Retour sur le Festival de Marseille

Retour sur le Festival de Marseille

Festival de Marseille

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Après dix premiers jours intenses, on ne peut que se réjouir du fait que l’expression « arts multiples » revendiquée depuis l’an passé par le Festival de Marseille ne relève pas d’une seule stratégie de communication. Car si les propositions sont chorégraphiques, les autres arts nourrissent bel et bien les formes présentées. Si la musique s’est fait une belle place (avec notamment l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée pour le spectacle de Ginette Laurin), les immenses surprises furent poétiques, empreintes des arts visuels. Rendant hommage à Merce Cunningham, Rauschenberg et John Cage, le subtil solo de Foofwa d’immobilité, (Re)musings, loin de tout cérémonial, s’est ainsi révélé d’une fraîcheur déconcertante.
L’homme nu, à la plastique parfaite, le corps peint de taches de couleurs primaires dégoulinant magnifiquement sur le sol au fur et à mesure de la danse, nous a enchantés par la grâce de ses mouvements, de ses chantonnements, de son humour délicat.
Enfin, la création de Christian Rizzo, L’Oubli, le toucher du bois, s’est également révélée d’une alchimie sensible, et nous a offert un moment rare dans la danse. Six interprètes masculins — et une femme — font et défont l’espace-mémoire, caressant musicalement le plancher, jouant des ombres et des lumières, sans jamais chercher à dire, toujours sur le fil de l’évocation, dans le silence des formes. Le moment fut magique, et l’on vibrera encore longtemps en se remémorant l’émotion esthétique qu’a suscitée cette expérience troublante.
Aujourd’hui, les réjouissances continuent et le festival poursuit son itinérance en nous offrant moult délectations en perspective, avec la création de Liquid de Christophe Haleb, ainsi que des propositions prenant l’intimité exposée comme point de départ, notamment avec la prochaine création de Jérôme Bel, ou encore la pièce plus « mouvementée » de Ginette Laurin. La présence de Jonah Bokaer nous permettra de découvrir une danse transatlantique et esthétique, tandis que la soirée sous influence orchestrée par Jean Marc Montera, musicien improvisateur et initiateur du GRIM, nous emmènera dans des constellations musicales nippones qui promettent une belle fureur.

Texte : Joanna Selvides
Photo : liquide © Cyrille Weiner

Jusqu’au 6/07. Rens. 04 91 99 02 50 / www.festivaldemarseille.com