Rigoletto de Verdi aux Chorégies d’Orange © Philippe Gromelle Orange

Retour sur Rigoletto de Verdi aux Chorégies d’Orange

Rira bien qui rira le dernier

 

Dans l’écrin du théâtre antique d’Orange, Rigoletto a ouvert les Chorégies d’Orange 2017 et démontré, une nouvelle fois, qu’un mur de 103 mètres de large pour 37 mètres de haut est l’outil idéal pour une acoustique de haut niveau.

 

Opéra célèbre de Guiseppe Verdi du milieu du 19e siècle, Rigoletto se déroule au XVIe siècle à Mantoue, chef lieu de la Lombardie italienne. Rigoletto est le bouffon du Duc de Mantoue, au centre de toutes les intrigues. Souhaitant préserver sa fille Gilda de ce monde cruel qu’il connaît si bien, il ne peut éviter le drame qui la touchera. Eloge de l’infidélité, finalement impunie, émaillée de passions et trahisons, l’histoire n’est que le reflet d’une réalité de l’époque. Le libertinage est ici réservée aux riches, aux détenteurs du pouvoir, et l’innocence en est la victime.

Avec un tel sujet, mise en scène et scénographie se devaient de restituer ce mélange d’intimité des échanges entre un père inquiet et sa fille naïve, et les fastes de la cour du Duc italien. Ces deux échelles sont d’abord rendues par le contraste entre la tête géante de bouffon sur scène, bouche ouverte et langue (bien) pendante, et le personnage de Rigoletto lui-même. Les courtisans sortant de cette bouche artificielle ne sont alors que la personnification de mensonges passés ou à venir. Les jeux de lumière permettent ensuite de resserrer l’attention du spectateur sur les duos (que le couple soit familial, amoureux, ou assassin) ou d’élargir la vision par un éclairage de premier plan lorsque la cour et le chœur sont au complet.

Au fil de la pièce, les personnages se découvrent et les voix résonnent, seulement couvertes par des applaudissements nourris. Sont ainsi remerciés le timbre du baryton Léo Nucci, interprétant Rigoletto, diffusant sa souffrance, l’hymne à la jeunesse des aigus de Gilda, sa fille, jouée par la soprano américaine Nadine Sierra, ou encore Celso Albelo, le volage Duc de Mantoue, qui domine les chœurs de son aria La Donna é Mobile, chantant paradoxalement l’infidélité de la femme (volage comme une plume au vent) et non la sienne.

La Lune est pleine lorsque le spectacle s’achève et nous pouvons alors redescendre sur Terre, des étoiles dans les yeux et les oreilles.

 

Guillaume ARIAS

 

Rigoletto de Verdi était présenté aux Chorégies d’Orange le 8 juillet 2017