Digital Alter

Œuvres multimedia de France Cadet, Fabrice Métais, Olivier Morvan, PAMAL_Group, Julius Von Bismark, Jon Rafman et Antonio Roberts


France Cadet 'embryogenèse poly-gonade' - 2018

France Cadet
http://www.cyber-doll.com

France Cadet est une artiste de l’hybridation art-science. De sa formation en biologie elle en a gardé un goût pour l’anatomie. Ni technophobe, ni technophile, France Cadet questionne le rapport que nous entretenons avec la technologie. Elle s’intéresse aux mutations technologiques de notre monde, à notre devenir cyborg, notre fusion avec la machine. Cette exposition nous plonge dans ces interrogations.


Demain les robots
Installation vidéo, 7 écrans, loupes avec filtre polarisant. 2019 - Production Lab Gamerz

L’avenir semble irrémédiablement appartenir aux robots et à l’intelligence artificielle, mais y avons-nous encore une place ? Demain serons-nous tous robots ? Devrons-nous nécessairement fusionner avec la machine pour ne pas être dépassés par celle-ci comme le prônent les plus fervents transhumanistes ? Ultimement l’esprit pourrait-il exister seul dans la machine ?
Les avancées en matière de clonage reproductif associées à l’arrivée des premiers utérus artificiels permettront bientôt l’ectogenèse (grossesse à l’extérieur du corps) imaginée par Aldous Huxley dans le meilleur des mondes. La reproduction humaine pourrait ainsi s’affranchir de notre corps biologique.
L’installation « Demain les robots » explore cette prospective et propose des matrices artificielles nourricières dans lesquelles des bébés robots sont en gestations.
Elle dépeint une projection futuriste où l’homme aurait disparu, comme le présupposaient les chiens de Clifford D. Simak en 1952 dans son recueil « Demain les chiens ».
Des loupes organiques munies de filtres polarisants permettent au public d’entrevoir cette spéculation de l’autre côté du miroir.

Hommage au Dodo
Animation 3D et dispositif holographique 2019 – Production Lab Gamerz

Un dispositif de projection holographique permet la renaissance virtuelle d’un Dodo le temps d’une révolution.

Embryogénèse poly-gonades
Impression 3D - 2018

Cette sculpture en impression 3D représente les 8 stades de l’évolution embryonnaire d’un bébé robot. À la façon d’une division cellulaire organique, le tétraèdre initial se fragmente en polygones de plus en plus nombreux, en maillage de plus en plus précis, aboutissant au bébé robot prénatal fonctionnel.

FACS-simulé
Vidéo animation 3D - 2019

Ces créatures cyborgs, autoportraits de l’artiste déclinés selon les archétypes du robot, semblent immobiles et prendre la pose, tout en nous fixant du regard. Elles arborent d’étranges mouvements de visage, des clignements de paupières fugaces ou de légers rictus. Ces micro-expressions faciales (FACS) ne paraissent pas encore totalement maitrisées par ces gynoïdes s’adonnant à l’exercice des émotions simulées. Ces mimiques nous plongent dans la vallée de l’étrange décrite par le professeur Masahiro Mori face à des robots hyperréalistes, mais imparfaits. Conscience simulée, ce petit supplément d’âme numérique reste inachevé et perceptible… mais jusqu’à quand ?

Leçons de choses 2.0
Cartes scolaires, encre invisible UV 2019 – Production Fruitière Numérique

Sur un ensemble de cartes scolaires qui ont vocation à enseigner la botanique, la zoologie ou encore l’instruction civique, France Cadet vient apposer des modifications avec des encres invisibles UV, mettant en lumière les rapides mutations de notre monde.
À l’heure d’une anthropocène avérée, notre impact sur la planète semble inexorable et irréversible: diminution de la biodiversité, altération du climat, écologie en danger, omniprésence des technologies et de l’IA, hyper-connexion numérique … Le public est amené à se munir d’une lampe torche UV, et tel un explorateur des temps modernes, il accède à une vision contemporaine de ces préceptes et les changements de paradigmes qui en découlent.

