Seth Gueko © fiFOU

Seth Gueko en concert au Poste à Galène

Seth fois-ci, c’est le jackpote !

 

Classé en tête des ventes dès sa sortie, BadCowBoy, le dernier opus du punchlineur cartonne. Actuellement en tournée, nous avons croisé la route du rappeur, « cru et non pas cuit« . Leçon des capuches en trois étapes.

 

Premier enseignement : la patience.
Après les indispensables balances, il faut attendre. Les banquettes de skaï de la loge ne désemplissent pas, encombrées du mélange improbable et bigarré qu’une tournée draine dans son sillage. Bakeurs et manager – qui paraphe à toute allure les incontournables parchemins griffés Sacem – mais aussi amis de passage avec leurs valises, et bien sûr la garde rapprochée. Le rappeur Lacrim débarque, souriant (il fera une apparition bondissante à la fin du concert). La loge est exigüe, on y bouge ses Nike Air© avec précaution. Les grosses paluches pianotent à toute allure sur les Iphone, les flacons d’antigel Jack Daniel’s© se vident, les boissons énergisantes « goût boules de taureau » glougloutent dans les gobelets et la chicha passe de lèvre en lèvre. Si Dieu est un fumeur de Havane, le diable et ses fils sont amateurs de chicha : sa fumée bleutée danse dans l’espace confiné. Les MC’s piaffent d’impatience, le Dj révise sa playlist. Soudain, le Guex se lève, s’ébroue, secoue l’échine, remue la queue, s’étire les pattes : il se chauffe. Comme un canasson sent l’écurie proche, il sent son heure arriver. La concentration et la tension sont palpables, moment crucial où le poids du regard extérieur dérange.

 

Pieds au plancher.
Flanqué de ses bakeurs, Martinez et Minla, la « machine de glaires » s’élance sur scène. « Salut Marseille ! ». Le public chauffé à blanc par le comparse de l’écurie Néochrome, Alkpote, est plus que présent. L’ambiance est brûlante, la salle tangue. La jeunesse des bleus de travail et des peluches accrochées au rétro est bien là. Quelques jeunes filles en fleur se pressent au premier rang : elles ne seront pas oubliées, le Guex s’inclinant pour les saluer. Les téléphones fleurissent au bout des bras tendus, afin d’immortaliser l’instant. Au travers d’un set bien équilibré, les trois compères vont mouiller le maillot. Il faut dire que le dernier album est brillant, affûté, jouissif et les clips déjà cultes. La foule se serre contre la scène, ça rigole. Les fidèles de la première heure squattent les premiers rangs, les t-shirts frappés de phrases cultes du maestro. Il fait corps avec le public, lâche la purée, balance la sauce, bref : du grand Guex. Le plaisir de savourer un son live, sans le côté propre et apprêté du studio, là où le fonds rejoint la forme, est contagieux. Les postillons dans le micro font écho à la liesse de la salle : du grand Guex, toujours.
Fin de concert. Les trois lascars rechargent les batteries quelques minutes en loges avant de filer dans la salle : comme à la fin de chaque show, Seth Gueko est disponible pour son public. L’homme qui additionne près de 60 000 followers n’oublie pas ce qu’il leur doit. Et les taxis démarreront sous l’œil rond de la lune qui bénira le convoi.

Bénédicte Jouve

 

Seth Gueko était en concert le 24/05 au Poste à Galène.
L’album Bad CowBoy est dans les bacs.
Rens. www.sethgueko.net.