Sombres dess(e)ins

Sombres dess(e)ins

Quoi qu’on en dise, à l’échelle planétaire, l’acceptation systématique de l’usage des nouvelles technologies dans notre quotidien devient somme toute une chose de plus en plus banale. Du moins, l’esprit critique ne semble jamais avoir été aussi bas en la matière. De l’usage de la machine comme une nécessité… Nous aurions dû nous en méfier dès le départ. Pendant ce temps, à quelques milliers de kilomètres, une poignée d’entrepreneurs dessinent tous les six mois de nouveaux prototypes, volontairement limités dans le temps, volontairement limités dans leurs capacités. Ils dessinent pourtant ce que doit être l’avenir de ces usages. Ils dessinent où nous sommes censés en être dans notre conception des technologies. Une conception volontairement limitée, donc, par leur performance de façade. Les algorithmes finissent ensuite de quantifier le moindre de nos mouvements. Dans cette logique rationaliste, la ville devient « Smart City », une sorte d’entité « connectée » qui supplante les habitants eux-mêmes (ceux-là qui font réellement la ville), et s’érige sans complexe en nouvel espace de contrôle de l’humain. « A son service », dirons certains. Une belle façon de prêter serment à quelques entrepreneurs au teint grisâtre. Ces conquérants qui ne voient dans les particularismes culturels qu’une grande aubaine, de celles qui leur permettent de mieux décliner leurs offres. La chose n’est pas nouvelle, certes, mais devient chaque jour un peu plus insidieuse. À grand renfort de nos politiques, la France, cette grande normopathe, a longtemps marché dans le sillage de cette prétendue « efficacité » américaine. Pourtant, au-delà de l’usage, au-delà de ces bouts en plastique, au-delà même des images, toujours, il y a l’idée. Il y a les idées. Et vu le temps que nous leur consacrons, ébahis devant leurs petits derniers, il semble maintenant important de voir si nous les partageons vraiment.

JSa