Galerie d’espèces disparues
Impression jet d’encre, encre invisible UV 2019 – Production Fruitière Numérique

Cette série de planches anatomiques représente des espèces animales éteintes à cause de l’activité humaine. Seul le nom latin du taxon apparait, l’animal semblant avoir disparu. Néanmoins, grâce à une lampe torche UV, le public peut à nouveau observer ces espèces.

Man vs Machine
Édition jet d’encre, encre invisible UV 2019

L’homme a toujours cherché à se mesurer à la machine, avec plus ou moins de succès. Cette galerie de portraits retrace cet historique.

FACS » « FACE ++
Édition jet d’encre, encre invisible UV 2019

Cette série d’éditions UV dépeint les prouesses et les échecs de l’IA au service de la surveillance humaine : reconnaissance faciale, décryptage des émotions, analyse des données biométriques…


 

'Une pliure dans le ciel'

Fabrice Métais
http://www.fabricemetais.fr/aa/

Fabrice Métais est aujourd’hui artiste, et chercheur en philosophie et sciences cognitives. Son parcours est marqué par une forte interdisciplinarité.
Dès sa formation d’ingénieur, au début des années 2000, alors qu’il étudie l’ingénierie et les interfaces humains-machines à l’Université de Technologie de Compiègne, il se familiarise avec la phénoménologie et la philosophie de la technique (Leroi-Gourhan, Simondon, Derrida, etc.)

Convaincu que l’enjeu technologique n’est pas tant celui de la connaissance et du pouvoir, mais avant tout celui du désir et du rapport à l’autre, il développe une pratique artistique multisupport (performance, poésie sonore, installations interactives, etc.) qui met en scène le passage des gestes d’amour dans les médiations techniques – dans les rouages des mécanismes, dans le cuivre des câbles, dans les 0 et les 1 des fichiers numériques, dans les langages et les programmes.
« Toucher l’autre par le monde : approche phénoménologique, éthique et érotique de la technologie » est le titre de la thèse de doctorat (recherche/création) qu’il défend en 2013, concomitamment à sa première exposition personnelle Amour Augmenté, Dramaturgie (Espace des Minimes, Compiègne).
Au bénéfice d’une fréquentation soutenue de la philosophie d’Emmanuel Levinas, son approche de la technique, au prisme du désir, prend un tournant fondamentalement « métaphysique » en 2015 à l’occasion de l’exposition Asymétrie Radicale (Galerie de la Voûte, Paris).
Depuis 2014, il poursuit sa démarche de recherche et création en tant que Maitre de conférences au département Arts plastiques de l’Université Aix-Marseille et dans le laboratoire interdisciplinaire Perception Représentations Image Son Musique (UMR 7061).


L’intrigue
L’altérité est prise au jeu du monde, mais ne s’y résout pas. Et l’expérience s’échauffe de ce contact impossible. Explorer l’entrelacs primitif de l’être et de l’autre, tel est le motif déployé dans L’intrigue. Par un ensemble de gestes simples – actions diverses, protocoles, installations, images – s’y dessinent, de proche en proche, les contours métaphysiques d’une étreinte entre le visage et le monde.
Compter les jours d’impatience, les oublis, les pensées. Interrompre des conversations. Dans les recoins de l’architecture, rencontrer quelqu’un. Placer ses amis suivant des compositions géométriques. De la contingence, faire un bouquet. Comme si la caresse, le don, et l’outrage pouvaient donner – avec malice, mais sans trop de façon – leurs formules élémentaires. Sur de modestes supports de bois, les documents, les idées se regroupent en de petites unités formelles autonomes. Parfois un écran, un enregistrement. L’exposition offre au visiteur un parcours ludique et poétique, replaçant l’urgence de nos actualités technologiques dans la perspective d’une anthropologie philosophique, tournée vers l’autre.

L’intrigue est un projet qui articule art et philosophie. Il a été développé avec le soutien de la Cellule de Culture Scientifique et Technique de l’Université Aix-Marseille et du laboratoire PRISM (Perception Représentations Image Son Musique - CNRS/AMU).


