Gare centrale de Youssef Chahine

Rétrospective Youssef Chahine

Esprit libre

 

En un demi-siècle de création cinématographique, le réalisateur égyptien Youssef Chahine a composé une œuvre magistrale, abordant de nombreux genres, et que vient couronner un hommage magistral à la Cinémathèque de Paris. Diverses propositions lui emboîtent le pas en région, offrant une découverte à nulle autre pareille de l’un des plus grands noms du cinéma.

 

Il est une poignée de cinéastes internationaux qui ont marqué au fer rouge, sur la pellicule, l’histoire de leur pays, mais au-delà celle du cinéma, des arts, du champ politique et philosophique. Leur geste toucha ainsi à l’universel, portant sur un monde complexe ce regard aiguisé pouvant atteindre le champ prophétique. Youssef Chahine fut de ces cinéastes-là, libres et généreux. En un demi-siècle d’activisme cinématographique, le réalisateur égyptien, « contre vents et marées, s’est voulu le porte-voix de l’amour, de la tolérance et de la défense des plus faibles. » C’est ainsi que le définit Amal Guermazi, à l’occasion de la magnifique rétrospective, doublée d’une riche exposition, consacrée à Youssef Chahine à la Cinémathèque de Paris, jusqu’au 28 juillet, événement incontournable à ne manquer sous aucun prétexte lors d’un futur voyage parisien. Cet hommage, dans lequel s’inscrit la restauration en copies numériques restaurées d’une poignée de ses œuvres, s’étend fort heureusement jusque dans nos contrées méditerranéennes : de Marseille, dans le cadre des Rencontres cinématographiques d’Aflam, à l’Institut de l’Image pour une nouvelle rétrospective, jusqu’au cinéma le Méliès de Port-de-Bouc ou au Renoir de Martigues, de belles occasions nous seront données de (re)découvrir un immense artiste qui débuta par la comédie musicale, tout imbibé de l’âge d’or des nombreux opus qui firent danser l’Égypte des années 1930-1940, pour rapidement dévier vers le champ politique et mémoriel. Parmi les opus incontournables programmés dans les trois lieux et manifestation suscités, citons les premiers films des années cinquante, du somptueux Gare centrale aux Eaux noires, en passant par C’est toi mon amour, en copie 35mm, à l’Institut de l’Image. Suivront les plus classiques Le Destin, La Terre, l’incontournable Un jour… le Nil ou Le Sixième Jour, et l’épatante prestation de Dalida, sous forme de retour aux sources. La fameuse tétralogie de Youssef Chahine n’est bien sûr pas absente de cette rétrospective de haut vol, avec Alexandrie encore et toujours, l’un des pans de cette introspection autobiographique. Parmi les invités qui accompagneront cet événement, citons la conférence de la musicologue Amal Guermazi, qui s’interrogera sur les processus de création musicale dans l’œuvre du cinéaste égyptien, ou l’auteur Tewfik Hakem pour son ouvrage Youssef Chahine, le révolutionnaire tranquille, dans le cadre des Rencontres Internationales de Cinéma d’Aflam.

 

Emmanuel Vigne

 

Rétrospective Youssef Chahine : du 3 au 30/04 à l’Institut de l’Image (Aix-en-Provence) et dans diverses salles de la région.

Les divers événements consacrés à Youssef Chahine ici