Slums ! à la Cartonnerie

L’Interview
Thierry Bedard (Cie Notoire)

 

Chantre du théâtre politique, Thierry Bedard revient à Marseille avec un show musical « coup de poing » sur les bidonvilles inspiré de l’œuvre radicale de Mike David, Planet of Slums. Rencontre avec le metteur en scène, qui se charge également cette année d’orchestrer les 48h Chrono de la Friche.

 

Vous travaillez par cycles. Comment êtes-vous passé de « L’étranger » à « La menace » ?
C’est la suite de l’histoire d’une certaine manière, puisque le cycle de l’étranger traitait beaucoup des grandes questions qu’on se pose sur l’évolution du monde. Il s’agissait surtout de commandes à des auteurs étrangers, notamment des Iraniens et des Malgaches. Je leur demandais : « Comment arrive-t-on à penser le monde du point de vue d’un des pays les plus pauvres de la planète ? ». Les réponses étaient assez violentes…

Alors, qu’est-ce que « La menace » ?
C’est un cycle de recherche qui s’intéresse à toutes les grandes menaces qui sont en train de nous tomber dessus. Ça part d’un constat : le 21e siècle a de grandes chances d’être bien plus violent que le 20e siècle. On vit en paix pour le moment, mais des choses se préparent, des choses auxquelles on ne veut manifestement pas penser. Notamment ce que les Nations Unies ont appelé pudiquement « les réfugiés climatiques », qui vont devenir très vite des réfugiés politiques puisqu’il y aura des migrations massives ; je pense au Bengladesh surtout.

Pourquoi parler des bidonvilles ?
C’est une des affaires les plus explosives du 21e siècle à venir. Il y a un milliard de personnes qui vivent dans ces « slums », c’est effarant… Cela représente une personne sur six dans le monde. Quand on voyage et que l’on discute avec ces gens, ça laisse perplexe. Perplexe face à ce monde riche qui ne veut rien partager…

Votre spectacle précédent était à destination des enfants, et cette fois, vous vous adressez aux adolescents. Est-ce une volonté de les sensibiliser à ces questions ?
J’adore faire des spectacles pour enfants, je m’amuse énormément. Là, j’ai envie de jouer face à des ados parce que ce sont eux qui vont vivre cette histoire dans l’avenir. Mes spectacles à leur attention traitent beaucoup de la question de la violence en fait. Dans La Culture du déchet, on explique comment les sociétés créent des déchets industriels, avec tous les problèmes écologiques que cela implique, mais aussi du déchet humain, c’est-à-dire cette misère extrême qui engendre de la violence. C’est d’ailleurs pour cela que dans Slums!, les décors seront très industriels. Ces problématiques parlent à tout le monde.

Quel est votre rôle dans l’organisation des 48h Chrono de la Friche ?
Je suis simplement le médiateur avec les artistes en résidence à la Friche. La manifestation est centrée sur un thème libertaire, autour de la question du monde urbain. C’est la raison pour laquelle ils m’ont invité. D’un côté, il y avait This is (not) music, qui travaille sur les cultures urbaines et ce qu’elles ont de bon, de l’autre ma création Slums ! sur le pire du monde urbain. Il faut venir voir absolument parce que le programme de ces 48h est extrêmement riche et varié. On y découvrira des choses du monde entier, des travaux d’artistes extraordinaires sur des thèmes plus ou moins difficiles, mais ce n’est pas du tout un truc sinistre !

Propos recueillis par Sonia Attias

 

Slums ! : du 15 au 18/05 à la Cartonnerie (Friche la Belle de Mai).
Rens. Massalia : 04 95 04 95 70 / www.theatremassalia.com

• 48h Chrono : du 17 au 19/05 non stop à la Friche la Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. 04 95 04 95 95 / www.lafriche.org / www.mp2013.fr