 

Olivier Morvan

Olivier Morvan
http://www.escapologique.net

Employant principalement le dessin, la vidéo et l’installation, le travail d’Olivier Morvan est polymorphe et polysémique. Il se développe depuis le milieu des années 2000 sous la forme du projet escapologique (successivement présenté en France, en Allemagne, en Slovénie, en Belgique, au Canada). Au travers d’expositions-épisodes, celui-ci construit progressivement un vocabulaire à partir de formes récurrentes qui, glissant entre ces différents médiums, tissent dans la durée de multiples résonances pour développer un univers aux frontières mouvantes que peuplent hybrides, fantômes et autres réminiscences. L’installation présentée à Gamerz associe ainsi dans un agencement inédit des pièces anciennes et nouvelles où transparaissent les thèmes du masque, de l’absence, de l’identité.


Meme
Imprégnées de multiples références, suggérant des décors de théâtre ou de cinéma, se jouant des codes et parfois de nos perceptions, envisagées comme des collages dans l’espace et des “petites usines à fictions”, les installations d’olivier morvan, souvent teintées d’un humour absurde et parfois grinçant, associent des éléments hétéroclites qui, en évoquant tout à la fois des chantiers en cours, des pièces archéologiques incongrues, des trompe-l’œil, des objets trouvés ou perdus, sèment le trouble sur leur statut comme dans les conventions d’exposition. Paraissant se répondre, ces éléments semblent constituer des suites d’indices aux allures de rébus. Que se soit par la figuration de nos multiples prothèses techniques ou en usant d’effets de paréidolie, ils évoquent un corps absent, une présence en creux, totémique. Miroir sans reflet du corps du spectateur, ce centre vide interroge, dans un face à face virtuel, notre condition. Associant pièces anciennes et récentes dans un assemblage inédit, « MEME » accumule ces évocations fantomatiques, faisant de ces absents le germe d’une invisible foule. La récurrence de certains motifs dans cet ensemble de pièces produites sur une période de plus de dix ans produit de multiples échos qui semblent animer cet attroupement d’une rumeur silencieuse.


- Le cercle de craie, détritus, peinture noire, projecteur, 2007
- Gloire, bois, projecteur, 2008
- Passage, dessin animé, 2008
- Suite (extraits), dessins sur papier, 2009
- L’appel, sérigraphie, 2010
- Piège, bois, peinture noire, menottes, 2012
- Fluides, triptyque sur papier, 2013
- Visions, dessins tirés en photocopie, 2014
- Morituri I (extraits), dessins sur papier, 2015
- Singe, dessin tiré en photocopie, 2018
- Morituri II, ensemble sur socles, 2019


 

'3615 Love'

3615 Love, PAMAL_Group
feat. JACQUES-ELIE CHABERT, EDUARDO KAC, MARIE MOLINS, CAMILLE PHILIBERT
http://www.pamal.org

PAMAL_Group est un groupe artistique médiarchéologiste européen, composé d’artistes, théoriciens des média, conservateurs-restaurateurs et ingénieurs. PAMAL_Group centre ses recherches et son activité artistique sur les effets des média techniques numériques sur le monde de l’art, les œuvres d’art et leur préservation.

PAMAL_Group crée ses propres œuvres à partir d’œuvres d’art numérique disparues ou fortement endommagées en raison de l’obsolescence des logiciels et matériels informatiques. Ses travaux cherchent à rendre sensible la vulnérabilité d’un art fortement dépendant des logiques industrielles. Toutes les œuvres que le collectif reconstruit, au plus près des matérialités d’origine, parfois de façon lacunaire, sont traitées comme des archives. Dans l’installation 3615 Love, dédiée à l’art télématique, PAMAL_Group a reconstruit ou accueilli les œuvres de Jacques-Elie Chabert et Camille Philibert (L’Objet perdu, 1985), Eduardo Kac (Videotext Poems, 1985-1986) et Marie Molins (2018).


