Gil Kills Pretty Enemy III devant sa maison, posant avec ses armes, série Les Gardiens de l’eau (Water Protectors) © Bruno Serralongue

Rencontres de la Photographie d’Arles 2022

Optique de ville

 

Pour sa cinquante-troisième édition, le festival préféré des amateurs de photo revient en configuration « normale », laissant le covid derrière lui pour réinvestir l’ensemble de ses lieux d’exposition dans et hors de la ville d’Arles.

 

Cela fait du bien de retrouver la capitale mondiale de la photo en configuration optimale pour permettre à ses futur.e.s visiteur.ses de profiter au mieux de l’offre pléthorique de cette édition 2022 ! 

La place laissée aux femmes photographes s’avère prépondérante cette année, avec notamment une exposition dédiée à l’avant-garde féministe, réunissant plus de deux cents œuvres de soixante-et-onze photographes à la Mécanique Générale, une rétrospective (1932-1945) consacrée à Lee Miller (à l’Espace Van Gogh) et une importante présence féminine dans d’innombrables expositions (Babette Mangolte, Bettina Grossman, Sandra Brewster, Mika Sperling…). 

Les séries s’organisent autour de plusieurs axes, à commencer par l’engagement écologique avec les expositions Ritual Inhabitual sur la lutte pour la biodiversité en territoire mapuche (à la Chapelle Saint-Martin du Méjan), Images-forêts de Léa Habourdin (dont on avait découvert le travail au festival Photo Marseille en 2014) sur les forêts primaires en voie de disparition (à Croisière) ou le travail de Bruno Serralongue sur les Sioux de la réserve de Standing Rock aux États-Unis, en lutte contre l’enfouissement d’un pipeline sous le fleuve Missouri (au Jardin d’Été). 

L’Asie est également à l’honneur, notamment au Cloître Saint-Trophime où est présentée la détonante série de Mitch Epstein (qui signe l’affiche de cette édition) sur l’Inde des 80’s, et à l’Abbaye de Montmajour, où le Chinois Wang Yimo interroge la mémoire de son pays via un travail mélangeant vidéo, animation expérimentale, installations lumineuses et photos autour d’une centrale électrique désaffectée. 

L’émergence de nouveaux talents a toujours été dans l’ADN du festival, à travers ses différents prix ou les expositions des jeunes diplômés de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Pour cette édition 2022, on retiendra tout particulièrement les travaux des dix jeunes photographes du Prix Roedorer présentés à l’Église des Frères Prêcheurs. 

Enfin un autre axe de cette édition est l’expérimentation, comme en témoignent les séries Phoenix de Noémie Goudal (Église des Trinitaires) et Evergreen de Lukas Hoffman (Monoprix),  qui honorent ce précepte par leur utilisation de l’appareil photographique ou via des collages maitrisés et bouleversants.

En parallèle, Arles Exposition propose pour la deuxième année consécutive un Off de la manifestation, qui investit une centaine de galeries et de lieux éphémères avec plus de deux cents événements (expositions et performances) durant l’été. Ventilo s’y affichera d’ailleurs pour célébrer ses vingt ans avec autant de Unes du journal sur les vitrines des commerçants de la place Saint-Roch. 

Et pour ceux qui n’en auraient pas assez ou qui n’auraient pas l’occasion de se rendre à Arles, le Grand Arles Express propose aussi des expositions dans toute la région, avec notamment Mathieu Pernot au Mucem, Thomas Mailaender au Centre Photographique Marseille, Bernard Plossu au Musée Granet (Aix-en-Provence), Catherine Cattaruzza au Centre d’arts plastiques Fernand Léger (Port-de-Bouc) ou encore Lucien Clergue à Toulon. 

 

Romain Maffi

Rencontres de la Photographie d’Arles 2022 : jusqu’au 25/09 à Arles et alentours. Rens. : www.rencontres-arles.com/