Giz Medium durant un concert de Yarostan

Sur les pavés le rock | La scène folk punk phocéenne

Rauque & Folk !

 

Et la tendresse, bordel ? Dans ce monde de bruit et de fureur, on peut rechercher, la nuit, une petite accalmie. Rencontre avec quelques représentants de la scène folk punk phocéenne.

 

 

À déambuler nuitamment à la faveur de la programmation des petites salles marseillaises, on se dit parfois qu’on est un crash-test dummy censé s’assurer qu’un être humain peut survivre à plusieurs programmes d’affilée dans une machine à laver. On finit rincé, essoré, pas très propre… Mais, dans ce monde de bruit et de fureur, on cherche parfois une petite accalmie. Or, au sein du biotope musicalo-phocéen, il y a quelques représentants de ce qui s’apparente à une scène « folk punk ». L’un des piliers, c’est Giz Medium, figure locale que l’on a pu qualifier d’anarcho-stakhanoviste au vu de la masse de travail qu’il est capable d’abattre et de la diversité de ses investissements. Éditeur, traducteur, multi-instrumentiste, avant d’officier dans l’excellent groupe de screamo-post-metal Yarostan, il a pas mal bourlingué — de l’Italie aux États-Unis en passant par le sud de la France — avec pour seul bagage sa guitare sèche et des textes ciselés sur, pêle-mêle, le travail, l’exil, le capitalisme, la répression… Juste avant la dernière édition du Bus Stop Fest début décembre à la Salle Gueule, il était au Fuzz avec Medium Match, le groupe qu’il a monté avec Agnès, violoniste classique, rencontre improbable qui donne aux morceaux de colère brute de Giz la profondeur d’un instrument qu’on croise rarement dans la scène punk. Et pour accompagner ce drôle de duo, une formation elle aussi composée de deux musiciens que l’on connaît davantage en version électrique : The Sobers. Le nom est en trompe-l’œil et officier à la guitare sèche ne manque guère d’ironie mais le jeu, définitivement punk, est suffisamment énergique pour tenir la comparaison avec bien des groupes amplifiés. Une sorte de retour aux sources qui rappelle la vivacité des groupes d’inspiration occitane (Sam Karpienia, FUR…) et qui, en ces temps de sobriété énergétique, est un joli pied de nez aux délestages et autres coupures de courant qui nous attendent !

 

Sébastien Boistel

 

Le Fuzz : 12 rue Bussy l’Indien, Marseille (6e)

La Salle Gueule : 8 rue d’Italie (6e)