Fup, l’oiseau Canadèche

Lecture musicale et dessinée du roman de Jim Dodge. Lecture : Jim Caroll et Nicolas Richard. Illustration en direct : Tom Haugomat. Accompagnement musical : Rubin Steiner.

Lecture à deux voix par Jim Caroll et Nicolas Richard, illustrée en direct par Tom Haugomat, avec un accompagnement musical de Rubin Steiner.

À l’origine, Fup, le merveilleux roman de l’Américain Jim Dodge, un de ces livres rares qui bouleverse tous ceux qui l’ont lu et qui s’empressent alors de l’offrir à leurs amis, sésame pour goûter au bonheur simple des choses ordinaires. Cette fable contemporaine nous entraîne à l’ombre des séquoias du Grand Ouest américain. On y rencontre Titou, un jeune orphelin recueilli par son grand-père, Pépé Jake, un vieillard aimant, centenaire et excentrique, porté sur la bouteille et les jeux de cartes. Tous deux recueillent un canard, baptisé Canadèche (Fup dans la version originale en anglais), un oiseau boulimique et plein d’énergie…
Le dessinateur Tom Haugomat s’est emparé de ce texte à la fois poétique et philosophique pour en faire un merveilleux album, avec des peintures aux traits simples, lumineuses et colorées. Il sera sur scène pour dessiner en direct Fup et ses deux acolytes, accompagné par Nicolas Richard et Jim Caroll qui donneront à entendre le texte à la fois en français et en anglais, et porté par l’univers musical hypnotisant de Rubin Steiner.
Une pépite musicale et dessinée, qui vous fera découvrir un grand livre dont on parie déjà qu’il fera son entrée dans votre bibliothèque !

 

TNM La Criée
Le jeudi 26 mai 2022 à 19h
8/12 €
http://ohlesbeauxjours.fr/
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
04 91 54 70 54

Article paru le mercredi 11 mai 2022 dans Ventilo n° 464

Festival Oh les beaux jours !

Lettres capitales

   

Passer la littérature à la râpe du réel ; la frotter à ses pairs, les autres formes artistiques de narration, ou à ses pères, les écrivains et écrivaines qui lui donnent vie et forme… C’est le programme que se donne chaque printemps le festival de littérature Oh les beaux jours !. Cette année, de nouvelles « frictions littéraires » sont à prévoir entre le 24 et le 29 mai. Un corps à corps qui s’annonce passionnant, dans lequel pas moins de quatre-vingt-dix invités se retrouveront pour échanger tout au long des cinquante et un événements prévus au programme.

    Multiforme, le dispositif du festival s’autorise une large arborescence de formats : rencontres, grands entretiens, lectures sur scène, projections, performances, concerts dessinés, lectures musicales, conférences-spectacles, interventions dans l’espace public, séances de signature, ateliers participatifs… Pas de littérature en vase clos. Pas de soliloque de l’écrivain. En faisant varier les points de vue et s’entremêler les arts, l’opération consiste à rendre au champ littéraire toute sa puissance plastique. Artistes et auteurs seront ainsi amenés à mettre en contact leurs œuvres, leurs pratiques et leur rapport au monde. Une programmation foisonnante dont les multiples ramifications s’empareront de cinq lieux de culture emblématiques de la ville : le Mucem, la Criée, le Conservatoire Pierre Barbizet, le Musée d’Histoire de Marseille, et la bibliothèque de l’Alcazar. Côté contenu, le festival s’est doté de huit thématiques ; chacune d’entre elles tentant d’approcher un nœud frictionnel du maillage littéraire contemporain. Or, un coup d’œil à la titrologie suffit pour comprendre que la littérature d’aujourd’hui s’inscrit de plain-pied dans un réel en crise. Nombre d’auteurs évoqueront un monde à la dérive, entre climat déréglé, inégalités sociales, drames familiaux, guerres et illusions perdues… Des sujets graves qui tranchent âprement avec l’optimisme affiché d’une exclamative telle que Oh les beaux jours !. La même dissonance avait été constatée lors de la parution de la pièce éponyme de Beckett, en 1961. Les logorrhées teintées d’angoisses existentielles du personnage de Winnie, sa situation pour le moins inconfortable — sur scène, elle est enlisée jusqu’à la taille, puis jusqu’au cou, sous un monticule de terre —, jurait avec le titre de la pièce. Pourtant, à bien y regarder, la Winnie de Beckett s’acharne bien plus qu’elle ne se lamente : elle se sert d’une parole conative, dont le but est de faire agir, réagir son destinataire. À l’instar de la pièce de Beckett, l’une des thématiques proposées par le festival explore « ce que peut la littérature ». Or, en tant que tentative de saisie du monde par un outillage langagier sophistiqué, on peut imaginer qu’elle ait un véritable pouvoir : celui de transformer le rapport sous lequel on perçoit le réel, et donc, celui de changer l’usage qu’on en fait. Le personnage de Beckett se demande ce qu’elle ferait si les mots « la lâchaient ». La même question se pose pour la littérature. Mais tant que les mots et la mise en mots littéraire subsistent, nous avons encore toutes les raisons de parler des beaux jours.  

Gaëlle Desnos

 

Festival Oh les beaux jours ! : du 24 au 29/05 à Marseille.

Rens. : https://ohlesbeauxjours.fr

Le programme du festival Oh les beaux jours ici