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Week-end d’ouverture de MP 2013, Capitale européenne de la Culture

3, 2, 1, 0… 2013 !

 

Depuis le temps qu’on en parle, il était temps que ça arrive. La fin du monde ? Non. Une nouvelle ère annoncée pour notre territoire : Marseille Provence, Capitale européenne de la Culture.

 

Qu’elle semble aujourd’hui loin, cette année 2008 qui vit Marseille et ses alentours être désignés comme Capitale européenne de la Culture, au même titre que la ville slovaque de Košice. Depuis, le scénario a été riche en rebondissements et les déconvenues, nombreuses : budgets réduits, soutien du mécénat local pas à la hauteur des espérances, restriction des bénéficiaires des budgets, ajournement des projets qui devaient travailler en profondeur avec les publics… Mais à la Maison Diamantée, véritable ruche de cent trente abeilles (!), l’heure n’est plus au doute. Chacun s’affaire à surprendre les grincheux et les (nombreux) sceptiques. La pression est maximale, dans une ambiance studieuse mais joyeuse. Malgré l’opacité des budgets qu’on refusera de nous communiquer « pour ne pas créer de malentendus » (!!), les conditions de travail, sur place, ne sont pas ostensiblement luxueuses. Tous s’activent dans la plus grande concentration. L’heure du lancement approche, la tension est palpable, tout particulièrement chez les chargés de projet qui s’occupent de l’ouverture, Guillaume Bourgain et Fanny Broyelle. Le premier poursuit une carrière brillante : organisation de spectacles au Château de Versailles, Festival d’Art lyrique d’Aix, Théâtre de l’Athénée à Paris, et déjà chargé en 2010 du projet Imaginez maintenant, en préfiguration de 2013. Désormais, Guillaume s’occupe des actions de l’ouverture en dehors de Marseille, à savoir L’Art à l’endroit (un parcours d’art contemporain à Aix-en-Provence) et les cent douze Chasses au 13’Or qui vont mailler le territoire Marseille Provence (sur vingt communes, de Martigues à Aubagne en passant par Aix), dont l’organisation a été léguée à la joyeuse et dynamique association Ma Langue au Chat. Il supervise aussi la clôture du week-end d’inauguration, confiée aux fantastiques artificiers du Groupe F, qui se déroulera sur les berges arlésiennes du Rhône. En charge de nombreux projets sur le reste de l’année, il nous explique avec une grande clarté les enjeux de ce week-end particulier : « Si la dimension participative était prédominante, l’association Marseille Provence 2013 avait à l’esprit plusieurs objectifs et à cœur l’excellence artistique. Nous voulions des propositions innovantes et surprenantes, prenant en considération la dimension territoriale de l’événement, qui ne devait pas être concentré sur une ville. Enfin, nous avions une exigence médiatique, c’est-à-dire une capacité à produire des images artistiques qui frappent un peu les esprits et qui donnent une dynamique hyper forte à l’année Capitale, à l’instar de ce qu’on fait les autres Capitales de la Culture pour leur temps d’ouverture. »
C’est au concepteur d’évènementiels Bernard Souroque que l’on a confié l’importante mission d’imaginer les évènements qui se dérouleront à Marseille pour l’inauguration de l’année Capitale. Lourde charge incombant à celui qui avait imaginé la Massalia en 1999 et la Marcéleste en 2000… Il va en effet falloir mettre le paquet pour faire changer d’avis les plus sceptiques. « Marseille Provence 2013 a cristallisé les mécontentements envers les défauts de gestion globale de la ville », rappelle avec pertinence Fanny Broyelle, son assistante, que l’on connaissait déjà pour avoir travaillé, entre autres, avec les Massilia Sound System et à Lieux Publics.

http://www.youtube.com/watch?v=gA_IguyXxwU

Marseille, grande bouche (du Rhône)
« A Marseille, nous explique-t-elle, déroulant alors le synopsis de la soirée, le soleil se couche à 17h24 ce samedi 12 janvier. Sur l’esplanade du parking du centre commercial Grand Littoral, la Parade des Lumières — dont la construction des chars et véhicules a été confiée aux ingénieux Ateliers Sud Side — va inaugurer le lancement de la fête, accompagnée par deux cents enfants des quartiers Nord, tous en bleus de travail et usant d’un appareil lumineux qu’ils auront eux-mêmes construit. » Une vague de sons urbains — cornes de brume des ferries, de cloches et autres sirènes — viendra ensuite envelopper la ville. La petite équipe de Bernard Souroque entend prendre le contre-pied de ceux qui reprochent à la manifestation de se faire sans les Marseillais : « Il nous tenait à cœur d’impliquer les Marseillais dès l’ouverture, explique Fanny, et d’envoyer ainsi un message fort : il s’agit de créer un évènement qui appartient aux Marseillais et dont on espère que le souvenir entrera dans la légende commune. » D’où la Grande Clameur : dans une vingtaine de lieux du grand centre-ville, d’Arenc à la Criée en passant par les Réformés, des performances sonores en tout genre vont tenter de faire « disjoncter la ville ». On notera parmi elles la « Ta bouche gabian ! Vos gueules les mouettes ! » où tous les cris stridents seront les bienvenus, « l’Opéraclameur » à la sauce Traviata, mais aussi des projets plus surprenants, comme la « Clameur Artaud Cité », qui se joue des larsens et des déformations de voix, ou la « Clameur des Signes », version silencieuse mais évocatrice… Autant d’événements pour rendre hommage à l’image bruyante de la cité phocéenne, et qui n’attendent que vous pour relever le défi (on peut visualiser toutes les clameurs et s’inscrire à celle qui nous intéresse sur le site officiel). Commencera ensuite une nuit de festivités étonnantes. Fanfares et Djs se succèderont au Dock des Suds tandis qu’un grand spectacle aérien des anciens d’Archaos se déroulera toute la nuit sur le Cours Estienne d’Orves, ainsi transformé en Place des Anges. Le Vieux Port (dont on nous assure que les travaux seront achevés, malgré la circonspection ambiante) fera quant à lui le bonheur des minots avec ses jeux d’eau. Un programme d’ores et déjà sympathique, même si tous les détails n’ont pas encore été communiqués — l’une des failles de l’organisation. Le tout nouveau bâtiment municipal de la place Bargemon, le Pavillon M, servira ce soir-là de point infos, histoire d’enfin en savoir un peu plus.
En guise de mise en bouche à l’angle Belsunce/Canebière, Stephan Muntaner mixera avec humour des voix marseillaises anonymes ou pas pour parler de Marseille et la culture, accompagnant ainsi des projections monumentales. Des installations lumineuses, des projections de photographies, une fiesta flamenca imaginée par Juan Carmona seront également de la partie pour cette soirée qui durera jusqu’à une heure du matin. Au Dock, la fête se prolongera jusqu’au bout de la nuit, avec une programmation — européenne, of course — orchestrée par la Dame Noir et Oogie. Les bars devraient eux aussi se joindre à cette nuit blanche marseillaise en bénéficiant probablement d’horaires de fermeture exceptionnels.
Centre-ville piétonnier oblige, des renforts de bus et de trains intercommunaux ont été prévus pour permettre au public de se déplacer librement au sein de ce territoire décidément festif, ne serait-ce que pour une nuit…

 

Joanna Selvidès

 

Week-end d’ouverture de MP 2013, Capitale européenne de la Culture : les 12 & 13/01/2013 à Marseille et alentour.
Rens. www.mp2013.fr/

http://www.youtube.com/watch?v=Um81hHyicyk