smoking/no smoking

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tapage.jpgOn ne pouvait pas commencer l’année sans en parler, puisque bien sûr, nous entrons dans une nouvelle ère. Et nous y entrons tous, fumeurs et non-fumeurs, mus par les mêmes desseins nocturnes… Inutile, donc, de débattre autour d’une loi qui, par définition, en emmerdera autant qu’elle en réjouira d’autres, concentrons-nous plutôt sur les faits : après les salles de spectacle (1er février 2007), ce sont donc les clubs et, surtout, les bars qui rejoignent le circuit désormais non-fumeur de vos virées festives. L’occasion de voir comment les premiers s’en sont tiré, et comment les seconds s’y sont préparé… Car bien sûr, la première incertitude qui hante l’esprit des tenanciers de ces lieux, bien légitime, réside dans leur potentielle baisse de fréquentation. L’exemple de l’Espace Julien est à ce titre édifiant : 30% d’augmentation sur la fréquentation en 2007… un chiffre qu’il s’agit certes de tempérer d’après la nature de l’offre proposée (la clope n’explique pas tout), cette grande salle subventionnée n’ayant pas le même auditoire que, au hasard, la Machine à Coudre. C’est un fait : on ne « consomme » pas la musique de la même manière selon que l’on va écouter Jehro ou les Hatepinks… Il y a donc ceux pour qui la phase de transition s’est opérée sans heurts (le Cabaret Aléatoire et sa vaste cour en plein air, le Moulin et son parvis grillagé…), et ceux, généralement plus petits, chez qui celle-ci a chamboulé un tantinet les modes de fonctionnement. Ils sont nombreux : café-concerts, spots associatifs… Si Oogie ou le Lollipop Store (concept-stores dont l’ouverture a peu ou prou coïncidé avec le fameux décret) ont d’emblée affiché la couleur (no clopes !), les plus anciens ont forcément eu un peu de mal à convertir leur clientèle : ainsi du Balthazar ou de la Machine à Coudre, qui n’avaient sans doute pas besoin d’envoyer leurs clients dans la rue… La petite salle de la rue Jean Roque va donc devoir casser sa tirelire pour investir dans un fumoir, sur le côté droit de la scène, tout comme le Poste à Galène qui profitera pour sa part de sa mezzanine (opérationnelle dans un mois). La cabine vitrée avec extracteur : le prix à payer pour poursuivre son activité ? En traînant le soir du côté de la Plaine, ou du centre-ville, on assiste aujourd’hui à un nouveau type de ballet : un bon blouson, un coup de tampon (cochez la bonne case), et nous voici réunis sur le bitume, à taper la discute. Problème : voilà qui donne du grain à moudre aux voisins, parfois mal intentionnés. Tapage nocturne ! Yann, du collectif Non é possibilé (direction artistique du Hush Hush), résume : « On ne peut pas nous demander de gérer, à la fois, les fumeurs à l’intérieur du club ET à l’extérieur. C’est un débat hypocrite : qu’il s’agisse du bruit généré par des fumeurs ou des non-fumeurs, il y a toujours eu des CIQ pour faire pression sur la mairie quant à d’éventuelles fermetures administratives. » Tout le problème est là : savoir (pouvoir ?) composer avec la loi – et les moyens dont on dispose. Un club comme le Spartacus, autre pivot du nightclubbing local, a plus de chance : il dispose d’un large patio qui lui permet, désormais, d’accueillir ses clients accros à la nicotine. Jean-Pascal, chargé de la comm’ : « Avant, c’était irrespirable, on ne voyait pas les gens. L’extérieur crée un nouvel espace de convivialité : les gens se parlent plus facilement, y compris les non-fumeurs qui viennent se joindre aux autres… C’est étrange, mais de cela naît une certaine forme de cohésion à l’intérieur. » Jean-Pascal est un ex-fumeur qui a longtemps arrêté avant de reprendre. On pouvait donc légitimement lui laisser le mot de la fin.

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