Une si longue nuit (Phèdre-Dalida) par la Cie l’Egérégore

Une si longue nuit (Phèdre-Dalida) par la Cie l’Egérégore

Une-si-longue-nuit.jpg

C’est l’histoire d’une vie…

Ivan Romeuf a imaginé une heure dans la tête d’une comédienne. Une création de la compagnie l’Egregore où, entre les chansons de Dalida et le texte de Racine, se dessine un bel hommage à la chanteuse.

La comédienne (Anne Lévy) arrive dans sa loge, l’esprit occupé par une chanson — L’histoire d’un amour, un texte de Francis Blanche —, un air dans la tête comme on dit. Mais cet air, elle ne le fredonne pas, elle le chante, elle le vit. Si bien que l’on croit plutôt, dans cette arrivée, surprendre Dalida dans l’intimité et la solitude de son appartement de Montmartre. La comédienne s’installe et commence à se maquiller. Elle tente de résister tant bien que mal à cet entêtant envahissement. Dans une heure, sur la scène, elle sera Phèdre. Elle se lance alors dans une « italienne » du texte de Racine. Le décor est, sur le plan central, celui d’une loge : une table et quelques effets personnels, deux chaises, un tabouret, un mannequin portant les costumes (Joëlle Brover), un miroir « face à main » et une psyché, aux effets pour le moins contrastés. Par son éclairage, elle évoque les miroirs présents dans les loges, et par sa taille, une porte monumentale. A l’arrière-plan, un escalier évoque tour à tour, selon les moments, un domicile ou l’accès à une scène. Pendant une heure, l’esprit de la comédienne va vagabonder entre les tragédies : celle de la vie de la chanteuse mythique et celle de l’héroïne mythologique. Les interprétations successives, sur des bandes-son prenant l’heureux parti de la sobriété, se révèlent justes, avec cette qualité de n’être en aucune façon — accent ou phrasé — des imitations. Mourir sur scène, Je suis toutes les femmes, Je suis malade et quelques autres titres dessinent le portrait de la chanteuse, évoquant quelques-uns des drames qui ont émaillé sa vie (Ciao Amore, ciao). Les vers de Racine, la prestation émouvante de la comédienne et la construction même de l’hommage, alternant de manière fluide les trois écritures, font de cette heure un très agréable moment.

Frédéric Marty

Une si longue nuit (Phèdre-Dalida) par la Cie l’Egérégore : jusqu’au 30/04 au Théâtre de Lenche (4 place de Lenche, 2e). Rens. 04 91 91 52 22 / www.theatredelenche.info