Voir un Printemps

Voir un Printemps

Le 4 mars dernier, nous nous surprenions à rêver d’une cité bientôt réenchantée. Nous étions alors à quelques jours d’une élection capitale pour la ville et, à rebours de la tendance actuelle à la dystopie (hélas souvent plus proche de l’anticipation, voire du réel, que de la science fiction), nous inventions dans ces colonnes une Marseille apaisée et vivante à la fois, où les espaces verts, les piscines et les bibliothèques fleurissaient aux quatre coins de la cité, en lieu et place de grands projets immobiliers inutiles et autres centres commerciaux superflus.

Et puis ce virus que l’on pensait lointain s’est répandu comme une trainée de poudre, obligeant la moitié des habitants de la planète à se barricader chez eux — quand ils le pouvaient. Effaçant sur son passage les autres sujets d’actualité, des plus triviaux (l’affaire Griveaux) aux plus essentiels (la lutte contre la réforme des retraites). Surlignant comme jamais les inégalités sociales et l’incurie de nos dirigeants, à l’échelle nationale comme locale. Et nous privant de printemps.

Mais le printemps est la saison de tous les possibles, celle des fleurs et des couleurs, celle des beaux jours et de l’amour. Alors, avec le « retour à l’anormal » dans le pays et après une campagne municipale palpitante, à faire pâlir les scénaristes de Baron Noir, le Printemps est tout de même arrivé à Marseille, au début de l’été. Charriant son lot d’espoirs et de belles promesses après des décennies de négligence, pour ne pas dire de malveillance, la formation politique et citoyenne menée par Michèle Rubirola — que l’on surnomme désormais « la bonne maire » — fait souffler un vent de fraicheur sur la cité phocéenne. Et, malgré l’état de la planète, malgré des gouvernants qui nous promettent le pire pour l’avenir, malgré ce « monde d’après » qui ressemble beaucoup trop à celui d’avant, l’on se surprend de nouveau à rêver de cette cité bientôt réenchantée.

Certes, le plus dur commence pour le Printemps Marseillais, qui prend les rênes d’une ville en état d’urgence sociale et sanitaire, surendettée, asphyxiée, gangrenée par le clientélisme et la corruption… Et, surtout, dans l’ombre d’une métropole surpuissante (4,8 milliards de budget, des compétences primordiales comme les transports, la propreté et les équipements), qui a fait le choix de l’immobilisme et avec laquelle il va falloir batailler sur chaque projet.

Mais ce 4 juillet, quand le Printemps s’est enfin mis à chanter, une clameur est montée depuis le Vieux Port, une lueur d’espoir s’est allumée. En cette année sombre et chaotique, ce fut une véritable parenthèse enchantée.

 

CC