Rouge Belle de Mai

Rouge Belle de Mai

Du bleu au Rouge

 

Nonobstant les propositions jazz diverses et variées qui émaillent la programmation du Rouge Belle de Mai, notamment le projet AMAP Jazz au Rouge (présenté comme une coopérative de musiciens et de spectateurs, mais pour l’instant à l’arrêt), il y a lieu de s’interroger sur les capacités de ce restaurant/salle de concert à cristalliser des utopies de tout un mouvement.

 

Dans la topographie du jazz à Marseille, la salle de spectacle de la Belle de Mai est bien d’un autre genre. On pourrait certes mettre en avant l’appétence de la patronne, Corinne Barbereau, pour des propositions dignes de l’éducation populaire, via l’ouverture aux pratiques amateur.  Ainsi en va-t-il des scènes ouvertes à l’occasion des soirées Jazz and Pasta, animées par Kristin Marion, MC swing d’exception, qui a su mettre en place des jam-sessions encadrées par une rythmique en béton (Philippe Martel, Gilles Alamel et Olivier Tino), pour que tout amateur puisse s’exprimer sur scène. C’est ainsi que l’on vit certains flûtistes proposer de jouer Petite Fleur, hymne éternel signé Bechet, trop souvent méprisé. Mais n’y aurait-il pas finalement un « effet quartier » qui jouerait en faveur d’une telle effervescence ? Réponse de la tenancière : « Y aurait-il mieux qu’un quartier comme la Belle de Mai pour oser l’aventure d’un lieu ouvert au jazz ? Un quartier avec ses luttes historiques, ses contradictions, au moment même où on le qualifie de quartier pauvre. Je sens bien la collusion des enjeux qui se jouent ici. Mon choix de projet au Rouge se nourrit de ces ressentis, et quand j’accueille les publics, du quartier comme les plus lointains, je jubile de voir les étonnements de chacun. L’histoire continue avec toujours le même enthousiasme à braver les difficultés et la même passion des rencontres, avec un sentiment de vivre un petit bout d’universalité, tant le jazz a été et reste une musique métisse, et doit le rester. J’aime dire que le jazz, c’est un mode de vie ! » Aussi, une nouvelle proposition voit-elle le jour, le Jazz In. Aux manœuvres : Gilles Alamel, digne représentant de la batterie swing, nanti d’un jeu plein d’humour que n’aurait pas renié Boris Vian. Philippe Renault, directeur de la classe de jazz au Conservatoire de Marseille, est aussi de la partie : « Jazz In me permet de présenter ma classe sur une véritable scène, avec un vrai piano… Aucune instance marseillaise ne me l’avait jamais proposé avant. Cela donne une opportunité aux étudiants de se présenter sur scène. Marseille a été une ville jazz. Elle s’en vante assez au travers des différents écrits sortis depuis peu. A une époque, le jazz à Marseille était partout. » Au Rouge de transformer la Belle de Mai en une véritable niche.

Laurent Dussutour

 

Rouge Belle de Mai : 47 rue Fortuné Jourdan, 3e.
Rens. www.rougebelledemai.com