 

Et les œuvres de :
 

'A race horse for Christmas' - 2017
Extrait, vidéo full HD couleur, son stereo, 12 min 32 sec
© Studio Julius von Bismarck et VG Bild-Kunst, Bonn 2019.
Courtesy du Studio Julius von Bismarck et Alexander Levy,
Marlborough Contemporary, Sies + Höke
 

Julius von Bismarck
http://www.juliusvonbismarck.com

Julius von Bismarck (né en 1983 à Breisach en Allemagne) a fait des études en Communication visuelle à l’Université des arts de Berlin, il a complété sa formation sous la direction d’Olafur Eliasson à l’Institute for Spatial Experiments et a obtenu un master en art (MFA) à l’Hunter College, New York.
Avec une approche interdisciplinaire, il explore nos habitudes perceptives et emploie des méthodes scientifiques pour offrir un point de vue inédit sur notre environnement afin de remettre en question nos perceptions de l’espace. Son travail peut le conduire à passer une semaine sur une soucoupe en rotation ou encore à transférer un poisson rouge vivant en eau douce, dans l’eau salée et glaciale de l’Antarctique. Dans ses œuvres récentes telles que Talking to Thunder et Irma to Come in Earnest, von Bismarck se concentre sur la notion de Nature et sur les catastrophes naturelles en particulier. L’artiste a présenté son travail dans de nombreuses expositions personnelles, notamment au Palais de Tokyo à Paris (2019), au Kunstpalais Erlangen (2018), à la Städtische Galerie Wolfsburg (2017) et au Kunstverein Göttingen (2015). Julius von Bismarck a reçu plusieurs prix, notamment le Wolfsburg Art Prize (2017), le Prix Ars Electrica Collide @ CERN et le Golden Nica Award (2008).


A race horse for Christmas
Ce film présente un cheval revêtu d’un déguisement de cheval, ses mouvements sont ici documentés et filmés. Du fait de leurs attentes culturelles et historiques, les spectateurs supposent qu’il s’agit en fait de deux personnes en costume. En y regardant plus attentivement, certains mouvements révèlent pourtant la présence de l’animal dissimulé et non d’êtres humains.
Partant de ce trouble perceptif, A race horse for Christmas soulève différentes questions liées à nos perceptions, nos facultés d’observation, nos attentes et nos premières impressions.
Que reconnaissons-nous de nos propres perceptions quand nos attentes sont tout à coup bouleversées ?
A race horse for Christmas joue avec ces paradoxes entrainant une dissolution de ces barrières. Ce processus s’étend au-delà d’une prise de conscience soudaine ; il entraîne une suite de réactions marquées par le doute et la surprise.
Cette ruse vient alors contrarier le point de vue du spectateur sur les présumés hommes déguisés et ce qu’il attend d’eux, provoquant une remise en question des relations entre l’homme et l’animal. Les spectateurs se trouvent contraints de faire face à une nouvelle impression qui remet sans cesse en cause leurs attentes.


 

Poor Magic - 2017
Extrait, vidéo couleur full HD, son stereo, 7 min 7 sec
Courtesy de l’artiste Jon Rafman

Jon Rafman
https://www.jonrafman.com

Jon Rafman est né en 1981 à Montréal, au Canada. Il a étudié la philosophie et la littérature à l’université McGill à Montréal,il est titulaire d’une maîtrise en art (MFA) de la School of Art Institute de Chicago. Son travail explore l’impact de la technologie sur la conscience contemporaine en s’appropriant la richesse du vocabulaire issu des univers virtuels pour créer des récits poétiques traitant du présent de manière critique.

Parmi les récentes expositions individuelles de Rafman, on peut citer « The  mental Traveller  », Fondazione Modena Arti Visive (2018), « Dream  Journal  6’ -  7’ » , Sprueth Magers Berlin (2017), « I Have Ten Thousand Compound Eyes and Each is Named Suffering », au Stedelijk Museum, à Amsterdam (2016), et diverses œuvres au Westfälischer Kunstverein, à Münster (2016), au Musée d’art Contemporain de Montréal (2015) et à la Zabludowicz Collection à Londres (2015).
Ses œuvres ont été présentées dans d’importantes expositions collectives internationales comme la 58e Biennale de Venise (2019), « Leonard Cohen: A Crack in Everything », au Musée d’Art Contemporain de Montréal (2017), « After Us » à la K11 Art Foundation de Shanghai (2017), « Suspended Animation », à Les Abattoirs, Toulouse (2017), la Biennale de Sharjah (2017), la 9e Biennale de Berlin (2016), Manifesta Biennale d’art européenne 11 (2016), « The Future of Memory », à la Kunsthalle Wien (2015), «  peculations on Anonymous Materials », Fridericianum, à Kassel (2015) et la Biennale de Lyon (2015).


