents de la mer de Steven Spielberg. Comme à l’accoutumée, de belles perles cinématographiques élèvent plus encore ces cycles de haut vol : c’est le cas ici du terrifiant White God de Kornél Mundruczó, Le Cheval de Turin de Béla Tarr ou Long week-end de Colin Eggleston. Enfin, l’équipe de l’institut de l’Image nous propose une plongée animale, vertigineuse et nocturne, avec, le samedi 26 mars, une nuit entière de projections, suivie du café et des croissants, avec au menu, entre autres, Le Loup-garou de Londres de John Landis, Razorback de Russel Mulcahy ou l’incroyable documentaire Roar, de Noel Marshall, que l’on retrouve avec sa compagne — et actrice des Oiseaux — Tippi Hedren et sa belle-fille Mélanie Griffith, vivant bien dangereusement au milieu de lions en liberté !  

Emmanuel Vigne

   

Cycle « Nous (et) les animaux » : du 4 au 29/03 à l’Institut de l’Image – Cinéma de la Manufacture (Cité du Livre, Aix-en-Provence).

Rens. : www.institut-image.org

Le programme complet du cycle « Nous (et) les animaux » ici