Vivement dimanche

Vivement dimanche

Pour contourner la phobie du dimanche soir, il existe une expression au Japon : le « Sazae San syndrome ». Sazae San est une série télévisée qui, depuis cinquante ans, occupe le créneau de la fin d’après-midi, manière de s’extraire, le temps d’une fiction sans fin, de la ritournelle de la semaine qui redémarre. Alors, dans ce tunnel de semaines successives aux réalités sombres et embourbées, j’ai renoué avec une échappée d’un temps sans plateforme, je suis allée au cinéma un dimanche soir.

Je suis allée voir le nouveau Miyazaki, comme on dit, mais d’abord je me suis retrouvée enfermée deux heures dans une salle sombre avec des gens inconnus devant une histoire aux images plus grandes que nous autres, esquiveurs du dimanche soir. C’est dans ces conditions que se déploie l’histoire d’un jeune garçon qui fait face à une réalité incontrôlable — un incendie — et tragique — la mort de sa mère. En proie au chagrin, le personnage décide de se faire la malle dans son imaginaire, savant mélange du trip d’Alice et du Labyrinthe de Pan.

Sans me lancer dans une critique ciné, je me suis retrouvée embarquée dans un océan aux vagues alternant l’absurde et l’initiatique, puis dans une succession de mondes entre paradis et enfers, rêves et cauchemars, où les hérons sont des déguisements et les perruches des despotes. Et pour couronner le tout, au bout du tunnel, il y a un vieil homme conversant avec son jeune créateur.

Si ce résumé semble foutraque, il permet de me rappeler, au creux d’un fauteuil rouge un dimanche d’automne, qu’avec l’imagination au pouvoir, les incompréhensions deviennent des aventures, les images encouragent le lâcher prise et l’extravagance coupe la route du désespoir.

Le titre français du film est Le Garçon et le héron mais le titre initial est : Et-vous, comment vivez-vous ?

Libre à vous d’imaginer la suite.

 

Simone d’Abreuvoir