648,9° de Elvia Teotski

Retour de Biennale / Mediterranea 16 à la Galerie Château de Servières

Nouvelle donne

 

De retour d’Italie, dix jeunes plasticiens exposent leurs plus belles œuvres au Château de Servières. L’occasion de découvrir ce que nos jeunes artistes ont dans la tête…

 

La Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de Méditerranée réunit, tous les deux ans dans une ville du pourtour méditerranéen, une sélection d’artistes de dix-neuf pays. Arts plastiques, musique, danse, théâtre : toutes les expressions artistiques y sont représentées. En 2013, la France envoyait ses artistes, issus de Marseille, Aix-en-Provence et Toulon, à Ancone, en Italie. Depuis sa première participation à la BJCM, en 1985, l’Espaceculture s’engage à promouvoir les artistes locaux en leur offrant ce beau voyage et, surtout, la possibilité de montrer leur travail, souvent pour la première fois.
Comme de coutume, la galerie du Château de Servières accueille en ses murs l’exposition des plasticiens lauréats, avec le parti pris de présenter une nouvelle génération d’artistes dont les préoccupations se rejoignent autour d’une économie de moyen, d’une sobriété assumée et d’une revendication : celle de s’éloigner d’un art « paillettes ». Une génération qui semble prendre toute la mesure du monde dans lequel elle vit, engorgé d’objets et où le jeu des apparences compte plus que les actes.
Ces artistes semblent bien conscients de la vanité des choses, à l’image du message de la vidéo d’Elvia Teotski, Tout doit disparaître. Certains s’engagent sur des voies polémiques, comme Julie Balsaux, qui élabore une classification des genres humains, en réaction aux discours de ces dernières semaines autour des « gender studies ». Léna Durr fait quant à elle poser naïvement des petites filles comme des Pin up, s’exposant ainsi au mauvais œil de celui qui y verrait une certaine forme de perversité. Comme Aurélien David, qui permet à la nature de reprendre ses droits sur le monde polluant du business financier grâce à des images en chlorophylle amenées à disparaître avec le temps. D’autres explorent les possibilités de la construction, à l’instar de Martin Lewden et de sa fusée Ariane (un agencement de briques en équilibre), ou de la transformation de la matière, comme l’étrange carte d’Emilie Lasmartres, qui se déploie sur les murs et le sol, opérant un dialogue entre sculpture et peinture. Les petits éléments de plâtre, consciencieusement disposés au sol, forment un paysage rocailleux recouvert de mousse, évoquant un biotope imaginaire. Tout près, l’installation d’Elvia Teotski se disperse dans l’espace : 648,9° se propage au rythme de l’incandescence des cierges magiques qui s’agrègent les uns aux autres. L’artiste répète son geste comme elle répète l’élément avec lequel elle construit ses sculptures, fragiles et éphémères. Oh ! la belle verte ! annonce un spectacle son et lumière retentissant. Réalisé avec des matériaux pauvres, cette mise en scène imaginée par Jane Antoniotti, résolument déceptive, ne cherche surtout pas à nous en mettre plein la vue.  Kathialyn Borissoff affiche plus de légèreté dans ses performances vidéo, où elle se met en scène pour évoquer une action absurde. Même économie chez Arthur Sirignano, qui élabore une composition abstraite à base d’objets choisis pour leur matière et leur couleur, assemblés à la manière d’une peinture où chaque qualité plastique interagit avec les autres (la mousse se fronce sous la tension d’une pierre qui scintille) : l’artiste y voit le portrait d’un ami, mais laisse au spectateur le champ de l’imagination et de l’interprétation libre. A vous de voir…

Céline Ghisleri

 

Retour de Biennale / Mediterranea 16 : jusqu’au 3/05 à la Galerie Château de Servières (19 boulevard Boisson, 4e).
Rens. 04 91 85 42 78 / www.bjcem.net

• A noter : soirée Retour de Biennale : Arts de la scène : le 26/04 au Théâtre Joliette-Minoterie (Place Henri Verneuil, 2e).
Rens. 04 91 90 07 94 / www.theatrejoliette.fr