Hidden Marseille © Caroline Pelletti

Try Angle aux Bernardines

Essais transformés

 

A la suite des programmes européens de coopération culturelle internationale Colina, trois structures culturelles ont invité des artistes dont elles soutenaient individuellement  le travail à se rencontrer et à inventer ensemble. Venus du Portugal, d’Allemagne et de Navarre, ils se sont retrouvés ailleurs puis à Marseille pour montrer ce qu’ils avaient expérimenté ensemble.

 

Ils sont plutôt jeunes, mais pas que, plutôt issus du spectacle vivant, mais pas que. Finalement, ce sont des artistes d’aujourd’hui, qui se débattent avec leurs problématiques d’ego, de création, de reproduction, de transmission et de moyens économiques dans un monde qui les pousse à voyager, à aller vers l’autre : le fameux monde de l’art et de la culture. Ici, c’est la culture et ses « cultureux » qui ont commencé par s’en mêler : ce sont des producteurs  — le Théâtre des Bernardines à Marseille, O Espaço do Tempo au Portugal et le Tanzhaus nrw en Allemagne — qui sont à l’initiative de ces rencontres artistiques. Des rencontres « de leur temps », celui de la crise économique, mais aussi des valeurs et des connaissances mises en partage, y compris sur la toile. D’où le sens, si ce n’est la nécessité, de ces programmes financés par la Commission européenne.
Aujourd’hui, quelles premières conclusions tirer de ce bien nommé laboratoire Try Angle ?
Trois belles soirées de pure découverte, sans trop de publicité en amont, avec d’illustres inconnus, dont nous ne regretterons pas d’avoir pu partager les imaginaires. Après deux semaines de résidence, les artistes invités se sont choisis, se sont unis pour créer, pour essayer surtout. On reste évidemment dans le cadre de l’expérimentation, de la recherche qu’il est aujourd’hui plus que nécessaire de protéger, dans une société de spectateurs qui cherchent à consommer, et face à un théâtre conventionné qui tend à standardiser ses formats.
Et paradoxalement, heureusement, les propositions ont réussi à s’émanciper des considérations générationnelles et géographiques qui en faisaient pourtant le cadre d’origine. Des poches de résistance aux normes, ou en tout cas des premières tentatives d’affranchissement… Beaucoup de longueurs, donc, de gestations d’idées, mais aussi des surprises qui nous ont amusés, avec une mention toute particulière pour celles de la chorégraphe Montaine Chevalier et du performer sonore allemand Gisle Martens Meyer, qui nous ont fait rire avec leur délirant Hidden Marseille, tout en fantaisie et petites inventions.
Avec Try Angle, on a surtout envisagé des chemins, sans forcément trouver les destinations. Et tant mieux.

Joanna Selvidès

 

Try Angle était présenté les 21 et 22/11 aux Bernardines