Un jeu d’enfant à la Galerie des Quais du J1

Déjà grands

 

Issus des archives de l’association Arts et Développement, les très beaux dessins d’enfants exposés à la Galerie des Quais au J1 nous interrogent sur la notion d’œuvre d’art.

Un gamin doté d’une feuille blanche, d’un pinceau et de plusieurs coloris de peinture peut-il produire une « vraie » œuvre d’art sans même en avoir eu la volonté consciente ?
Des éléments de réponse sont nichés à la Galerie des Quais du J1, où sont exposés avec beaucoup de soin — et ainsi valorisés — des dessins issus des archives de l’association Arts et Développement. Intervenant dans les quartiers dits « en difficulté » de Marseille et d’ailleurs, elle propose aux enfants des ateliers de peinture menés aux pieds des barres d’immeubles, placés sous l’égide d’artistes volontaires soucieux de partager leur discipline.
En regardant au-delà de l’apparente simplicité des dessins présentés, tous soigneusement sélectionnés par la commissaire Vanessa Notley (artiste et enseignante à l’Ecole des Beaux-Arts et au MIAM/Musée International des Arts Modestes de Sète), on y perçoit le talent de leurs auteurs, parfois devenus adultes entre-temps. Leurs travaux apparaissent truffés d’une sorte de poésie existentielle touchante, troublante, évidente. S’ils semblent se répondre les uns aux autres, certains entrent en résonance assez directe avec la Méditerranée, que l’on peut admirer à travers les vitres du J1. Tel ce bateau, trônant au centre de l’exposition, qui donne l’impression de voler au-dessus de la mer bleuâtre. En ce sens, tous dégagent une force créatrice palpable.
Après avoir été exhumées des cartons où elles étaient emmagasinées, les œuvres sont ainsi introduites dans la cour des grands, à savoir un authentique et très bel espace d’exposition. En lieu et place de ce qui aurait pu être un vulgaire affichage minimaliste avec quelques punaises vieillies, pour ne pas dire rouillées…
A l’inverse d’une présumée et injuste « insignifiance » artistique que d’aucuns pourraient relever, ces tableaux peuvent être assimilés à des bijoux picturaux. Et n’ont pas à rougir face à certaines croûtes conceptuelles officiellement classées œuvres d’art mais au sujet desquelles on peut, à tort ou à raison, s’interroger sur la légitimation culturelle.

Valentin Lagarès

 

Un jeu d’enfant : jusqu’au 10/02 à la Galerie des Quais (J1, Quai de la Joliette/Boulevard du Littoral, 2e).
Rens. 04 91 88 25 13 / www.mp2013.fr

Pour en savoir plus : http://www.artsetdeveloppement.com