Mascara + Petite Mécanique humaine

Deux pièces par la Cie Kontamine (1h15 avec entracte). Chorégraphies : Emmanuelle Jay et Mohamed Kouadri Sameut

Mascara
La pièce évoque la façon dont chacun doit plus ou moins se couler dans un personnage socialement défini. Pour chaque être humain, une part de la personnalité organise le rapport de l'individu avec la société dans laquelle il vit, le conduisant à se prendre pour celui qu'il est aux yeux des autres avant tout, ce qui a pour conséquence, parfois, de le perdre dans la perception de lui-même.
Carl Jung (médecin, psychologue et psychiatre) l'a décrit ainsi : "La persona est ce que quelqu'un n'est pas en réalité, mais ce que lui-même et les autres pensent qu'il est." La construction de la persona ne se structure finalement que lorsque l'individu se confronte à l'autre. Et c'est le regard de et vers l'autre qui la révèle à soi-même. Il faut donc comprendre le masque comme "un masque social" une image créée par le moi qui peux finir par usurper l'identité réelle de l'individu.
Ici, la symbolique du masque ne concerne pas uniquement l'hypocrisie, c'est aussi une façon de ne pas dévoiler à n'importe qui, ses points de faiblesse et de vulnérabilité. Le jeu du masque n'est pas forcément quelque chose de contraint, l'important est de garder son libre arbitre afin de rester en confiance, non jugé et libre de ses choix. Il ne faut pas non plus multiplier les masques et se placer derrière une barrière de faux-semblant et se perdre soi-même. Ce qui exprime une peur de soi et de ses propres réactions.
La pièce se veut être, un miroir du jeu théâtrale, une mise en abîme. Le mode opérationnel consistera à utiliser la lumière pour révéler les différentes facettes du masque, c'est la face éclairée et visible qui est d'abord perçue, cette source lumineuse est au sein même de notre psyché, au gré des jeux sociaux et culturels, nous orientons différemment la lumière. Les mains qui tiennent le spot sont en fait une part de notre inconscient…
Le sujet abordé dans la pièce fait un clin d'oeil au spectateur, à son envie d'apprendre à se connaître, et d'accepter de retirer son masque.

Petite Mécanique humaine
En tant que danseurs, nous nous sommes toujours posé la question de la signification des gestes en tant que vecteurs de sens dans la communication. Ce qui nous a amenés naturellement à nous intéresser à la kinésique (proche de l'éthologie humaine, science du comportement). Science récente, définie par les travaux de Ray Birdwhistell en 1950, elle consiste en une conception systémique de la communication, le geste y étant partie prenante et en interaction avec les autres formes de langages.
Chaque geste transporte une symbolique ; il nous permet d'entrer en interaction avec les autres, le geste au même titre que la parole est une source d'expression. Il lui arrive même d'exprimer des choses que l'on tait. "Le corps dit tout haut ce que l'esprit pense tout bas." C'est une chose que les ressources humaines ont déjà bien comprise et analysée dans les entretiens d'embauche. Le geste parle pour l'inconscient. Les chercheurs estiment que 60 % de nos communications sont non verbales, c'est dire la complexité du langage gestuel et la richesse du vocabulaire des signes, dans lequel les mains, les pieds, la tête et les expressions du visage jouent un rôle.
Si notre capital gestuel est immensément riche (700 000 signaux physiques possibles dont 250 000 expressions du visage), cependant l'évolution progressive des techniques de déplacement sont susceptibles de déposséder peu à peu l'homme de la maîtrise de ces mouvements et il rentre dans un automatisme comportemental, auquel nous nous sommes particulièrement intéressés pour construire notre pièce.
À travers notre métier nous sommes souvent en déplacement (par avion, train, métro…) où nous pouvons à loisir observer les gestes et les mimiques de notre entourage, leur façon de gérer l'attente… Par ce gros plan sur nos automatismes nous aimerions amener une réflexion sur une éventuelle possibilité de s'en libérer… Mieux communiquer et se libérer de carcans comportementaux ou intellectuels est une recherche que nous utilisons comme un fil conducteur dans nos œuvres.

http://ciekontamine.com/

Atelier des Arts de Sainte Marguerite
Le jeudi 4 octobre 2018 à 19h45
8/10 €
www.marseille9-10.fr
133 boulevard de Sainte-Marguerite
13009 Marseille
04 91 26 09 06

Article paru le mercredi 1 novembre 2017

Mascara et Petite Mécanique Humaine par la Cie Kontamine

La jeune compagnie de danse contemporaine Kontamine présente ici les deux chorégraphies de son répertoire : Mascara (2014) et Petite Mécanique Humaine (2016). Les chorégraphes Emmanuelle Jay et Mohamed Kouadri-Sameut ne sont pas des inconnus. La première a beaucoup travaillé avec le Grand Théâtre de Genève, notamment pour des chorégraphies d’opéra, tandis que le second est l’un des interprètes athlétiques d’Olivier Dubois (Prêt à baiser, Tragédie). Ils s’emparent de la thématique de la relation humaine pour en donner deux versions, une — intime — du regard sur soi même et celle à l’autre. Outre ses deux chorégraphes danseurs, Mascara met en scène une comédienne turque de théâtre, Reyhan Özdilek, voix off réclamant de l’amour à ce corps qui occupe, en scène, une place que les deux autres ne peuvent adopter. Petite Mécanique Humaine donne à voir, dans le métro, les maintes combinaisons humaines régies par les codes d’une société occidentale dont les attitudes individuelles s’imposent aux autres avec brutalité. Sur une musique électro, la danse de Kontamine, très dynamique, privilégie le mouvement, notamment ceux d’ensemble, et joue avec les codes du théâtre, offrant une pièce très écrite et scénarisée, nourrie de leurs parcours contemporain et classique. Une première dans la région à découvrir assurément ! Marie Anezin

> le 10/11 au Théâtre Ainsi de Suite (Aix-en-Provence). Rens. : 06 15 84 12 58 / www.ainsidesuite.com Pour en (sa)voir plus : http://ciekontamine.com