Tombouctou : le secret des manuscrits à la BMVR L’Alcazar

Tombouctou : le secret des manuscrits à la BMVR L’Alcazar

Les perles du désert

 

Pour la première fois, des manuscrits originaux de Tombouctou s’offrent au regard du spectateur français. L’exposition présentée à l’Alcazar est une occasion unique d’explorer l’Afrique comme civilisation de l’écrit.

 

L’agencement de l’exposition suit le canevas de l’ouvrage Les Manuscrits de Tombouctou – Secrets, mythes et réalités paru aux éditions Lattès en 2012. Son auteur, Jean-Michel Djian, raconte que c’est un article du New York Times en 2002 sur le trafic des manuscrits entre Tombouctou, Londres, Genève et New York qui a éveillé sa curiosité. Journaliste au Monde, il est parti enquêter sur le terrain. Puis il y eut 2007 et le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy : « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. » Voilà qui a créé l’urgence chez Jean-Michel Djian d’écrire un livre pour mettre en cause cette idée que la culture africaine relève uniquement de l’oralité. « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », disait l’écrivain et ethnologue malien Amadou Hampaté Bâ. Et pourtant, ne dit-on pas que le Mali compterait 900 000 manuscrits ? Car Tombouctou, cité du sel et de l’or, fut aussi celle de l’érudition du temps de l’Empire songhaï aux XVe et XVIe siècles.
Par des panneaux, l’exposition reprend les grandes lignes de l’ouvrage. Les manuscrits, eux,  nous viennent d’Abdel Kader Haidara qui, à la tête d’une bibliothèque familiale du Mali, a largement œuvré à protéger les manuscrits des islamistes. D’autres ont été prêtés par l’architecte et collectionneur marseillais André Stern. Statuettes, vases et cartes géographiques provenant du fonds de l’Alcazar complètent l’exposition. On découvre l’étendue des thèmes abordés par les manuscrits : Islam, médecine, mathématiques, sexualité, traités de bonne gouvernance… Quant à l’écriture, c’est pour l’essentiel de l’ajami, un métissage de caractères arabes et de langues vernaculaires telles que le peul, le haoussa, le bambara. Les supports, eux, se déclinent du parchemin à l’omoplate de chameau. Ainsi découvre-t-on, pour reprendre les termes de Jean-Michel Djian lors de l’inauguration, des « documents de valeur à la fois scripturale, anthropologique et esthétique. »

Capucine Vignaux

Tombouctou : le secret des manuscrits : jusqu’au 22/03 à la BMVR L’Alcazar (58 cours Belsunce, 1er).
Rens. 04 91 91 80 88 / www.bmvr.marseille.fr

A noter :

• Conférence « Le Nord du Mali dans les crises de l’espace sahélo-saharien » par Jérôme Spinoza : le 14/02 à 17h30

• Colloque de clôture sur le rôle de l’Unesco dans la préservation des manuscrits avec Edouard Planche (Unesco) les 22 et 23/03