Poor Magic
Poor Magic (2017) de Jon Rafman, offre la vision d’une contre-utopie post-humaine dans laquelle des corps animés en 3D sont sans cesse torturés dans un environnement numérique abstrait.
La vidéo présente au spectateur un programme obsédant de séquences dont les motifs se répètent : la figure d’un avatar bleu sans traits particuliers, la vidéo d’une coloscopie, des rangées de silhouettes identiques qui se renversent et se percutent les uns contre les autres réalisées à l’aide d’un logiciel de simulation des mouvements de foule.

Sous la forme d’une élégie poétique, Poor Magic expose la conscience fragmentée d’une existence post-physique. Le film offre une image terrifiante d’un avenir dans lequel l’humanité tout entière se retrouve mise en ligne, indéfiniment maltraitée dans un purgatoire virtuel. Ou peut-être s’agit-il de la représentation brutale de notre époque et de l’effet qu’a la technologie sur notre chair et notre psyché ?


 

'I am sitting in a room', vidéo, 1min 01sec - 2010

Antonio Roberts
https://www.hellocatfood.com

Antonio Roberts est un artiste et commissaire d’exposition installé à Birmingham, au Royaume-Uni.
Il explore à travers sa pratique ce que représente la propriété individuelle et intellectuelle à une époque marquée par les technologies numériques.

Son travail a été présenté dans divers festivals et galeries, notamment « databit.me » à Arles (2012), « Glitch Moment/ums » à la Furtherfield Gallery, à Londres (2013), « Loud Tate: Code » à la Tate Britain, à Londres (2014), « glitChicago » à l’Ukrainian Institute of Modern Art de Chicago, aux États-Unis (2014), « Permission Taken » à Birmingham Open Media et à l’Université de Birmingham (2015-2016), « Common Property » à Jerwood Arts, à Londres (2016), « Ways of Something » au Whitney Museum of American Art à New York (2017), au Green Man Festival, au Pays de Galles (2017), au Barbican Centre, à Londres (2018), et « Copy / Paste » au Victoria and Albert Museum (2019).

Il a été commissaire pour des expositions et des projets tels que « GLI.TC/H » à Birmingham (2011), les éditions birminghamiennes de « Bring Your Own Beamer » (2012, 2013), « µChip 3 » (2015), « Stealth » (2015), « No Copyright Infringement Intended » (2017).

Il est membre du collectif d’artistes a-n, conseiller artistique pour Jerwood Arts et il a été, de 2014 à 2019, commissaire d’exposition chez Vivid Projects, où il a mis en place le programme d’accompagnement d’artistes Black Hole Club.


I Am Sitting in A Room
Inspiré par l’œuvre I Am Sitting in a Room d’Alvin Lucier, Antonio Roberts propose l’altération d’une information en utilisant l’application typographique « Dataface ». Si la technique du « glitch » nous permet d’observer le résultat du processus consistant à détériorer une image, une vidéo ou un son, il est rare que nous puissions appréhender le processus informatique à l’instant même où il se produit.

