La Conquête de Marsègue de Gilles Ascaride

Les Editions du Fioupélan

Soupe de Fioupi

 

Créé en 2006 avec plus d’énergie que de capitaux, une petite maison d’édition marseillaise travaille au service d’une littérature écrite de travers et dont la seule vocation est de nous pincer les neurones.

 

D’abord, il y a eu les années 90 et la cote de Marseille qui grimpait en flèche. Izzo publiait Total Kheops chez Série noire et L’Ecailler du Sud nous offrait déjà Ascaride, Blaise, Blanc, Carrese, Scotto et Thomazeau sur un plateau.
Il faisait « bon vivre » dans le Sud et le concept du polar marseillais régnait en maître. Un concept aussi flou que large d’esprit, allant du livre de cuisine au pamphlet métaphysique pour peu que son auteur soit du cru (à la rigueur d’Aubagne ou d’Aix). Les années 2000, peut-être en réaction à cette éternelle suffisance jacobine, virent alors la naissance de l’Overlittérature.
Le temps a depuis « passé sous les ponts », la ville se partage aujourd’hui entre sa nouvelle vocation de métropole européenne (de la culture, du sport, de la pizza, du chichi frégi…) et son éternelle propension à se la jouer Chicago. La création littéraire locale, qui est restée toujours aussi foisonnante, a dû faire face entre-temps à la disparition définitive de L’Ecailler du Sud. L’Overlittérature, petite Cosette dans son panier d’osier, allait-t-elle s’éparpiller aux quatre vents ? Que nenni ! Toute situation dramatique engendrant ses héros, un décapode verruqueux allait alors offrir une accueillante coquille aux bernard l’hermite de la littérature engatsée. Acte fondateur des éditions du Fioupélan, la rencontre de Médéric Gasquet-Cyrus (1) et de Jean-marc Valladier (2), dont le Parler gras (glossaire marseillais iconoclaste) sera le premier édité par le crabe et fournira la mise de fonds nécessaire à l’aventure. Autre étape non moins cruciale, le ralliement des deux auteurs qui sont et qui font l’Overlitterature : Gilles Ascaride et Henri-Frédéric Blanc. Pour finir de bien commencer, il fallait un objet clair et précis, se serait la diffusion livresque de frivolités narratives. Quinze titres au catalogue (dont deux succulentes nouveautés — cf. infra), huit auteurs, une dizaine de manuscrits reçus par an : depuis huit ans, le Fioupélan persiste et fait signer. Alors, pour continuer longtemps à jouir de la production marseillaise (avec des vrais morceaux de littérature dedans), souhaitons longue vie à cet inestimable crustacé.

Laurent Centofanti

Les Editions du Fioupélan : 21, rue Jean-Giono, 9e.
Rens. : www.lefioupelan.com

 

Gilles Ascaride
La conquête de Marsègue (Editions du Fioupélan)

La Conque?te de Marse?gue, de Gilles AscarideDernier délire en date de Gilles « l’excessif » le bien nommé : la scène politique locale. Poussez-pas, y en aura pour tout le monde. Monsieur Leconse, maire à vie de Marsègue, Suce-bouffigue son adversaire « de gauche », l’ultranationaliste Zobi Ravioli et le reste de la bande en prime (magnifique Renard Muzo !) : l’escouade est au grand complet.
Le parallèle avec les dernières municipales et nos hommes « poulitiques » est consternant tellement on sent (on sait ?!) que l’auteur met dans le mille. Sauf que là, on oublie l’Ascaride misanthrope (Samson-Derrabe Farrigoule (3), sort de ce corps !), la balade est résolument récréative, et on est là pour se régaler des mésaventures survenant à toutes ces estrasses. Un Marseille aussi absurde que réaliste. Un endroit dur et doux à la fois, gentiment déjanté. Une ville où l’on a malgré tous envie de vivre.

LC

 

 

Henri Frédéric Blanc
Cagole Blues, suivi de L’Art d’aimer à Marseille (Editions du Fioupélan)

Cagole blues, de Henri-Fre?de?ric BlancQui a lu Henri-Frédéric sait à quel point la femme tient une place centrale dans l’œuvre de Blanc. En la matière, après l’acquisition, l’emprunt ou le vol de cet ouvrage, vous serez en possession d’une pure pépite. De Carole à Carole, soixante-deux prénoms pour envisager la cagole comme éternel féminin.
Résultat : en plus d’un excellent guide pour les futures mamans en mal de prénom, entre grossièreté métaphysique et pudeur poétique, un match à mort de rire et un lecteur K.O. Gâteau sur le gâteau, la réédition du grandiose L’Art d’aimer à Marseille est fournie pour le même prix. Courez !

LC

Notes
  1. Médéric Johnny Gasquet-Cyrus de son vrai nom. Docteur en sociolinguistique, enseignant, auteur, éditeur, animateur radio, acteur et bientôt cosmonaute ![]
  2. Ecrivain et photographe marseillais. Co-fondateur du Fioupélan et co-auteur de Soupe d’esques (Le Fioupélan, 2008) []
  3. Sur tes ruines j’irai dansant (Editions du Fioupélan) []