Thierry Kuntzel – La peau : jusqu’au 7/11 à la Compagnie

Thierry Kuntzel – La peau : jusqu’au 7/11 à la Compagnie

A fleur de peau

L’édition 2009 du festival organisé par les Instants vidéo, qui se déploie à Marseille jusqu’au 19 décembre, a débuté par un hommage à l’un des plus grands artistes vidéo de ces trente dernières années, disparu en 2007 : Thierry Kuntzel.

expo-La-peau-Thierry-Kuntze.jpgLa programmation diversifiée de la nouvelle édition des Instants Vidéo ne cherche pas à être réunie sous un thème commun, mais bien plutôt à être dynamisée par une interrogation : « Avez-vous vu l’horizon récemment ? ». Avant d’ouvrir les perspectives haletantes offertes par la richesse de ce festival (sur lequel on reviendra très prochainement), prenons notre souffle avec La Peau de Thierry Kuntzel. L’artiste traite la vidéo à la fois comme outil et comme finalité : par un jeu de redoublement et d’aller-retour constant, la caméra vidéo révèle, crée, fait et découpe le visible ; et inversement le visible révèle, fait et montre la technique à l’œuvre, c’est-à-dire le dispositif de vision qui oriente et modèle toujours notre perception. Ici, l’étrange dispositif (le projecteur photomobile) nous montre par une vision extrêmement rapprochée le défilement de différentes peaux à travers une impression de continuité. Cette œuvre nous invite à faire l’expérience d’une « perception haptique » (une sorte de toucher visuel) car l’on peut voir/sentir les changements de grain et de densité de la peau ; mais aussi car le défilement à la surface de la peau s’apparente à une caresse, à un contact. C’est bien de l’être humain dont il est question mais en tant qu’il est un visible parmi le Visible, qu’il témoigne du Visible dont il fait partie, mieux, dont il est imprégné. En effet, la vision est si proche de ces peaux que différentes matières du monde peuvent être perçues en elles, celles d’un paysage lunaire, terreux, désertique. Notre œil glisse sur ces surfaces vivantes, expressives d’un corps, du monde, d’une histoire. Et le voyage qu’il effectue témoigne de notre facticité, de notre finitude, de nos douleurs. La peau est marquée par la vie, c’est une trace, un récit, mais c’est aussi un tracé, un trajet… Une temporalité : redoublement avec l’appareil filmique. Une finitude : la boucle est bouclée. Eternel retour sans avenir possible ? Et vous, avez-vous vu l’horizon récemment ?

Elodie Guida

Thierry Kuntzel – La peau : jusqu’au 7/11 à la Compagnie (19 rue Francis de Pressencé, 1er). Rens. 04 91 90 04 26 / www.la-compagnie.org
Projections de vidéos de l’artiste les 29/10 (Echolia, Time smoking a picture) et 5/11 (Still, La peinture cubiste) à 19h30.