En s’inspirant du protocole performatif d’Alvin Lucier I Am Sitting in a Room créé en 1969, Antonio Roberts expose les nombreuses étapes liées à la détérioration numérique d’un texte jusqu’à la disparition même de tout son sens.
Dans cette expérience l’artiste s’intéresse aux fichiers informatiques de police de caractères servant à attribuer un style typographique particulier au texte visible à l’écran. L’ordinateur traite ses données comme un simple attribut de texte et les interprète, quel que soit l’aspect graphique de la police utilisée.
L’artiste utilise ici un script informatique (créé en collaboration avec G. Bulmer) qui explore les fichiers de police et les détériore en rendant aléatoires les valeurs attribuées à chaque glyphe de caractère. En suivant les instructions du script, l’ordinateur dégrade continuellement ces fichiers de police, jusqu’à leur corruption totale. La vidéo résultant de cette expérience documente la détérioration progressive de ces données. Le spectateur perd petit à petit le sens du texte au profit d’un bruit visuel apparent. La traduction complète de ce texte est la suivante :

"Je suis assis dans une pièce différente de celle où vous vous trouvez maintenant. J’ai tapé ce texte en utilisant une police dénommée Dataface et je vais rendre aléatoires des éléments du code des fichiers de la police et en enregistrer chaque fois le résultat, jusqu’à ce qu’elle devienne illisible et que les fichiers de police soient totalement détruits. Vous pourrez alors voir les effets de cette randomisation, avec l’apparition de bugs lorsque le fichier de police sera tellement endommagé que l’ordinateur ne sera plus en mesure de le déchiffrer. Je ne considère pas tant cette activité comme une démonstration de ma capacité à modifier des polices, mais davantage comme un moyen d’éradiquer tout le sens que ce texte pourrait produire."


Fondation Vasarely
Tlj, 10h-18h
Entrée libre
http://www.festival-gamerz.com/
Avenue Marcel Pagnol
13100 Aix-en-Provence
04 42 20 01 09

Article paru le mercredi 13 novembre 2019 dans Ventilo n° 437

Festival Gamerz 2019

Art Tech

 

En quinze ans, Gamerz est devenu incontournable dans le paysage des arts multimedia. Formidablement inauguré par l’exposition de Paul Destieu à la Galerie des Grands Bains Douches en septembre à Marseille, le festival porté par M2F Créations revient à Aix pendant dix jours pour effleurer nos cinq sens avec moult expositions, performances, workshops et conférences.

  Gamerz a su s’ancrer comme l’un des festivals les plus attendus du territoire et désormais aussi à l’international… Depuis quinze ans déjà, la manifestation aixoise salue les initiatives d’artistes en quête d’un nouveau monde : celui des technologies avancées. Présenté comme un circuit culturel mêlant la ville aux différentes problématiques artistiques, Gamerz nous projette dans des univers robotisés, à l’intelligence raisonnée. Plusieurs expositions viendront imager l’intention : les animaux génétiquement modifiés de France Cadet, le désir et l’amour-humour de Fabrice Métais, le film d’un cheval revêtu d’un déguisement de cheval de Julius Von Bismarck, ou l’obsolescence « reprogrammée » de PAMAL_Group avec 3615 Love. Entre relations populaires et réseaux résolument sociaux s’ensuivent des performances inédites. Le Chant des machines, de François Parra et de Fabrice Césario, explore ainsi les espaces temporaires du son. En apesanteur, Virgile Abela détourne quant à lui le pendule de sa fonction première et repousse la gravité à son maximum. Au programme également, des conférences ayant pour thème « Art, technique, matière et idée », animées par les philosophes scientifiques Fabrice Métais et Jean-Michel Salanskis, qui viendront questionner le rapport à l’autre par l’enjeu technologique. Sans oublier Lico et ses glanages de vidéos montées à 280 BPM ou encore le son exotique de Pépé, « Dj mi-femme, mi-bateau ». Et de quoi s’immerger dans des espaces parallèles ou jouer avec Pang Pang Club lors d’un workshop à la rencontre de jeux indépendants expérimentaux. Résolument dans l’avant-garde, Gamerz propose des médiations et des visites afin de permettre à tout un chacun d’appréhender au mieux ces nouvelles formes artistiques. L’entrée est libre et gratuite. À vous de choisir, donc, si vous voulez, ou non, vous immiscer dans le game…  

Zac Maza

 

Festival Gamerz : du 13 au 24/11 à Aix-en-Provence.

Rens. : www.festival-gamerz.com

Le programme complet du festival Gamerz ici