Portrait : Queen Charles

Love on the Beat (Generation)

 

Une « reine », un musicien accompli au nom princier : telle est la formule gagnante du duo Queen Charles, devenu en quelques mois l’une des coqueluches de la scène électro internationale.

 

C’est arrivé de manière complètement inattendue. Un « buzz ». Un gros buzz, qui les a d’abord amenés chez Colette, vitrine de la branchitude internationale, puis dans des radios à l’autre bout du monde, pour finir dans les playlists de Dj’s parmi les plus cotés de la planète : Ivan Smagghe, Superpitcher, Kill The DJ… Aussi improbable qu’il puisse être, à commencer pour les intéressés eux-mêmes, ce succès dans les milieux autorisés ne doit pourtant rien au hasard. Il est plutôt le fruit de la conjugaison entre leur(s) talent(s) et la volonté d’un homme — Paul, Dj et fondateur du label Virgo Music.

Un bref retour en arrière s’impose. Revenu à Marseille au mitan des années 2000, après presque six ans à faire du sound design à Londres, Yann Charles reprend illico le chemin des studios aux côtés d’Arnaud Taillefer (ex-Troublemakers). Malgré la composition de nombreux morceaux en près de quatre ans, le projet instrumental du duo ne verra cependant jamais le jour. Mais Yann a déjà une autre idée en tête. Une envie, qu’il partage avec Eva Jacobi, comédienne habituée à venir « taper le bœuf » avec les deux hommes et grande amatrice, comme lui, de la Beat Generation. Queen Charles naît, presque spontanément. « J’avais envie depuis longtemps de faire un album plus “populaire”, de moins intellectualiser la musique… Ça correspond à ce qui se passe dans l’industrie de la musique. Depuis l’avènement du téléchargement, j’ai l’impression qu’on va chercher des morceaux à droite, à gauche, sans se focaliser sur un groupe ou un album entier comme on pouvait le faire il y a vingt ans. Et au final, on écoute plein de styles différents. Je suis capable d’écouter du Coltrane et d’enchaîner avec du Pet Shop Boys, je les aime autant l’un que l’autre. J’avais envie de ça, d’aller un peu partout, dans la new wave, le rock, l’électro… Ne pas se fixer de limite. »

S’il ne s’interdit rien, notre duo s’épanouit tout de même plus particulièrement dans un style : l’électro, 80’s de préférence. Sur les compos synthétiques, presque acid et volontiers poisseuses de son acolyte, Eva vient poser sa voix, chaude, comme éraillée, pour chanter les mots de Sylvia Plath ou E.E Cummings. Il ne fait pas forcément soleil au royaume de Queen Charles : l’univers est trouble, la mélancolie, omniprésente, et les mélodies, souvent bancales. Et revendiquées comme telles : « On a une démarche un peu punk : on ne va pas se poser sur une bonne note pendant des plombes, c’est pas grave si c’est un peu faux, on aime bien quand ça déraille… » Et ils ne sont pas les seuls… Quelques jours seulement après avoir écouté quelques titres au hasard d’une soirée, Paul, sous le charme, décide de réactiver son label, en sommeil depuis l’EP Prohibition de Danton Eeprom en… 2007 ! Effet boule-de-neige : le maxi fait le tour du monde (de la nuit), apportant chaque semaine son lot de surprises au duo, qui n’en demandait pas tant. « C’est cool ! Mais, même si ça nous fait super plaisir, ce n’est pas une fin en soi, on ne le cherche pas… On travaille un live pour septembre, avec des versions plus pêchues de nos morceaux et, surtout, une mise en scène, un travail d’images, pour créer un univers. » Avec deux heures d’images montées en stock et une flopée de clips faits maison donnant un bon avant-goût de l’univers en question, le duo ne devrait pas avoir de problème à atteindre cette dimension scénique qui lui fait tant envie. L’identité, elle, est déjà là.

CC

 

Rens. www.facebook.com/queencharlesband  /virgomusicmars.wordpress.com